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Arsenal, la jeunesse au pouvoir
Impressionnant lors du North London Derby remporté ce dimanche face à Tottenham (3-1), Arsenal a montré un visage qu’on ne lui prêtait plus depuis de longs mois. Le début d’une nouvelle ère enfin réjouissante ? Il est encore trop tôt pour l’affirmer. En revanche, la tendance des dernières semaines confirme une chose : le projet de reconstruction, basé sur la jeunesse, possède un fort potentiel.
Les images d’un Emirates Stadium plein à craquer et en ébullition avait un petit quelque chose de plaisant, ce dimanche. Après avoir brillamment triomphé de Tottenham lors du North London Derby ce dimanche (3-1), Arsenal a enchaîné un troisième succès consécutif en Premier League. Une physionomie largement suffisante pour ravir ses supporters qui auront passé toute la rencontre face aux Spurs à chanter et chambrer leurs rivaux, ringardisant ainsi le surnom de l’Emirates Stadium, « la Bibliothèque » , en rapport au calme plat habituel dans cet antre. Mais au-delà du résultat, les Gunners ont surtout retrouvé l’envie de jouer sur le terrain, attitude qui tranche nettement avec le début de saison cataclysmique où l’apathie générale faisait peine à voir. « Après le match face à City, il fallait qu’on se parle entre nous et on l’a fait, lâchait à ce sujet Pierre-Emerick Aubameyang après le derby. On veut continuer sur cette voie et gagner encore. Je suis heureux pour les jeunes, Arsenal peut en être fier, ce sont de bons gars et ils jouent très bien. » Et le capitaine des Canonniers ne se trompe pas : cette victoire, Arsenal la doit surtout à ses jeunes pousses, le cœur du projet de reconstruction d’Arsenal.
Prime à la jeunesse
Débuté à l’été 2020, le projet chapeauté par Edu, le directeur sportif des Gunners, et Mikel Arteta, le coach, se matérialise petit à petit. L’objectif ? Construire une équipe jeune et talentueuse sur le long terme. Le type de projet qui demande du temps, une donnée bien intégrée par les dirigeants d’Arsenal qui soutiennent au maximum le duo Arteta-Edu dans ce pari, malgré la pression qui pèse constamment sur leurs épaules et les choix parfois douteux de se passer de certains joueurs (William Saliba, Mattéo Guendouzi, Alexandre Lacazette). « Il y a un an, nous avons prolongé Saka et Martinelli et depuis, nous avons recruté dix joueurs dont sept ont moins de 23 ans, détaillait Edu dans un entretien pour Sky Sports au début du mois de septembre. Pourquoi avoir fait cela ? Car nous avons une bonne raison de croire que nous devons définir de nouvelles fondations et peut-être que par la suite, nous pourrons recruter simplement un ou deux joueurs pour renforcer le groupe. »
En ajoutant Aaron Ramsdale, Ben White, Takehiro Tomiyasu, Sambi Lokonga ou encore Martin Ødegaard à un effectif composé de jeunes garçons déjà en place (Kieran Tierney, Gabriel, Bukayo Saka, Emile Smith Rowe), Arsenal n’a pas compté ses sous (230 millions d’euros dépensés en deux saisons) pour remodeler en profondeur son visage. Exit Mesut Özil, Willian ou David Luiz, ces trentenaires encombrants aux salaires conséquents qui plombaient le vestiaire. Aujourd’hui, l’ancien pensionnaire de Highbury s’appuie sur le quatrième effectif le plus jeune de Premier League (25,3 de moyenne d’âge). Un groupe de minots certes, mais qui a la dalle et dont l’épicentre se trouve être deux diamants polis par le club.
Saka et Smith Rowe, les joyaux de la couronne
Un but et une passe décisive chacun, une activité à rendre malade leurs adversaires directs sur les ailes et une sortie sous les ovations de l’Emirates : Bukayo Saka et Emile Smith Rowe ont réalisé un match plein face à Tottenham. À seulement 20 et 21 ans, les deux baby Gunners qui ont rejoint le club avant d’avoir soufflé leurs dix bougies ont vécu un derby de rêve. Une histoire commune avec Arsenal dont la projection va bien plus loin que le derby du nord de Londres. Verrouillé à l’été 2020 par les Gunners, Saka ne cesse de confirmer les espoirs placés en lui, et même l’été tempêtueux qu’il a subi après la finale de l’Euro n’aura pas suffi à miner le moral de l’international anglais, soutenu en grande pompe par son club.
5 – Emile Smith Rowe (21) and Bukayo Saka (20) have assisted one another five times in the Premier League; among duos when both aged 21 or younger, only Cristiano Ronaldo and Wayne Rooney (8) have assisted one another more often in the competition’s history. Partnership. pic.twitter.com/QNWnEP3yac
— OptaJoe (@OptaJoe) September 26, 2021
Pour Smith Rowe en revanche, le chemin aura été plus sinueux. Mais après une belle saison 2020-2021 (7 pions et 7 assists en 37 matchs), le natif de Croydon, dans la banlieue de Londres, a également signé une prolongation de longue durée, avec en prime l’obtention du numéro 10 sur le dos, un souhait émanant du joueur lui-même. « Je pense qu’il mérite totalement ce nouveau contrat, déclarait Arteta lors de l’officialisation de la prolongation de son poulain. Nous voulons des joueurs affamés et talentueux qui jouent avec un énorme désir, et Emile correspond à cela. » Des éloges du coach espagnol qui font écho à ceux déjà distribués en mai dernier, après une victoire contre West Bromwich, lorsque Arteta annonçait voir en Smith Rowe un potentiel pour devenir l’un des meilleurs joueurs de Premier League et d’Europe. Une confiance parfaitement rendue par Smith Rowe, qui a réalisé « un rêve en marquant contre Tottenham » dimanche. Bien sûr, une victoire dans un derby n’effacera pas par magie les maux d’Arsenal, d’autant que ce succès est à relativiser avec la faible opposition proposée par un Tottenham en perdition depuis trois journées (0 point pris, 1 but marqué et 9 encaissés). Le chemin à parcourir est encore long pour les Gunners, mais ces derniers ont prouvé qu’ils possédaient deux éléments essentiels pour le futur : du talent et du caractère. L’avenir leur appartient désormais.
Par Fabien Gelinat