- PL
- Tottenham / Arsenal (3-3)
Arsenal, maître du déjà-vu
On aurait pu se douter du scénario, surtout contre Tottenham : défenses en bois contre attaques à tout-va, et à la fin, Arsenal qui ne gagne pas malgré une avance de +2 au score. Le titre s'éloigne définitivement et la deuxième place passe dans les mains de Chelsea.
Comme au match aller, les Gunners n’avaient visiblement pas assez de deux buts d’avance pour sécuriser une victoire qui leur aurait offert un mince espoir de parler titre pour cette fin de saison.
Et c’est bien dommage, car ce soir, Arsenal a su se montrer bien plus inspiré offensivement que contre Liverpool – pourtant avec Wilshere sur le banc au coup d’envoi (Diaby et Song dans l’axe) – avec un Fabregas en 10 enfin précis dans ses ouvertures, comme sur le premier but du trop rapide Walcott et avec un Nasri de retour dans le rayon des buteurs (frappe à l’entrée de la surface, 2-1). Bien dommage aussi car ce Tottenham-là a certes mis du rythme dans la rencontre, avait du punch, a « challengé » , a certes encore prouvé qu’il était un exemple de mental – tout au moins, face à une équipe du calibre d’Arsenal – mais il aura surtout donné l’impression de renier trop souvent, notamment en première période, une de ses principales forces : étirer le jeu sur la largeur pour ouvrir sur les deux ailes, user les latéraux. Cela était dû sans doute au choix tactique de Redknapp : un 442 avec Van der Vaart en ailier droit, et non Lennon, sur le banc, et les deux tiges Crouch et Pavlyuchenko en pointes. Et comme le Hollandais n’est pas franchement homme à occuper un flanc, Tottenham ne s’en remettait à droite qu’au bon vouloir de Corluka, remplacé à la pause par Kaboul, pas franchement l’homme de couloir idéal. Et à gauche alors, Gareth Bale, c’est du poulet ? C’est officiellement le meilleur joueur de Premier League paraît-il depuis dimanche soir, non ? Le Gallois a fait quarante-cinq minutes seulement, rentré prématurément au vestiaire avant la pause, après une cartouche monumentale mais « légale » de Szczesny. Bale n’aura même pas eu le temps de voir la reprise de volée parfaite, pure, laser d’Huddlestone des vingt-cinq mètres (2-3). Il aura juste permis l’entrée en jeu de Lennon, poison par ses appels et décisif sur le duel face au portier polonais provoquant le pénalty égalisateur de Van der Vaart (3-3). Il y avait donc comme un déséquilibre chez ces Spurs bien trop penchés à gauche.
C’est bien dommage toujours car Gomes et Gallas avaient décidé de faire deux petits cadeaux à Arsenal : une parade ridiculement savonnée du Brésilien sur un but de Van Persie en seconde période – but refusé pour un hors-jeu inexistant – et un contrôle poitrine très approximatif du Français sur la réalisation, validée par l’arbitre cette fois-ci, de RVP (40′, 1-3). Et c’est bien dommage enfin car l’arbitre s’était globalement montré plutôt clément avec l’équipe d’Arsène Wenger (qui ne retiendra sans doute que le but retiré à Van Persie), laissant de façon incompréhensible Diaby sur le terrain, coupable, en première période d’un tacle force rouge sur Modric, pas veinard ce soir puisque Song et Djourou y sont aussi allés de leurs chatouilles sur les chevilles et l’arbitre lui oubliera un penalty.
Mais, voilà, on ne se refait pas comme ça, en un claquement de doigts, chez les Gunners, qui n’auront profité de ces deux buts d’avance que durant quatre minutes, qui ont passé les vingt dernières de la rencontre à serrer les fesses devant les déferlantes des Spurs, qui, s’ils n’ont pas fourni autant de centres qu’à l’habitude, ne se sont pas fait prier pour s’engouffrer dans les espaces entre les défenseurs latéraux et les centraux. Szczesny, maladroit dans sa sortie pleine surface sur Lennon, sauvera même le strict minimum en fin de rencontre, à savoir le point du match nul. Non, Arsenal n’ira pas jusqu’à laisser la victoire aux Spurs dans les derniers instants, pas comme à l’Emirates. Mais, quand il sera temps de faire le bilan de cette saison 2011, les protégés d’Arsène n’auront pas à chercher trop loin les sept points les séparant ce soir du leader Manchester United : un mental indigne d’un prétendant au titre, les nuls improbables à Newcastle, contre Liverpool, ainsi que cette double confrontation face aux Spurs.
Ce mercredi soir, un dernier coup de pelle est même venu leur taper le crâne : Chelsea, annoncé mort en début d’année, est le nouveau dauphin des Red Devils, grâce à sa victoire contre Birmingham (3-1).
Tottenham / Arsenal : 3-3
Buteurs : Van der Vaart (7′, 70′ sp) et Huddlestone (44′) pour les Spurs ; Walcott (5′), Nasri (12′) et Van Persie (40′) pour les Gunners
Ronan BOSCHER
Par