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Areola : cohabiter pour mieux progresser, vraiment ?
Comme à Naples il y a trois semaines, Gianluigi Buffon va tenir sa place dans les cages parisiennes contre Liverpool ce mercredi soir. Un nouveau match ultra-décisif qu’Alphonse Areola va donc vivre sur le banc. Si la cohabitation entre les deux portiers semble désormais établie, est-elle vraiment bénéfique au champion du monde français ?
La nouvelle est tombée un vendredi 6 juillet à 18 heures pile poil : Gianluigi Buffon était officiellement un joueur du Paris Saint-Germain. Quasiment au même moment, à plus de 3 000 kilomètres de la capitale française, l’équipe de France fêtait à Nijni Novgorod une qualification en demi-finale de Coupe du monde après un succès plein de maîtrise contre l’Uruguay. Alphonse Areola pouvait avoir le sourire. Mais aussi grimacer, en imaginant sa place de titulaire au PSG désormais menacée par l’arrivée du monument italien. « Si vous êtes à la place d’Areola, vous vous dites : « Qu’est-ce que je dois faire de plus pour mériter ma place de numéro 1 ? » estime Christophe Lollichon, entraîneur des gardiens à Chelsea. Ce n’est jamais agréable de savoir qu’un autre gardien arrive, surtout quand il s’appelle Buffon. C’est normal de ne pas l’accueillir de façon positive. » Depuis le début de saison, tout le monde ne cesse de vanter la classe de l’Italien et son apport indéniable dans le vestiaire parisien. Seulement, cette cohabitation établie par Thomas Tuchel n’est-elle pas aussi un frein pour la progression de l’international français de 25 ans ?
Le manque du grand rendez-vous
« Ils sont différents, mais ont le même niveau. Jusqu’ici, ils ont été extraordinaires, affirmait Tuchel avant la réception de Toulouse ce week-end. On va parler avec eux et l’entraîneur des gardiens, il faut établir un plan. » Le technicien allemand a choisi de trancher sans vraiment trancher, les deux hommes se partageant le gâteau en acceptant l’alternance. « Personnellement, je ne suis pas du tout partisan de ce type de fonctionnement, assume Christophe Lollichon. Ce poste nécessite une telle confiance en soi, je ne pense pas que ce soit la solution. » Une chose est sûre, Areola ne jouera pas autant que lors de la saison précédente (43 matchs), sa première dans la peau d’un vrai titulaire avec son club formateur. Et la Coupe d’Europe ? Il a pu bénéficier de la suspension de Buffon pour jouer les trois premières rencontres (sans toujours être impérial) de la saison en Ligue des champions. Avant de laisser la place toute chaude à son concurrent.
Comme au San Paolo il y a trois semaines, Tuchel préfère miser sur l’expérimenté Buffon pour le match crucial contre Liverpool. Et cette fois, il ne s’agit pas d’un « geste de respect envers Gigi » – les propos tenus par le coach parisien avant Naples –, mais bien d’une preuve supplémentaire qu’il a entièrement confiance en lui, même à bientôt 41 piges. Ou pour les mauvaises langues, qu’il ne considère pas Areola comme étant indiscutable au point de pousser la légende sur le banc le temps d’une soirée décisive sur la scène européenne. Mais le jeune champion du monde n’aurait-il pas besoin de disputer ces rendez-vous pour progresser ? « C’est évident que si vous enlevez ce type de rencontre à haute intensité et à haute pression à un gardien, vous lui retirez des moments d’expérience qui sont terriblement importants pour la suite de sa carrière, considère Lollichon. Tuchel a deux gardiens de haut niveau qu’il doit gérer. On arrive forcément à un moment à une situation de frustration chez l’un ou l’autre. »
« Areola n’a pas de temps à perdre »
Buffon a rapidement donné le ton dans plusieurs de ses interventions, faisant comprendre qu’il n’était pas venu à Paris pour se la couler douce et seulement jouer le rôle d’éducateur avec les jeunes portiers parisiens. Alors, cette cohabitation est-elle vraiment un poison pour la progression d’Areola ? « Buffon est un type extraordinaire, il a envie de donner et de partager avec Alphonse, tempère Lollichon. J’ai connu une situation assez similaire avec Čech et Courtois à Chelsea. Je me souviens de l’attitude de Petr, il aurait pu être déstabilisé, mais il a beaucoup apporté à Thibaut. Et c’est vrai que si la relation entre les deux est bonne, ça peut fonctionner. Puis, ils sont chaperonnés par un entraîneur des gardiens (Gianluca Spinelli, N.D.L.R.) qui est un grand diplomate, je pense que ça peut aider. »
Reste à savoir si l’avenir d’Areola se trouve bien au PSG. En fin de contrat en juin 2019, il n’a toujours pas prolongé son bail, même si les derniers bruits de couloir font état d’un dénouement positif imminent. De son côté, Buffon a signé pour une saison, mais dispose d’une année supplémentaire en option dans son contrat. Et si la cohabitation durait jusqu’en 2020 ? « Maintenant que les choses sont installées, il faut en tirer du positif, conclut Lollichon. Ça risque d’être une bonne expérience pour Alphonse, à condition qu’il fasse une bonne vingtaine de matchs dans la saison, sinon ce sera une année blanche. Il n’a pas de temps à perdre, je ne pense pas qu’il en perde actuellement, mais il ne faut pas que ça s’éternise. » Même si à seulement 25 ans, Areola a encore le temps de s’imaginer faire une longue carrière à la Buffon.
Par Clément Gavard
Propos de CL recueillis par CG