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Ariel Ortega, les mots ne suffisent pas

Propos recueillis par Pierre Boisson
Ariel Ortega, les mots ne suffisent pas

Publié cette année en Argentine, le livre No alcanzan las palabras (Les mots ne suffisent pas, ndlr) relate, en textes et en photos, les dernières heures de footballeur d'Ariel Ortega. Facundo Pastor, co-auteur du livre avec le photographe Federico Peretti, raconte sa plongée dans l'intimité des deux matchs d'adieu du dernier héros de River Plate.

Comment est née l’idée de ce livre ?

Dès que le Burrito (littéralement, le « petit âne » , surnom d’Ariel Ortega, ndlr) a annoncé qu’il ne jouerait plus au football. Il n’avait alors que deux souhaits : qu’on lui organise un match d’adieu sur sa terre natale de Jujuy, au Nord de l’Argentine, et jouer une dernière fois au football dans un Monumental rempli. Dès que j’ai su que ces deux matchs allaient être organisés, j’ai voulu suivre et documenter ces adieux.

Qu’est-ce que représente Ortega dans l’histoire de River Plate ?

Ortega, c’est l’idole de mon enfance. Quand j’étais jeune, avec mes potes, quoi qu’on fasse, on finissait toujours par parler du Burrito. Ortega, en vérité, c’est la dernière grande idole de River. C’est le dernier rescapé de la victoire en Libertadores 96, une équipe folle qui a tout gagné avec Salas, Francescoli, Gallardo, Sorín, Aimar, etc. Mais Ortega a quelque chose en plus que ces mecs-là, il incarne la dimension populaire de River Plate. Tu sais, nous, c’est pas Boca : il y a très peu d’idoles millonarios dont on se tatoue le nom sur le bras ou dont on peint le visage sur des tifos. Dans toute notre histoire, il y en a 3 ou 4, et Ortega en fait partie.

Le Burrito est aussi connu pour être presque mutique hors des terrains, souvent déprimé. C’est peu courant pour un héros populaire…

Sur le terrain, il était le dernier des Argentins à dribbler, à talonner, à inventer des choses. Il transmettait tellement de sentiments, d’allégresse, qu’il n’avait pas besoin de se comporter comme une star à l’extérieur. Dans un sens, Ortega est assez maradonesque : c’est une idole incomplète. Il a tout eu : les scandales, les problèmes d’alcool. Il a gagné beaucoup d’argent, a traversé des sales moments, il a souvent été malheureux mais, du premier au dernier jour, il n’a jamais perdu sa joie d’être sur un terrain. Et là, au milieu des stades, il a toujours représenté le football de rue, celui qu’on apprend ici sur les terrains vagues.

Tu as pu approcher Ortega lors de ce dernier match au Monumental. Comment l’a-t-il vécu ?

J’étais dans le vestiaire avec lui, avant qu’il entre sur le terrain. Il y avait là Francescoli, Sorín, Ramón Díaz, Solari, Gallardo. Ils étaient tous heureux, chantant. Et au fond, seul, Ariel se coiffait avec son serre-tête devant la glace. Tu sais, Ortega a toujours été très aimé des autres joueurs, mais c’est quelqu’un d’infiniment timide. Puis, il a commencé à marcher. 250 mètres de tunnel, sans un mot, le regard baissé. Il était ému, concentré. Là, sous les tribunes du Monumental, je l’ai vu dans cette absolue solitude. Et puis, l’entrée dans le stade, et la fête qui commence.


Ce match d’adieu, River l’a longtemps refusé à Ortega.

C’est Daniel Passarella qui s’y est opposé. Passarella, c’est un homme très spécial. Il veut toujours éliminer ceux qui peuvent lui faire de l’ombre. C’est d’une stupidité dingue, surtout quand tu penses que celui qui a découvert Ortega, c’est lui, c’est Passarella. Il n’était même pas dans le stade ce jour-là… Mais Ortega s’en fout. À part sa famille, il n’y avait que deux personnes qui comptaient vraiment pour lui : Enzo Francescoli et Andrès Calamaro (chanteur pop-rock argentin, ndlr). À un moment, le match s’est arrêté et Calamaro est entré dans le stade en chantant une Tuyo Siempre (À toi, pour toujours, ndlr). Tu imagines le truc ? Et Calamaro a aussi enregistré une chanson de cumbia inédite qu’Ortega est le seul à avoir. Elle est dans sa voiture.
Vidéo


En même temps, Ortega en dehors de l’Argentine, c’est pas grand-chose. Il n’a jamais réussi à vraiment s’imposer en Europe, ni en sélection…

Ortega est imparfait, dans sa vie et dans sa manière de jouer. Il prend la balle et il fait danser le joueur adverse. Mais c’est ce que les gens aiment. Même les hinchas de Boca reconnaissent que c’est un grand joueur. Quand Maradona se fait suspendre à la Coupe du monde 1994, c’est Ortega qui prend le poste de numéro 10. Je peux te dire que prendre la place de Diego Maradona quand t’es un gamin de 20 ans, il faut le faire. Il l’a fait. Ortega, dans son imperfection, est le synonyme de River. C’est le football.

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Propos recueillis par Pierre Boisson

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