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Armand Laurienté : « Je ne peux pas être le nouveau Mbappé, puisqu’on a le même âge »
Dans une chanson de supporters italiens, il est le nouveau Kylian Mbappé. Dans la vraie vie, Armand Laurienté s'apprête à débuter sa deuxième saison à l'étranger à Sassuolo. L'attaquant de 24 ans parle de son passage à Clairefontaine, raconte la place du foot en Italie et s'arrête sur la mode, sa deuxième passion.
Tu as fini la saison en manquant les trois derniers matchs à cause d’un souci au ménisque, est-ce que ce n’est pas finalement le meilleur moment pour être blessé ?
À vrai dire, j’ai décidé de me faire opérer par choix. Ce que les gens ne savent pas, c’est que je trainais ce problème depuis le mois de septembre. J’ai joué toute la saison comme ça. Il fallait trouver le bon moment pour faire cette opération, on a décidé tous ensemble, avec le club et mon entourage, de choisir la fin de saison. J’ai eu dix jours de vacances puis je suis revenu au centre d’entraînement pour me remettre au boulot et faire ma rééducation. J’avais un programme aménagé à la reprise, mais maintenant c’est bon, je suis de retour.
Ta première saison à Sassuolo est très satisfaisante en termes de statistiques (8 buts, 7 passes décisives en 31 matchs), avec un pion contre le Milan ou un doublé face à la Roma. Ça fait quoi de marquer à San Siro et à l’Olimpico ?
Ah c’est un rêve d’enfant. N’importe quel fan de foot voudrait un jour marquer un but dans un stade mythique comme San Siro, c’est sûr. Sur le moment, j’étais super content, évidemment, et même quand j’y repense ça me fait sourire.
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Tu as aussi connu quelques périodes creuses au cours de la saison, ton coach Alessio Dionisi a même souligné ton manque de constance à l’entraînement comme pendant les matchs. Comment corriger ce défaut ?
(Il réfléchit.) En tout cas, c’est sûr que c’est mon gros axe de progression. J’ai montré que j’étais capable de réaliser de grandes performances, mais il faut aussi savoir être régulier. Et ça passera par encore plus de travail.
Les joueurs français qui partent à l’étranger disent souvent qu’ils bossent plus qu’en France, c’est ce que tu as ressenti en arrivant à Sassuolo ?
Non, je ne dirais pas qu’on bosse plus, mais qu’on bosse tout simplement différemment. On va axer le travail sur d’autres phases d’effort, avec un peu plus de courses. C’est juste une question de méthodes. Tu sors aussi de ta zone de confort quand tu changes de pays et de championnat. Je suis formé en France, j’ai fait toutes mes classes là-bas jusqu’à mes débuts en professionnel. Quand tu arrives en Italie, changer de méthode de travail va te donner l’impression que tu en fais plus. Mais c’est aussi parce que tu sais que ça va être bénéfique pour ton intégration. À Sassuolo, je suis vraiment dans la continuité de ce que j’ai pu accomplir à Lorient.
Plus largement, tu ressens que le foot n’est pas vécu de la même manière en Italie par rapport à la France ?
Il y a une vraie différence. Dès que je suis arrivé en Italie, j’ai ressenti que c’était un pays de foot. Tout le monde parle de foot tout le temps, c’est hyper présent dans la ville, dans les décorations et les discussions. En tout cas, on est dans une belle région en Émilie-Romagne. Entre la nourriture et le confort, il y a une vraie harmonie.
Dans le domaine de la mode, ta deuxième passion, tu as découvert de nouvelles choses en Italie ?
On va dire que ça m’a permis d’élargir un peu ma palette, j’ai vu d’autres façons de s’habiller, de porter certains vêtements. Il y a un peu plus d’attention là-dessus, surtout dans les beaux costumes, les belles chaussures en cuir. Attention, je ne suis pas dans la sobriété, j’ai toujours aimé mettre des choses que les autres n’osent pas mettre. Pas forcément des couleurs flashy, mais des vêtements originaux dans leur style. Tu vois quand quelqu’un dit « j’aime bien, mais ça ne m’irait pas », moi je le mets. Maintenant avec l’âge, on va dire que je suis un peu plus mature, je suis plus posé. On va dire que je me rapproche d’un style d’adulte. (Il se marre.)
