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Argentine : Messi pour tout et adieu à jamais ?
Ce mercredi, l'Argentine a soufflé sur le Mexique (2-0) grâce à deux pions signés Mauro Icardi et Paulo Dybala. Deux attaquants de classe mondiale, qui ont inscrit leur premier but en sélection à 25 ans, alors que Leo Messi continue de se tenir volontairement à l'écart de l'Albiceleste. Et si, pour le bien de tout le monde, le moment était venu pour l'Argentine de dire définitivement adieu au numéro dix du Barça ?
Il y avait comme une forme de soulagement à le voir expédier du gauche la sphère au fond des filets de José Corona, le portier mexicain. À 25 ans, Mauro Icardi a tout du daron confirmé. Cinq gosses à la maison, un mariage qui roule et un statut de capitaine et de neuvième meilleur buteur de l’histoire de l’Inter. Pourtant, à l’échelle de l’Albiceleste, l’attaquant nerazzurro n’est encore qu’un tout petit enfant. En atteste ce premier but inscrit, face au Mexique, seulement cinq ans après ses débuts en sélection. Un destin qui fait écho à celui de Paulo Dybala, qui doublait la mise à la 87e minute et perdait lui aussi enfin sa virginité en sélection, à 25 ans lui aussi, après 18 capes avec l’Argentine. Alors oui, « il s’agirait de grandir » pour paraphraser Hubert Bonisseur de La Bath. Et la meilleure façon de le faire semble encore de sortir de l’ombre géante dans laquelle Lionel Messi n’a cessé d’envelopper la sélection.
Messi pour ce moment
Peut-être de quoi titiller mentalement le nouveau sélectionneur argentin, Lionel Scaloni, qui doit avoir un bon paquet de points d’interrogation qui rebondissent façon flipper sur les parois de son cervelet. Avec une question prioritaire en ligne de mire : faut-il, pour le bien de la sélection, mettre Lionel Messi à la retraite ? Et se passer d’un type qui a inscrit 65 pions en 128 matchs avec l’Albiceleste et porté sur ses épaules le jeu offensif pour le moins approximatif de la sélection depuis un bon paquet d’années. À moins qu’il ne faille justement retourner le problème, en adoptant une perspective inverse : propulsé au rang de prophète, Messi n’a-t-il pas vampirisé malgré lui toute la réflexion footballistique d’une Argentine qui a préféré miser sur ses exploits individuels, plutôt que de travailler à la construction d’un projet collectif durable et cohérent ? Jorge Sampaoli, sélectionneur décrié d’une Albiceleste en chute libre lors du dernier Mondial, symbolisait à lui tout seul ce mal typiquement argentin : « Si tu as Messi dans ton équipe, tu es quasiment sûr de gagner. » Quasiment, oui.
Messi, au revoir
Un signe qui ne trompe pas : Messi lui-même semble peut-être indiquer que l’équipe nationale, si elle veut enfin grandir, doit apprendre à exister sans lui. Depuis la fin de la Coupe du monde russe, le joueur de 31 ans a demandé à ne plus être appelé en sélection. Une pause qui s’éternise. Encore faut-il se demander s’il faut définitivement couper le cordon en signifiant à Tonton Lionel que sa présence en équipe nationale n’est plus désirée. D’abord en montrant que l’absence du Messi ne va pas nécessairement accoucher de l’apocalypse. Plutôt que de s’adonner à la tentation de tout miser sur un type dont le talent ressemble à un don du ciel, l’Argentine peut s’appuyer sur tout un tas de mecs qui ont quatre ans d’ici le Mondial 2022 pour apprendre à se connaître et développer des automatismes. Et notamment sur une paire Icardi-Dybala devant, qui, sur le papier, présente une complémentarité naturelle, entre un pur attaquant de surface et un fantasista plus à l’aise dans le décrochage.
Les deux zozos ont aussi pour eux un statut de référence dans leurs clubs respectifs, qui ne devrait pour autant pas parasiter le champ d’action de leurs partenaires en sélection, alors que les deux attaquants ont encore tout à prouver sous les couleurs de l’équipe nationale. Une base offensive sur laquelle l’Albiceleste pourrait rebâtir pour tenter de redevenir une équipe, plutôt qu’une somme d’individualités au service d’un élu propulsé parfois malgré lui au rang de sauveur absolu de la nation. Diego Maradona, lui, pense en tout cas qu’il est temps de tourner la page : « Je conseillerais à Messi de ne plus revenir en sélection. Il est vraiment temps de lui foutre la paix et de voir si quelqu’un d’autre peut endosser les responsabilités. » Histoire de réapprendre à porter la croix parfois bien lourde que représente l’avenir de l’Argentine à onze, enfin.
Par Adrien Candau