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Boca déjà sous le charme de Cavani

Par Thomas Broggini, à Buenos Aires
6 minutes

L’arrivée d'Edinson Cavani, 36 ans, a réveillé les ambitions de Boca Juniors. Le club argentin aborde les huitièmes de finale retour de Copa Libertadores avec optimisme, dans la nuit de mercredi à jeudi (2 heures), à la Bombonera.

Valencia, Spanien, 03.05.2023: Edinson Cavani (FC Valencia) schaut waehrend des Spiels der LaLiga Santander - Matchday 33 zwischen FC Valencia v FC Villarreal im Estadio de Mestalla am 03. May 2023 in Valencia, Spanien. (Foto von Maria Jose Segovia/DeFodi Images) Valencia, Spain, 03.05.2023: Edinson Cavani (FC Valencia) looks on during the LaLiga Santander - Matchday 33 match between FC Valencia v FC Villarreal at the Estadio de Mestalla on May 3, 2023 in Valencia, Spain. (Photo by Maria Jose Segovia/DeFodi Images) - Photo by Icon sport
Valencia, Spanien, 03.05.2023: Edinson Cavani (FC Valencia) schaut waehrend des Spiels der LaLiga Santander - Matchday 33 zwischen FC Valencia v FC Villarreal im Estadio de Mestalla am 03. May 2023 in Valencia, Spanien. (Foto von Maria Jose Segovia/DeFodi Images) Valencia, Spain, 03.05.2023: Edinson Cavani (FC Valencia) looks on during the LaLiga Santander - Matchday 33 match between FC Valencia v FC Villarreal at the Estadio de Mestalla on May 3, 2023 in Valencia, Spain. (Photo by Maria Jose Segovia/DeFodi Images) - Photo by Icon sport

En apparence, rien n’a vraiment changé : en plein hiver dans l’hémisphère Sud, les alentours de la Bombonera continuent de se visiter comme un gigantesque musée du football à ciel ouvert, à Buenos Aires. Sous un ciel dégagé et un vent terrible, les touristes prennent joyeusement la pose devant le majestueux stade de Boca Juniors ou l’une des innombrables fresques à l’effigie de Diego Maradona, Juan Román Riquelme et Carlos Tévez. Les visages des héros du club basé dans la capitale de l’Argentine maquillent inlassablement les murs du quartier, repeints de jaune et bleu, et il faut tendre l’oreille ou déclencher la conversion avec les habitants de la zone pour s’assurer du changement.

« Même si elle n’est pas encore visible, la révolution a déjà commencé, se marre Gina, une vendeuse installée en face de l’enceinte. Depuis une semaine, ça n’arrête pas : tout le monde demande le maillot d’Edinson Cavani (dont la réplique se vend entre 12 et 15 euros, NDLR). Ça fait très longtemps qu’on n’a pas vu un tel engouement pour un nouveau joueur. Bientôt, il aura lui aussi le droit à sa statue ou à des graffitis par ici, c’est certain. Il n’a pas encore joué mais tout le monde l’aime déjà. » De l’autre côté de la rue, Luciano constate la même folie : « Son maillot est en rupture du stock avant même son premier match, alors imagine le jour où il va commencer à empiler les buts », fanfaronne le jeune employé de la boutique officielle du club.

« Comparable à l’arrivée de Messi en MLS »

À peine libéré de son contrat par Valence, l’international uruguayen de 36 ans (136 sélections, 58 réalisations) s’est officiellement engagé pour 18 mois avec Boca, le 29 juillet, et la nouvelle a fait l’effet d’un tremblement de terre en Argentine. L’ancien goleador de Naples, du PSG et Manchester United a été accueilli comme une rockstar à l’aéroport et dignement fêté par 35 000 fans à la Bombonera lors de sa présentation, où il était accompagné de sa compagne et de ses quatre fils. « Un moment magique et émouvant », hallucine encore Sergio Daniel Martinez, ex-attaquant uruguayen passé par l’équipe de Buenos Aires entre 1992 et 1997, invité à la fête par Cavani lui-même. « Pour notre championnat, cette arrivée est comparable à celle de Lionel Messi en MLS », ose Leandro Aguilera, suiveur du club bostero depuis 2006 pour la chaîne TyC Sports. Emmitouflé dans une épaisse parka noire à 200 mètres du stade, Esteban partage ce sentiment : « Depuis l’annonce du transfert, on a l’impression qu’on peut de nouveau rêver. C’est comme si la saison pourrie qu’on vient de vivre était d’un coup totalement effacée », jubile le membre de La Doce, l’influente barra brava du club.