D’où te vient cet intérêt pour la mode ?
Quand j’étais petit, ma mère faisait en sorte qu’on ne s’habille pas n’importe comment, on devait toujours être impeccables pour aller à l’école. Je pense que c’est un peu resté et que ça vient de là. Puis, mon grand frère a aussi toujours aimé ça, donc j’ai pu le développer de mon côté avec le temps.
Ton papa Albert nous disait que tu adorerais rencontrer un grand couturier. Tu n’as pas encore pu en croiser en Italie ou ailleurs ?
Non, ça ne m’est jamais arrivé, mais c’est quelque chose que j’aimerais faire un jour. Ça pourrait me plaire de pouvoir rencontrer un grand couturier pour discuter, échanger.
Au point d’imaginer une reconversion dans ce domaine après ta carrière ?
Il faudrait savoir dans quoi, il y a tellement de métiers différents liés à la mode. C’est quelque chose que je vais continuer à regarder, mais on verra tout ça plus tard.
Ton grand frère Alexandre a eu une petite carrière en Belgique et au Luxembourg, ton petit frère évolue en ce moment du côté de l’US Changé. Ça ne provoque pas trop de jalousie d’être celui qui a réussi à percer ?
Non, non, non, il n’y a pas de ça entre nous. Notre éducation fait qu’on ne peut pas se jalouser entre nous, ce n’est pas possible. Mon entourage est très présent pour moi : mes parents viennent me voir dès qu’ils peuvent, mon grand frère m’a toujours conseillé. Je peux aussi donner des petits conseils à mon petit frère par téléphone.
Quels souvenirs tu gardes de l’INF Clairefontaine, où tu as côtoyé Arnaud Nordin, Alexis Claude-Maurice ou encore Kylian Mbappé ? Il était déjà au-dessus du lot à l’époque ?
Ce n’est pas toujours facile parce qu’on part de chez nous alors qu’on est encore jeunes. Mais ça a été une bonne étape pour la suite, ça aide à entrer plus facilement en centre de formation. Ils m’ont fait jouer latéral droit à cette époque, c’était aussi pour laisser la place à des jeunes qui n’avaient pas encore trouvé de clubs mais ça m’a permis de découvrir autre chose dans mon jeu. J’étais très petit en plus, mais je savais que j’allais finir par grandir. À cet âge-là, les joueurs sont en apprentissage, mais Mbappé montrait déjà certaines choses, il était très fort dans le dribble, le un contre un et il avait même déjà un peu le sens du but.
ARMAND LAURIENTÉ (fenomeno generazionale) grazie per aver ripagato la fiducia riposta in te, per sempre grato pic.twitter.com/DqR7BeU3mR
— cuchismo¹⁹ (@_thetmsG) March 6, 2023
Des supporters de Sassuolo ont un chant en ton honneur dans lequel ils disent que tu es le nouveau Kylian.
(Rires.) Ah non, je ne peux pas être le nouveau Mbappé, puisqu’on a le même âge ! Et il a accompli tellement de choses. Cette chanson me fait plaisir, elle est marrante et c’est super flatteur, mais si on réfléchit bien, ce n’est pas trop possible que je sois comparé à des joueurs comme Mbappé ou Drogba. (Il se marre.).
Est-ce que ça te saoule qu’on te résume parfois à tes quelques buts sur coups francs ?
Me saouler, c’est un mot fort. C’est juste que je ne pense pas que les coups francs soient ma qualité première, même si j’en ai marqué quelques-uns. Après, si je fais une grosse carrière grâce à ça, je ne dirais pas non. (Rires.)
Propos recueillis par Clément Gavard