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Argentine-Brésil, une finale manquée et deux chemins

Par Markus Kaufmann, à Buenos Aires
Argentine-Brésil, une finale manquée et deux chemins

Après l'invasion argentine sur les plages de Rio, une série de provocations ingénieuses et la prise de pouvoir manquée de la bande de Mascherano et Messi, le Brésil et l'Argentine ont enfin l'occasion de se battre les yeux dans les yeux. Cette fois-ci, le Superclásico des Amériques aura lieu à Pékin, en Chine. Un match à l'autre bout du monde pour deux équipes dont le niveau de confiance semble séparé par un univers. En un Mondial, les rôles ont été inversés, et comme le dit Miranda : « Le Brésil est en formation, alors que l'Argentine est déjà prête ». Sauf qu'après quelques mois de mandat, surprise : Tata Martino semble bien plus bouger ses lignes que Dunga.

Le Brésil, c’est Levante ?

Alors, où en est le Brésil ? Détruite par l’Allemagne, la sélection peut-elle espérer jouer un rôle important lors de la Copa América chilienne en comptant sur son équilibre actuel, ou doit-elle se réinventer tactiquement ? En a-t-elle le temps ? Avant de soigner la tactique, il faut mettre un pansement sur le mental. Chez lui à Madrid, Ángel Cappa rappelle l’essence du succès argentin : « Si le titre de vice-champion a été fêté comme un succès en Argentine, c’est parce que cette équipe a enfin assumé avec modestie son infériorité par rapport à d’autres nations. À partir de là, tout ce qu’elle accomplissait était perçu comme un succès, que ce soit contre les Pays-Bas ou l’Allemagne. C’est comme quand Levante va jouer contre le Real Madrid : tant qu’il ne perd pas, c’est toujours un bon résultat. C’est une question de posture. » Et cette « posture » qu’évoque Cappa, c’est l’image que Dunga tente de transmettre à chaque conférence de presse : l’objectif est maintenant de « reconquérir l’espace perdu dans le football mondial à base de travail et d’humilité » .

Ça y est, c’est dit : le Brésil a perdu « sa place » . Mais si le choix de Dunga a pu donner l’impression d’un retour en arrière, il semblerait que le choc de l’humiliation ait été tel que le Brésil ne pouvait tenter un pari trop risqué. Du changement, oui. Mais pas de l’inconnu. Nouveau sans l’être vraiment, Dunga s’est ainsi permis de frapper fort, déclarant que « Neymar n’était pas un crack, car il n’a pas gagné le Mondial » . Un schéma de pensée réducteur, mais le symbole y est : si Neymar n’a encore rien fait, les autres ont du boulot. Pour le moment, le Brésil a gagné deux fois 1-0, contre la Colombie et l’Équateur. De quoi permettre à Dunga de voir de nouvelles têtes, de Filipe Luís à Miranda, en passant par Marquinhos, Diego Tardelli et Philippe Coutinho. Mais pas assez pour changer la configuration tactique de la Seleção, le vrai problème lors du Mondial.

Le statisme de Dunga, l’évolution de Martino

L’Argentine était arrivée au Brésil en s’imaginant une avalanche de buts et des erreurs défensives cauchemardesques, et était repartie avec un groupe uni, une cohérence tactique personnifiée par Mascherano, et très peu de variations offensives. Le Brésil, lui, a connu une Coupe du monde tactiquement plus attendue, et Dunga ne semble pas vouloir bouleverser l’équilibre. Tata Martino a bien résumé l’état de son rival : « Pour ce qui est de leurs positions, ce Brésil n’est absolument pas différent de ce qu’on a vu au Mondial. Il a seulement changé quelques noms, comme l’avant-centre(Diego Tardelli), qui a des caractéristiques différentes de celui qui a joué la Coupe du monde (Fred).Les trois milieux offensifs sont conservés, ce qui provoque encore les démarrages à gauche de Neymar, qui terminent parfois dans l’axe ou derrière le 9. Les défenseurs centraux ont encore une grande importance, même si Thiago Silva ne joue pas. Il y a encore des joueurs de grande qualité et toujours autant de projection de la part des latéraux… » Le Brésil conserve donc une formation pouvant agresser ponctuellement n’importe quelle défense, mais reste incapable de dominer le jeu de façon constante, du fait d’une structure qui met le ballon dans les pieds de ses centraux plutôt que dans ceux de ses milieux. D’où une équipe qui peut briller lorsque son pressing est suffisant, comme en Coupe de confédérations contre l’Espagne, mais qui doit trop souvent se reposer sur les duels gagnés de ses individualités. Bilan : un milieu qui aurait grandement besoin du joueur Dunga plutôt que de l’entraîneur.

