Arsenal, espèce menacée
Si le recrutement de Manchester United est sujet à discussion et que l'inertie de Chelsea ou de Liverpool intrigue, la frilosité d'Arsenal sur le marché estival inquiète au sortir d'une nouvelle saison blanche. D'autant plus que d'épais nuages en provenance de Manchester City s'annoncent au-dessus de l'Emirates Stadium.
« Les gens qui croient que je suis venu à City pour l’argent se trompent. (…) Je veux gagner des récompenses et des médailles. C’est mon ambition » . Adebayor ne ment pas sur toute la ligne et il dresse même un constat glacial pour son ancien club Arsenal, dans la foulée de sa signature à Manchester Bleu. Pour lui qui n’a rien soulevé avec les Gunners depuis son arrivée de Monaco en 2006, les Citizens seraient plus à même de garnir sa ligne palmarès avec autre chose qu’une Emirates Cup ou un Tournoi d’Amsterdam. Et dans le quartier londonien d’Islington, on n’est pas loin de comprendre l’ancien Canonnier.
C’est un fait, Arsenal ne gagne même plus de FA Cup depuis 2005. A partir de là, l’optimisme d’Arsène Wenger décontenance plus qu’il ne rassure désormais : « Les gros clubs perdent des grands joueurs. Le Milan AC a perdu Kaka, mais ne s’arrête pas. Arsenal a perdu des grands joueurs avant et on avance quand même. Je crois que nous disposons d’un effectif suffisamment fort pour remplir nos objectifs » . Manière de dire qu’il n’ira pas flamber dans les allées du marché des transferts.
Pas de folies
Pour remplacer le Togolais, les rumeurs se sont multipliées chaque matin un peu plus : Dzeko, Huntelaar, Demba Ba, Pandev, Chamakh, et le petit nouveau, Gignac. Aux dernières breaking news, le Marocain tiendrait de nouveau la corde. Bref, ce sera un type d’une vingtaine de millions d’euros, pas beaucoup plus voire un peu moins, qui sera en charge de faire oublier les trente pions que peut inscrire un Adebayor en saison pleine –pas sûr qu’un Van Persie ou un Bendtner puissent relever ce défi. Le rêve de voir débarquer un David Villa à 50 millions de pounds n’est quant à lui plus que poussière sur le cœur chaud des supporters.
So far, le recrutement se limite donc à un défenseur belge, Tomas Vermaelen, et à un échec cuisant sur le dossier Felipe Melo. Pourtant, l’impact et la technique de la révélation brésilienne de la Fiorentina et de la Coupe des Confédérations n’auraient pas été de trop aux côtés des minois d’Abou Diaby, de Denilson, de Samir Nasri et d’Alexander Song pour faire meilleure figure aussi bien en Premier League qu’en demi-finale de C1. En réalité, Arsene Wenger estime surtout avoir réalisé un bon mercato en interne. Pas malheureux d’avoir conservé Fabregas face aux monstres de la Liga, il attend beaucoup (trop?) d’Arshavin, débarqué l’hiver dernier, et des retours conjugués après une année blanche d’Eduardo et de Rosicky. En outre, est prié d’exploser asap et de confirmer à temps plein son statut d’espoir un certain Theo Walcott.
La menace City
Une confiance, une prudence et des paris qui laissent perplexes. Lors de l’exercice précédent, les Baby Gunners ont passé plus de dimanches à gérer la pression d’Aston Villa et d’Everton qu’à taquiner le trio de tête. A partir du mois d’août, la principale menace ne viendra pas de Man United, de Chelsea, de Liverpool ou des Villans, mais de Manchester City, candidat acté au 4e spot de la ligue Barclays avec son ambitieux shopping cohérent (Carlos Tevez, Gareth Barry, et bientôt John Terry ou Joleon Lescott). Sur le site officiel des Citizens, les visiteurs ne s’y trompent pas : ils sont 61% à penser qu’Arsenal est la formation la plus vulnérable à éjecter du Big Four.
On ne peut alors s’empêcher de revenir sur la vente d’Adebayor à l’ennemi déclaré. Pourquoi ne pas avoir orienté son serial scorer vers l’Italie ou l’Espagne, plutôt que de renforcer indéniablement un rival direct ? Pour beaucoup d’observateurs, l’envol de Manu pourrait s’avérer au moins aussi préjudiciable que les départs de Patrick Vieira et Thierry Henry. Deux joueurs qui appartiennent à une époque révolue : celle où les Gunners piétinaient la Premier League. Quand on les appelait « The Invincibles » …
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