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Areola soigne son entrée
Pour sa première sélection en équipe de France, Alphonse Areola a brillé face à l'Allemagne. De quoi légitimer son statut de champion du monde et renforcer sa place dans les plans de Didier Deschamps.
Il était un peu l’énigme de l’équipe de France : champion du monde sans aucune sélection. Et à la faveur du double forfait de Steve Mandanda et Hugo Lloris, Alphonse Areola a donc eu sa chance contre l’Allemagne. Un vrai statut d’international aux relents de cadeau empoisonné face à un adversaire revanchard et derrière une défense qui n’avait plus évolué ensemble depuis 50 jours. Mais le Parisien a fait face. Avec une prestation propre en première période – où il a été peu sollicité –, puis un festival dans les 20 dernières minutes, symbolisé par sa main ferme sur la tête de Ginter à un quart d’heure de la fin.
Six arrêts dans un même match, du jamais-vu en Bleus depuis une décennie. Il avait beaucoup à perdre, mais finalement, Alphonse Areola est le grand gagnant de ce France-Allemagne. Un match dont il ressort avec l’aura de sauveur côté français. Pas forcément suffisant pour déloger Hugo Lloris, dont le crédit est aujourd’hui trop important chez les Bleus, mais peut-être significatif pour bouger la hiérarchie face à un Steve Mandanda régulièrement blessé depuis un an. Et devenir le numéro 2.
Élève de Buffon, héritier de Lloris ?
Il y a encore quelques semaines, avec l’arrivée de Gianluigi Buffon au PSG, l’horizon d’Areola semblait bouché, et pour beaucoup, son potentiel bien trop limité pour s’imposer au niveau international. Sans bruit, il a attendu que Thomas Tuchel lui donne du temps de jeu en club, et que le sort lui fasse de la place en sélection. Que ce soit à Nîmes ou à Munich, dans la routine de la Ligue 1 ou les paillettes d’une affiche contre la Mannschaft, il a fait le job, voire un peu plus. De quoi renverser la tendance de manière spectaculaire : à 25 ans, Areola semble voué à être le padawan d’une légende du poste en club, et peut légitimement commencer à s’affirmer comme le successeur tout désigné de Lloris dans les cages de l’équipe de France.
La revanche après 2017
Car le niveau de jeu du gardien passé par Lens, Bastia ou encore Villarreal n’a rien d’anodin : depuis 24 mois, il a tout connu. La concurrence avec Kevin Trapp, des déceptions européennes, un titre de champion du monde, même en sparring partner, et surtout une longue traversée du désert au cours de la saison 2016-2017, quand la vanne la plus tranchante voulait que « le dernier arrêt d’Areola, c’était un arrêt maladie » .
Moqué, critiqué, dénigré comme potentiel grand gardien titulaire du PSG, le champion du monde U20 2013 n’a jamais dérapé sur le plan médiatique, jamais totalement plongé sportivement, et encore moins jamais exigé quoi que ce soit de son club ou de son sélectionneur. Et offre une réponse sportive aujourd’hui qui en dit long non seulement sur son talent, mais aussi sur sa personnalité. Le rôle d’Areola a été minime dans la quête du titre mondial, mais ce jeudi soir, il a été crucial dans la défense du nouveau statut des Bleus. Pas mal pour une première sélection, qui en annonce d’autres.
Par Nicolas Jucha