- Ligue 1
- J30
- Nantes-Lorient (1-1)
Armand Laurienté, à point nommé
Auteur d'un bonbon hors norme sur coup franc dimanche à Nantes (1-1), Armand Laurienté (22 ans) est actuellement l'homme qui fait gagner des points au FC Lorient. Et ça ne semble être qu'un début.
Dans un monde normal, la bastos envoyée par Junior Sambia qui a laissé Benoît Costil de marbre, dimanche après-midi à la 35e minute de Montpellier-Bordeaux, aurait fait office de pion de l’après-midi, sans grande contestation possible. Mais puisque la Ligue des talents avait décidé de nous en mettre plein les mirettes, l’éclair du Montpelliérain a été suivi une heure plus tard par un autre coup franc, tout simplement stratosphérique, lâché par Armand Laurienté à quelques secondes du coup de sifflet final à la Beaujoire. Assez irréel pour que l’on ne parle plus que de celui-ci ce matin. Une prise de responsabilité à la 87e minute, une grosse louche de culot pour prendre son élan à 38 mètres, un ballon flottant avec délicatesse dans le ciel nantais, une altitude maximale de 5,70m, une lucarne d’Alban Lafont récurée et, passé toutes ces émotions, un point importantissime arraché par les Merlus en Loire-Atlantique (1-1), grâce à cette inspiration du si bien nommé. Plus de doutes : ce bonhomme de 22 ans a quelque chose de spécial. Et si l’on parle de lui, ce n’est plus (seulement) pour son patronyme.
Déjà un spécialiste de l’exercice
« Au début, je la vois partir dans les tribunes, a avoué l’homme du match au micro de Canal+ au sujet de son chef-d’œuvre. Au dernier moment, elle redescend et ça fait du bien à l’équipe. Il y a eu une période où je m’entraînais souvent sur coup franc, mais je n’ai pas envie de perturber le geste, donc j’en fais un peu moins. » À l’image de sa belle première tentative à la demi-heure de jeu ou de son missile sur coup de pied arrêté qui avait rendu Jessy Moulin groggy lors de la 27e journée, l’ancien Orléanais touche sa bille dans l’exercice. Mais c’est loin d’être la seule arme dans sa panoplie, dont il fait étalage cette saison dans son couloir, à base notamment de coups de rein, de cassages de lignes et de grandes chevauchées.
Depuis un mois, l’ailier a même décidé de prendre la lumière sur les feuilles de stats : fin février contre Sainté, son entrée à l’heure de jeu avait donné lieu à un doublé express (un coup franc et un but de renard) synonyme d’ouverture de compteur en Ligue 1 ; la semaine dernière face à Nice, c’est son raid de 70 mètres avant de servir Yoane Wissa qui avait scotché tout le monde et permis à Lorient de gratter le match nul (1-1), déjà. Dans une équipe de Lorient qui n’en finit plus de se découvrir des ressources dans sa lutte pour le maintien, c’est au tour du Guadeloupéen d’origine de crever l’écran.
Un drôle d’hurlu-merlu
Ancien technicien du FCL, le coach des Bleuets Sylvain Ripoll a visiblement toujours un œil sur ce qui se passe dans le Morbihan et a fait preuve de bon sens après le forfait de Moussa Diaby, en décidant d’emmener le Merlu dans ses bagages en vue de l’Euro Espoirs qui se tient fin mars en Russie. Une belle récompense pour un joueur qui n’a jamais été international et n’a pas toujours fait partie du haut du panier, son club formateur, le Stade rennais, n’ayant pas compté sur lui (sept minutes en professionnel seulement). Au total, il a fallu une année et demie de Ligue 2 (six mois à Orléans en 2018-2019, douze avec le FCL la saison passée, tout ça en prêt) pour que le natif de Gonesse (Val-d’Oise) puisse goûter à l’élite. Définitivement lorientais depuis cet été grâce aux trois millions posés par Loïc Féry, l’ancien coéquipier de Kylian Mbappé à l’INF Clairefontaine – ils sont de décembre 1998 tous les deux – semble avoir trouvé son rythme de croisière sous les ordres de Christophe Pélissier, et un lieu d’expression dans la ville aux cinq ports. C’était pourtant sous nos yeux depuis le début, inscrit sur sa carte d’identité.
Par Jérémie Baron