Pour le moment, aucun changement qui pourrait donner des responsabilités à un milieu dont la seule mission est de courir : Jefferson aux cages, Danilo à droite et Filipe Luiz à gauche, Miranda derrière, Elias au milieu, et Diego Tardelli devant. Un prénom d’Argentin et un nom d’Italien pour un Brésil en quête d’identité. Côté argentin, Tata Martino a les défis suivants : conserver un groupe uni, donner une nouvelle dimension offensive au collectif argentin, et ne pas briser l’élan d’enthousiasme autour de la Selección. Ainsi, avant le match-hommage des finalistes en Allemagne, Tata Martino avait déclaré « ne rien vouloir changer à court terme » . Une déclaration pour l’union, et une victoire écrasante (4-2) contre les champions du monde pour l’enthousiasme. Mais un mois plus tard, il faut croire que l’idole de Newell’s est déjà passée au moyen terme. Fini le respect pour les choix de Sabella, mis de côté les remerciements aux héros du Brésil : Martino fait des choix et des paris. En défense, le Tata a fait appel aux bons pieds de Roncaglia (Genoa), Vergini (Sunderland), Vangioni (River) et Otamendi (Valence). Au milieu, Martino a rappelé l’activité d’Ever Banega pour remplacer Lucas Biglia (blessé), la polyvalence de Roberto Pereyra, titulaire trois fois sur cinq en Serie A avec la Juve, et enfin la création de Javier Pastore. Enfin, autour de Messi, Martino a choisi la vitesse et les buts de Lamela et Gaitan (déjà appelés contre l’Allemagne). Matias Kranevitter, qui rythmait le jeu du joli River de Gallardo jusqu’à sa blessure, attendra 2015.

Le nouveau Pastore, le vieux Messi et l’éternel Mascherano

Dans les grandes lignes, Tata Martino semble vouloir abandonner l’idée de jouer avec trois attaquants, pour une Argentine plus joueuse et plus constante. Higuaín et Lavezzi vont devoir se battre avec le Kun Agüero, et Javier Pastore aura sa chance. Le début de saison du Cordobés a eu d’importants échos en Argentine, où le dribbleur d’Huracán semble avoir enfin acquis le statut de joueur complet. D’après les derniers entraînements de l’Albiceleste, il pourrait avoir un rôle majeur dans le lancement des offensives argentines, dans le costume de deuxième milieu central aux côtés de Mascherano. Un cinco avancé qui apportera sans aucun doute plus de création que le travailleur qu’est Biglia, mais devra surtout ne pas décevoir à la récupération. Dans cette perspective, le Parisien perçoit ses deux dernières saisons comme un laboratoire tactique : « À Paris, j’ai eu la chance de jouer milieu de terrain. Maintenant, je joue plus comme un meneur, près des attaquants, mais j’ai aussi joué milieu dans les deux couloirs. Et j’ai dû aussi apprendre à me déplacer comme un ailier dans un système à trois attaquants. Dans ce sens-là, je pense que j’ai beaucoup progressé. Cela compte aussi physiquement, quand il faut récupérer le ballon et aider mes coéquipiers. Avant, ça manquait à mon jeu. »

L’interrogation tourne donc autour de Messi, qui n’était pas à Düsseldorf. C’est la modification supplémentaire que l’Argentine attend après « l’omniprésence floue » de Sabella, où Leo pouvait d’une mi-temps à l’autre évoluer en tant que numéro 10, avant-centre ou seconde pointe. D’après le quotidien Olé, Tata Martino semble vouloir clarifier la mission du Diez : retour à l’aile droite. Le choix de Roberto Pereyra, à l’aise aussi bien dans un rôle de relayeur que d’ailier, prendrait alors tout son sens à la couverture. Dans tous les cas, avec Pastore au milieu, la spontanéité de Messi se sentira bien moins seule qu’au Brésil. La question est de savoir comment Pastore va réellement évoluer aux côtés de l’énergie de Di María : avec un milieu composé de Masche, Pastore, Pereyra et Di María, l’Argentine peut aussi bien jouer en 4-4-2 qu’en 4-3-1-2 et 4-3-3. En fait, avec cette équipe de meneurs et d’ailiers reconvertis en relayeurs, et seulement un seul véritable milieu central, Martino fait du Maradona : « Mascherano, et dix autres » .

Ultra Vomit : « Je pensais que Pallois allait galérer à faire un sombrero »

Par Markus Kaufmann, à Buenos Aires

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