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Argentine : ok mais maintenant ?

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Argentine : ok mais maintenant ?

L'Albiceleste est qualifiée pour la phase finale du Mondial mais n'a franchement pas la gueule d'un futur champion : un style de jeu parfaitement immonde, une star (Messi) aux abonnés absents, et un sélectionneur qui ne semble avoir que ses tripes en guise de projet de jeu. Analyse.

L’Argentine a pu enregistrer deux excellentes nouvelles mercredi soir à Montevideo. Primo : elle ira bien au Mondial. Secundo : celui-ci ne débutera pas avant le 11 juin 2010. Car il faut bien l’avouer, si la Coupe du monde devait débuter demain, on est à peu près certains que les Albicelestes n’iraient pas bien loin. Bon, en même temps, si la joute planétaire devait débuter en cette fin de semaine, il y a une grosse dizaine de pays, dont la France, qui la regarderait à la téloche. En cela, Raymond Domenech doit bien envier les Gauchos de ne pas avoir à attendre les barrages de novembre pour faire les réservations d’hôtel. Mais, même si cela est considérable, c’est à peu près tout. Car, à bien y regarder, le chantier paraît finalement moins gigantesque en Équipe de France que chez l’Argentine. Un sacré pied de nez quand on songe aux louanges qui avaient escorté le passage en février dernier des Ciel et Blanc à Marseille et aux gémonies auxquelles étaient voués les Bleus. Pourtant, ce succès 2-0 de la bande à Maradona portait déjà en lui les germes des difficultés à venir.

L’ombre de Messi

En effet, au Vélodrome, on a tendance à l’oublier, l’Argentine avait été assez sérieusement bougée en première période par une sélection tricolore assez moyenne alors que la plupart des observateurs avaient conclu sur une belle maîtrise des Sudams. Effet trompeur de la passe à dix des dernières minutes ? Conditionnement à encenser cet adversaire si spécial dans un contexte si particulier ? Toujours est-il que les mêmes avaient crié au génie de Lionel Messi à la grâce d’un joli second but. Or, on n’avait guère vu le prodige de Barcelone hormis sur une autre belle action en première période. Oui, Leo était déjà paumé dans le système de Diego et n’avait sauvé la face que sur un exploit individuel sur un contre en fin de match face à un adversaire mené et donc découvert. Depuis, le prodige n’en a pas cadré une, sauf lors d’une promenade de santé (4-0) face au Venezuela en mars. En clair, dès que l’affaire s’est corsée, jamais le supposé meilleur joueur du monde n’a su se sortir les doigts. La faute à qui ? A lui en premier lieu. La presse argentine l’a clairement exprimé ces derniers jours après une nouvelle prestation fantomatique de son diez face au Pérou samedi : « C’est désormais une chose certaine, Messi ne sera jamais Maradona » . Au fond, c’est peu le drame du Blaugrana. L’arrivée du Pibe à la tête de la sélection devait servir de paratonnerre aux joueurs, lui le premier. Or, cela n’a fait qu’accentuer la comparaison incessante entre Messi, finalement assez peu Argentin puisque débarqué à Barcelone à 12 ans, et le maître, véritable dieu et enfant du peuple. Résultat : le monde découvre que Messi, en équipe nationale, a un frère jumeau dépressif et franchement maladroit.

Veron, Aimar ou Ortega : meneurs du Variété

Après, pour être tout à fait juste, le crack n’est guère servi par le système de jeu des siens. Là où il a fait toutes ses classes sur le flanc droit dans un 4-3-3 catalan aussi chatoyant qu’immuable, Leo se retrouve en neuf et demi dans un 4-4-2 derrière Higuain. Les Anglais appellent ce poste shadow striker, l’attaquant de l’ombre. Un peu trop vrai au regard des avis de recherche qui accompagnent Messi à chaque match international. Alors évidemment, on se demande : mais pourquoi diable Maradona ne décale-t-il pas son joyau sur le flanc droit, loin des embouteillages axiaux ? La réponse se trouve… derrière. En effet, Diego se heurte à un véritable casse-tête en défense qui l’a même obligé en Uruguay à aligner quatre défenseurs… centraux ! Si la défense des Bleus est en chantier, que dire de l’état de jachère du back four albiceleste ? Au sein de ce joyeux bazar, c’est le jeune Otamendi (21 ans) qui s’est acquitté du rôle de latéral droit. Vraiment pas son truc au petit gars du Velez Sarsfield. Du coup, pour le protéger, Maradona a préféré aligner en milieu droit le limité mais très combatif Gutierrez (buteur contre la France), plus prompt au repli arrière qu’un Messi infiniment plus tranchant à ce poste mais dont le rôle défensif invite au néologisme : shadow guard ! Mais de toute façon, le simple décalage à droite de Messi ne règlerait pas tous les soucis. Privé de vrais bons latéraux de métier capables de combiner en attaque (mais où est donc Javier Zanetti ?), l’animation des couloirs se résume à une série de un contre un, une option forcément limitée, Messi ou pas. De plus, Riquelme en pleine bouderie, l’orchestration du jeu semble condamnée à être tenue par un senior : ici Veron, là Aimar ou même Ortega, tous surpris que Maradona puisse se souvenir qu’ils jouent encore vaguement au football. Évidemment, pour la fluidité du jeu, il y a mieux que des gars qui pourraient aussi bien postuler au Variété Club argentin.

Guy Roux : « Maradona n’est qu’un novice »

Guy Roux, sur le plateau des “Spécialistes”, ne se montrait pas tendre avec le jeu délité des doubles champions du monde (1978 et 1986) : « Jusqu’il y a un an, l’Argentine proposait de merveilleux mouvements, avec ou sans ballon, du jeu court, à une touche, de la disponibilité, chacun sachant se mettre au service des autres. Mais aujourd’hui, il n’y a plus de jeu en triangle, plus rien du fameux toque, plus rien de ce qui fait la force traditionnelle de cette équipe » . Et le Guy de reconnaître qu’il s’y attendait un peu au vu de l’inexpérience du sélectionneur : « Maradona a été un joueur exceptionnel mais en tant qu’entraîneur, c’est un novice. Il a fait tout un tas d’activités de représentation, il avait coupé du football. En prenant ce poste, il a dû se replonger dans ce monde, rattraper son retard d’observation, d’où les plus de 70 joueurs passés en revue en moins d’un an » . Vrai. Mais il n’empêche : l’icône argentine est fidèle au rendez-vous, fut-ce au prix d’un miracle. Et, n’en déplaise à Guy Roux, Maradona a de la mémoire. Et il se rappelle sans doute qu’en 2001, le grand Brésil avait effectué un parcours presqu’aussi dégueulasse en qualifications pour aller arracher le titre au Japon. Mieux, le Pibe se souvient aussi qu’en 1985, l’Argentine, son Argentine, s’était qualifiée dans les ultimes instants avant de rafler la couronne mondiale neuf mois plus tard au Mexique, du sceau de la magie de Maradona. Voilà, Diego dispose désormais lui aussi de neuf mois pour enfanter un miracle digne de celui de 1986. Au fond, sur un mois de phase finale, c’est surtout sur le mental et l’état d’esprit que se fait la décision. Oui, tout dépendra avant tout de cette capacité du mentor argentin à faire adhérer ses joueurs à cette mission ultime. Et dans le registre de la surmotivation toute en corones, Maradona paraît imbattable.

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