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Argentina mon amour – Loco por el futbol

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Argentina mon amour – Loco por el futbol

"Loco por el futbol", c'est le nom d'une chaîne de bars de Buenos Aires. Mais cela pourrait aussi être la devise du pays du dieu Diego et des légendaires Boca – River. Une folie qui s'exprime tous les dimanches dans les stades, mais pas seulement. Car, au fond, c'est peut-être paradoxalement dans la tranquillité de la vie quotidienne que surgit avec le plus de force cette "locura" proprement argentine.

Jeudi 26 Mars, Buenos Aires, Callao y Santa Fé, soit une des grandes intersections du centre porteño. Je sors d’une librairie, pressé de rentrer chez moi pour relire l’incroyable nouvelle de Fabian Casas sur la dernière coupe du monde (1). Dehors, c’est le chaos, des gens partout qui crient, qui chantent, des instruments de cuisine plein les mains. Qu’est-ce que c’est encore que ce bordel ? Une vieille richarde en tenue Armani manque de me bousculer, tambourinant aveuglément sur sa casserole en braillant un « Olé Olé OLA » qui me rappelle les plus belles heures de la Doce.

D’accord, c’est soir de match, importantissime Boca – Colo Colo en Libertadores, mais cette vieille liftée n’a ni la gueule ni la tenue d’une hincha de Boca. La foule qui la suit répond alors à mes interrogations d’un puissant « Afuera CHRI-STI-NA » . Ok, rien à voir avec le foot donc, juste une réaction au dernier discours de la présidente sur les blocages, au Nord, qui paralysent le pays. C’est vrai, la situation est assez chaude en ce moment chez les gauchos, mais merde, vous vous imaginez, vous, voir en sortant de la Fnac Bastille, une vieille du XVIème s’égosiller sur un, mettons, « Ségolèèèèèènnnne est vilaiiiiine » .

C’est ça l’Argentine. Ici, le foot atteint une dimension tout à fait particulière. La folie dans les stades, le nombre de pratiquants, la violence aussi, certes. Mais plus encore, c’est toute une société qui paraît avoir en quelque sorte “intériorisé” des comportements, des pratiques, ou des expressions étroitement liées au football. Les profs illustrent des concepts de science politique par des images footballistiques, flirter avec une petite porteña c’est « mettre un but » , soit “mettre au fond” en quelque sorte, et on ne dit pas ce type est taré mais « il lui manque un joueur » . En Argentine, le foot est resté ou devenu trans-classe, trans-générationnel, masculin et féminin, formant une sorte de toile de fond de la vie quotidienne. Ce qui nous amène par exemple à voir les bourges du Buenos Aires chico manifester au rythme des chants inventés par les bicheros (2) des hinchadas de tout le pays. Et au début, il faut avouer que, parfois, tu n’en crois pas tes yeux. Peu après avoir débarqué à Buenos Aires, je me souviens avoir fait le déplacement à Rosario, la ville de Léo, pour le Quilmes Rock, festival de la bière nationale. Quelques groupes jouent pendant l’aprem’ mais en réalité, tout le monde attend La Vela Puerca.

Vers 9h, la nuit tombe, la tension monte un peu, ça commence à sentir l’herbe, pas de doute, ils vont entrer en scène. Tout d’un coup, la foule se met à chanter à l’unisson. Merde, j’avais bien révisé, mais celle-ci je ne la connais pas. J’essaye d’écouter un peu les paroles pour avoir l’air moins con et là, à demi surpris à demi souriant, je me rends compte que ça n’a rien à avoir avec une chanson du groupe mais que les fans sont tout simplement en train d’entonner, sur un air de stade, une brave chanson à la gloire des types de La Vela Puerca, alors que d’autres commencent à dérouler un tifo. Hallucinant. Certes vous allez dire, le rock, la bière, et le foot, c’est un peu le triptyque classique du beauf, même en France. Je vous arrête tout de suite, vous n’y êtes pas du tout. Un peu plus tard, novembre 2007, Creamfield à Buenos Aires, le plus gros festival électro du monde. Des gros musclés en t-shirt moulant, des blondes pulpeuses aux seins énormes sur les podiums, des drogués en complet capuche-lunettes noires. 2 h du matin, les Chemical Brothers se font attendre. Bim, autre contexte, autre public, mais même rituel. A nouveau les chants de stade, repris lors de chaque interlude des deux heures durant lesquelles mixent les Chemical.

Cela pourrait paraître insignifiant, mais pourtant, c’est certainement ce qui révèle le degré de pénétration du football dans la société argentine. Ce sont tous ces petits riens, ces expressions placées au coin d’une phrase, cette chanson au milieu d’un festival électro qui montrent que, décidément, l’Argentine n’est pas que la terre du steak et du tango, mais avant tout celle du football.

1 – Fabian Caas, Ensayos bonzai

2 – Le bichero, le type qui vit dans la bicha, équivalent argentin de la favela.

Par Pierre Boisson, à Buenos Aires

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