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Areola, last chance but not least
Annoncé comme le futur taulier dans les buts du PSG, Alphonse Areola est dans le dur depuis son retour de blessure fin novembre. Au point d'avoir non seulement perdu sa place de titulaire au profit de Kevin Trapp, mais aussi une grosse dose de crédibilité auprès des observateurs. Avec la blessure de l'Allemand, il joue ses dernières cartes. À moins que cela ne soit l'opportunité de franchir un palier ?
« Areola, son dernier arrêt, c’est son arrêt maladie. » La vanne a largement tourné sur Twitter en décembre, juste avant Noël. De quoi bien pourrir les fêtes de l’intéressé, et surtout souligner que depuis une blessure en novembre, Alphonse Areola n’est plus vraiment le même. Jadis futur taulier, gardien formé au club en mesure de s’installer pour longtemps, il est devenu en quelques semaines un élément dont on compare les stats au légendaire Apoula Edel. Délogé de son rôle de numéro 1 dans la capitale depuis une contre-performance de trop à Guingamp le 17 décembre (1-2), il a été remis dans le circuit par la blessure de Kevin Trapp contre l’AS Monaco dimanche dernier. Avec une volée de critiques à la suite de l’égalisation de Bernardo Silva, jugée évitable par beaucoup sur les réseaux sociaux et dans les médias traditionnels.
En clair, le grand Alphonse est dans le dur, peut-être pour la première fois de sa vie sportive. « Quand il était plus jeune, à 17-18 ans, il avait une maturité importante par rapport à d’autres gamins de son âge » , se souvient Gilles Bourges, qui était l’entraîneur des gardiens du PSG quand Areola a débarqué chez les pros. « Très vite, c’était clair qu’il avait les dispositions techniques et mentales pour évoluer au plus haut niveau. C’est pour cela que ce qu’il vit aujourd’hui, c’est assez nouveau finalement, il n’a jamais connu une telle période de doute. » Une situation qui perdure depuis son retour de blessure fin novembre contre Arsenal, et qu’il n’a pas su redresser. « La blessure a peut-être eu une incidence, même si elle est guérie aujourd’hui » , estime son ancien mentor à Paris. « Il a peut-être repris trop tôt, pas à 100%, ce qui l’a amené à être moins bon, et dans un cas comme celui-là, vous enclenchez un engrenage. »
Sobre, autoritaire et efficace de mi-septembre à novembre à la suite d’une titularisation surprise contre Arsenal en Ligue des champions, l’international espoirs s’affiche désormais fébrile et bien moins décisif. « C’est une vraie croisée des chemins pour lui, soit il arrive à surmonter et devenir un gardien de très très haut niveau, soit il ne passe pas ce palier » , estime aujourd’hui Bourges. Le calendrier est serré : dès le 14 février, c’est le FC Barcelone qui se présente au Parc, pour une affiche qu’Areola pourrait disputer si Kevin Trapp n’a pas récupéré d’ici là.
« Cela va être à double tranchant, il peut très bien se réhabiliter sur ce type de match, car pour réaliser un exploit contre le Barça, il faudra un grand gardien. Soit ce match confirme le moins bien actuel, auquel cas il sera difficile de continuer au-delà de la présente saison au PSG. » Un club où la gestion des gardiens ne séduit pas le spécialiste du poste : « On le voit avec Trapp et Areola, avoir une épée de Damoclès au-dessus du crâne en permanence, cela ne tire pas les gardiens vers le haut. Les gardiens ont besoin de confiance, de se concentrer sur l’instant présent, pas de craindre pour leur place à chaque boulette. » Si officieusement, c’est l’Allemand qui apparaît aujourd’hui comme le numéro 1 dans l’esprit d’Unai Emery, l’Espagnol n’a pas officiellement tranché le débat. Et prend le risque de se retrouver avec non pas deux cadors dans les buts, mais bien deux hommes en mal de confiance parce que sous pression.
« Il suffit de voir les réseaux sociaux, un paramètre assez récent auquel les joueurs pros sont confrontés. Peut-être qu’un joueur peut rester imperméable aux critiques sur Twitter ou Facebook, mais si jamais c’est un proche qui est affecté, finalement le joueur le sera aussi » , déplore Bourges, bien conscient que le champion du monde U20 2013 a pris très cher sur le net. « Or, Alphonse n’est pas devenu un nul en quelques semaines. Techniquement et physiquement, il a tout ce qu’il faut, mais c’est mentalement qu’il a été touché » , estime Bourges.
Pour lui, la trajectoire « rectiligne » du joueur parle d’elle-même : « Il a d’abord été très bon à Lens, qu’il a fait monter en Ligue 1 quasiment tout seul, ensuite il a assuré à Bastia, puis il a été très performant à Villarreal, chaque fois en montant crescendo. Faut arrêter le faire passer pour une passoire, il reste l’un des meilleurs gardiens français du moment. » Et qui aurait dû honorer sa première cape début novembre, mais a vu Benoît Costil devenir international à sa place à Lens. Avant que les emmerdes ne commencent. Désormais, Areola doit rebondir ou régresser. Gilles Bourges : « Même s’il ne rebondit pas à Paris cette saison, il rebondira ailleurs tôt ou tard, j’en suis persuadé. »
Propos recueillis par Nicolas Jucha