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Arnaud Hermant : « Paris est exceptionnel pour se mettre dans la merde »
Grand reporter au journal Le Parisien, Arnaud Hermant est en couple avec le PSG depuis 10 ans. Dans son nouveau livre, intitulé PSG Confidentiel, il parcourt les dernière saisons du club au travers d’anecdotes inédites et croustillantes.
PSG Confidentiel, c’est quoi ?
C’est un livre dans lequel je publie des histoires totalement inédites ou très peu connues du grand public, éclairées par des informations que les gens ne connaissent pas. Il y a vingt anecdotes, indépendantes les unes des autres. Tu peux passer d’une histoire à l’autre, les lire dans l’ordre ou dans le désordre. On m’a dit que ce type de livre existait en Angleterre, ludique et facile à lire.
Que racontent ces anecdotes ?Les secrets du club. Exemple avec José Mourinho : on savait qu’il avait été approché pour entraîner le PSG, mais on ne savait pas dans quelles circonstances. En fait, c’est un salarié lambda du club, un ancien acteur qui a joué dans Le Marginal avec Belmondo, qui a pris l’initiative d’entrer en contact avec le staff de Mourinho. Une autre info : Christophe Bouchet, qui travaillait pour Arnaud Lagardère, a réfléchi à acheter le PSG en même temps que le Stade Français. Mais il y en a d’autres, comme l’histoire de la Rolex de Marco Simone, ou la fameuse claque reçue par Bruno Skropeta, ancien directeur de la communication du PSG…
Comment as-tu sélectionné ces indiscrétions ?Cela s’est fait assez naturellement. Lorsque tu suis un club pendant dix ans, beaucoup d’informations viennent s’accumuler, et toutes ne sont pas exploitables pour un quotidien. Tu as plus de liberté dans un livre que dans un journal.
L’anecdote sur Vahid Halilhodžić est saisissante…L’histoire de Vahid est incroyable. Avec cette anecdote, il passe d’ailleurs pour un tyran, obsédé par cette fameuse taupe dont on a beaucoup parlé dans la presse. J’explique cette scène surréaliste : avec trois autres journalistes du Parisien, nous avions été convoqués dans la salle de presse du Parc des Princes devant les joueurs pour nous expliquer de cette histoire. Il voulait savoir qui était cette fameuse taupe. Il n’y avait pas eu d’agressivité, mais le message qu’il voulait faire passer était assez fort. Ça reste un grand moment dans ma carrière de journaliste.
Quid du mode de vie des joueurs du club ?J’en parle un peu au travers d’anecdotes sur leur relation avec la presse. Sur la vision qu’ils ont des journalistes. Nous avons eu des relations tendues avec les joueurs, à l’époque de Fernandez ou Halilhodžić. Depuis, c’est très correct. Il y a des joueurs avec qui j’ai des relations franches, de confiance. Pour Zlatan Ibrahimovic, Thiago Silva, c’est un autre monde. Et la barrière de la langue complique ces rapports.
Ce livre peut-il gêner certaines personnes ?Je ne suis pas sûr que Skropeta soit très heureux de voir l’histoire de la gifle rendue publique. Je ne suis pas certain non plus que Charles Villeneuve soit ravi de savoir que tout le monde va être au courant de sa nomination par défaut. Car au départ, Sébastien Bazin, ancien patron du PSG, voulait Arsène Wenger et pas Charles Villeneuve au poste de président…
Tu parles aussi de l’époque Canal+. Comment décrirais-tu les liens entre cette chaîne et le PSG ?Au moment où Canal+ a vendu le club, en 2006, la chaîne diffusait le club à tout-va. Contractuellement, ça leur permettait de récupérer un peu d’argent. A l’époque, les deux étaient gagnants : le club avait un actionnaire fort qui était en plus leur diffuseur. Pour Canal+, lorsque ça marchait fort pour Paris, cela leur offrait une belle vitrine. Ceci étant dit, je n’ai jamais vu un conflit d’intérêt tel que l’on pouvait crier au scandale. Il y a eu des pratiques scandaleuses avec les transferts, l’argent détourné pour échapper au fisc, etc. Mais concernant Canal+, je n’ai jamais vu de choses de ce type.
Pour toi, quelles sont les meilleures anecdotes du livre ?J’aime bien l’anecdote sur les superstitions du club, qui est assez surréaliste. Je trouve fou que des gens rationnels, qui ont la tête sur les épaules, comme Alain Cayzac, grand dirigeant de société, qui mettait du sel dans les buts avant chaque match au Parc des Princes avec Luis Fernandez, soient superstitieux. Ça résume assez bien le PSG, avec cette gestion parfois un peu délirante, qui rend le club attachant et sympa. Et puis j’aime aussi la petite anecdote sur le coursier qui n’a pas de permis, en intro du livre. Un comble pour un coursier ! C’est rigolo et ça donne une image assez humaine du PSG.
Le fil conducteur du PSG ces dix dernières années ?C’est un club assez exceptionnel pour se mettre dans la merde ! Comme il n’y a pas eu de bons résultats sportifs durant plusieurs saisons, tout ce qu’il se passait autour prenait énormément d’ampleur. Si le PSG gagne, il y aura peut-être toujours des à-côtés extra-sportifs rigolos qui feront un peu jaser, mais ça n’aura pas de poids si l’équipe écrase tout en France et commence à être très bonne en Europe.
Quels sont ces petits « à-côtés » ?La fameuse histoire du fax, par exemple, contre Bucarest (Ndlr : tour préliminaire de la Ligue des Champions, le 13 août 1997). Le fax est oublié, ou bouffé par l’ancien coordinateur sportif, Guy Adam. Du coup, le PSG s’aperçoit qu’il ne pouvait pas faire jouer Laurent Fournier, mais trop tard. Ils sont sanctionnés et perdent le match sur tapis vert. Il faut qu’ils gagnent 5-0 au match retour… C’est ça le PSG !
Tu considères vraiment le PSG comme un club à part ?Le club a toujours eu cette capacité à faire des choses un peu surréalistes. Que ce soit un salarié lambda qui entre en contact avec Mourinho, ce n’est pas commun. Idem pour l’histoire incroyable du maillot aux liserés roses, porté une seule journée de championnat par les joueurs, que je raconte en détails dans le livre.
Quel regard portes-tu sur le PSG d’aujourd’hui ?Les soirs de matchs, au Parc, tu ne viens plus en tongs dans le carré VIP, il y a un dress-code, il faut venir en chaussures de ville avec une veste et une chemise. Il y a une volonté forte de rendre le lieu vraiment chic, une volonté d’élitisme, d’aller vers le haut. Le PSG connaît une vraie révolution, même en interne, c’est une professionnalisation à outrance, à tous les niveaux, et une volonté de se tourner vers l’international. Ça se caractérise par des recrutements, aussi bien dans l’administratif que pour le sportif. C’est aussi ça l’avantage du Qatar, rien n’est impossible. Même les choses les plus chères sont réalisables.
A lire : PSG Confidentiel (Editions du Moment), 176 pages, 14,95 euros
Propos recueillis par Romain Lejeune