Anonyme septième du dernier championnat remporté par son voisin et ennemi juré, River Plate, Boca a traversé les tempêtes en 2023, après avoir été sacré champion l’an passé. Sportivement, il y a eu le remplacement peu probant d’Hugo Ibarra par Jorge Almirón sur le banc, début avril, un jeu parfois triste à mourir, la défaite (1-0) dans un Superclásico terminé en baston générale, la gifle monumentale sur la pelouse de Godoy Cruz (4-0), les critiques féroces des médias et les sifflets répétés de la Bombonera… Hors des pelouses, Boca a aussi dû affronter deux scandales : la condamnation judiciaire de son attaquant colombien Sebastián Villa pour violence conjugale, et l’accusation d’agression sexuelle sur une employée du service de communication du club visant Jorge Martínez, l’ex-entraîneur de l’équipe féminine.

Déjà la superstar du championnat

« Boca et Riquelme (le vice-président, NDLR) avaient besoin de cette signature », juge Sergio Maffei, journaliste pour le quotidien sportif Olé, qui a consacré cinq fois sa Une à Cavani depuis deux semaines. Depuis 23 piges qu’il suit l’actualité des Xeneize, le reporter ne se souvient pas d’un « joueur étranger ayant généré un tel engouement » et compare l’arrivée du Matador aux « retours de Juan Sebastián Verón à Estudiantes (2006), Diego Milito au Racing (2014) et Tévez à Boca (2015) ». « C’est un événement majeur pour l’Argentine », poursuit Maffei, qui rappelle que la ligue locale « souffre depuis de nombreuses années d’une crise économique l’empêchant de lutter avec les clubs brésiliens, habitués à attirer des joueurs de ce calibre ». Les avis se rejoignent : avant même d’avoir disputé un seul match au pays des champions du monde, l’Uruguayen fait déjà figure de « superstar du championnat », comme l’affirme Leandro Aguilera. « Sur le papier, c’est un complément parfait à Darío Benedetto », salive Pablo Andrés, un fidèle hincha bostero.

Il est fait pour ce club

Sergio Daniel Martinez, ex-attaquant uruguayen

L’ambiance à la Bombonera s’annonce donc incandescente, dans la nuit de mercredi à jeudi (2 heures, heure française), pour les débuts quasi garantis de Cavani sous ses nouvelles couleurs face au Nacional (Montevideo), en huitièmes de finale retour de la Copa Libertadores. Une semaine après le nul (0-0) récolté de l’autre côté du Río de la Plata, le prix des places pour les non-socios a presque doublé par rapport à la normale. « Ça va partir autour de 150 euros (soit l’équivalent du salaire minimum, ndlr) », pronostique un revendeur de billets.

« Il ne va pas tout changer à lui seul par magie mais, automatiquement, Boca devient un sérieux candidat au titre (qu’il n’a plus remporté depuis 2007, NDLR), mesure Sergio Daniel Martinez, l’une des idoles du Matador dans sa jeunesse. Les attentes sont énormes et il connaît sa responsabilité en venant ici, il ne vient pas en pré-retraite. Le maillot ne va pas être lourd à porter, car il sait parfaitement gérer la pression, ce qui peut libérer tous ses coéquipiers d’ailleurs. Le public raffole de ce type de joueur qui se bat sur tous les ballons, se sacrifie pour aider ses coéquipiers. Il est fait pour ce club. » Historien réputé de Boca, Sergio Lodise acquiesce : « S’il génère un enthousiasme sans précédent, c’est aussi car il existe un glorieux passé avec les joueurs uruguayens, qui possèdent ce tempérament très spécial dont on a besoin aujourd’hui. »

Un état physique en question

Seules interrogations, parfois réduites au silence dans l’euphorie générale : la condition physique d’un attaquant pas épargné par les blessures ces dernières années, et son adaptation à un foot « très physique, parfois difficile pour les Sud-Américains de retour des championnats européens », rappelle Julio Gramajo, qui a commenté en direct 740 matchs de Boca pour une radio partisane. « Mais si son corps le laisse en paix, il s’imposera comme partout où il est passé car, en plus d’être un grand joueur, c’est un grand pro et un immense compétiteur, capable de s’énerver quand il voit que les autres ne s’entraînent pas avec la même intensité que lui », souligne Gustavo Dalto, l’entraîneur à l’origine de la venue de Cavani à Danubio, équipe de Montevideo, à 17 ans.

Revenu sur le continent « pour réaliser l’un de ses rêves dans un grand club et également pour se rapprocher de sa famille », dixit son ami d’enfance Maximiliano Galván, le nouveau numéro 10 de Boca aborde le dernier grand défi de sa carrière « avec ambition ». Lundi, dans un entretien pour la chaîne officielle du club, il a déclaré qu’il aurait « aimé venir ici avant ». À voir si ce n’est pas déjà trop tard…

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Tous propos recueillis par TB

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