ACTU MERCATO
Arda et ses idoles barcelonaises
Second et dernier renfort de l'été blaugrana, Arda Turan devra attendre six mois avant d'étrenner sa nouvelle tunique. Un mal nécessaire pour qu'il réalise son rêve : celui de jouer aux côtés de ses idoles et modèles, Iniesta et Messi.
Le millésime 2002 est à classer au rang des grands crus turcs. Demi-finaliste du Mondial asiatique, la sélection d’Hakan Şükür et Nihat Kahveci réalise cette année-là le plus grand exploit de son football. Une troisième place historique qu’Arda Turan aperçoit de loin. À peine âgé de quinze ans, il n’est alors qu’une promesse parmi tant d’autres à Galatasaray. Un statut qui lui permet, lors des rencontres à domicile de l’équipe fanion, de prendre place au bord du pré. Ramasseur de balles, il l’a ainsi été lors de la réception dans l’ancien et bouillant Ali Sami Yen du FC Barcelone. C’était un 19 mars, et les Catalans s’étaient alors imposés sur la plus petite des marges. Luis Enrique, bourreau d’un soir des Turcs, et Philippe Christanval, en offrant sa paire de gants au jeune Arda, restent les protagonistes d’une soirée inoubliable pour le gamin de Bayrampasa. Quelques années plus tard, ce même Lucho prend son combiné pour joindre un Arda Turan qui, malgré sa barbe, garde le même sourire juvénile. Quelques secondes lui suffisent pour faire son choix : désormais, Arda est blaugrana.
« Galatasaray est plus à l’image de Barcelone »
« En dehors de la Turquie, Galatasaray est plus à l’image de Barcelone en Espagne. L’Atlético de Madrid rappelle plus le Beşiktaş Istanbul. Économiquement, le Gala a plus d’argent que le Beşiktaş, comme le Barça par rapport à l’Atlético. » En janvier dernier, Arda Turan, lunettes à la John Lennon sur le bout du nez et confortablement assis dans les travées du centre d’entraînement des Colchoneros, ne s’imaginait pas encore atterrir en Catalogne. Pour autant, son béguin pour le champion d’Europe en titre était déjà bien présent. Plus que les rayures blaugrana ou l’ambiance du Camp Nou, Arda Turan voit en Lionel Messi et Andrés Iniesta ses deux idoles footballistiques. « Iniesta, c’est mon joueur préféré qui évolue à la même position que moi, rectifiait-il alors. Pour moi, c’est le meilleur exemple. Et j’ai surtout beaucoup de respect pour lui. Une fois sur le terrain, nous sommes tous pareils. Le plus important pour un joueur, c’est de ne pas avoir d’égo, de le mettre de côté. Avoir une bonne mentalité est primordiale. Cela t’aide à grandir, à devenir meilleur, à trouver le bon chemin. Iniesta a tout ça. »
Concernant la Pulga, la donne varie d’un iota. Selon les dires du capitaine de la sélection turque, il s’agit tout bonnement « d’un extraterrestre » . Un surhomme, aux statistiques folles et au profil unique, qui se trouve très loin de l’ardaturanismo. Quoi ? « C’est un concept qui veut que tu fasses les choses d’une manière différente, mais toujours avec le sourire, explique Juan Esteban Rodríguez Garrido, biographe du Turc. C’est l’idée d’additionner l’éthique et l’esthétique. L’éthique, car Arda est un génie, mais un génie qui ne mâche pas ses efforts, qui court autant, si ce n’est plus que ses coéquipiers : c’est l’éthique du travail. Et il y a l’esthétique. Il ajoute une qualité merveilleuse dans tout ce qu’il fait avec un sourire permanent, une générosité de tous les instants. C’est l’idée de mettre toutes les belles choses de la vie, et du football, sur le devant de la scène. C’est un concept très dionysiaque. » Une idée qui colle parfaitement à l’idole du natif de Bayrampaşa, Andrés Iniesta, plus connu pour ses gestes de classe que ses lignes de statistiques.
Des interrogations face à un sourire
Sur un terrain plus pratique, l’arrivée d’Arda Turan du côté des Ramblas n’est pas forcément gage de facilité pour l’intéressé. Premièrement, parce qu’il ne pourra pas s’offrir une première officielle avant le 1er janvier prochain. Six mois à trottiner autour du centre d’entraînement et à enchaîner des exercices avec ses nouveaux partenaires qui ne suffiront pas à combler son bonheur. Qu’importe, lui assure être prêt à s’abstenir avant la date de fin « d’interdiction de recrutement » du Mes que : « J’attendrais jusqu’en janvier, sans demander de prêt, car c’est mon rêve. » Deuxièmement, la concurrence au milieu de terrain, malgré le départ en pré-retraite de Xavi, reste féroce. En plus d’une concurrence avec Rakitić et Iniesta pour une place de titulaire, il devra faire face à celle de Rafinha, Samper et Sergi Roberto. Rien de vraiment insurmontable, a contrario des postes offensifs, propriétés du trio MSN. Autant d’interrogations qui n’auront, de toute façon, aucune incidence sur le sourire permanent d’un Arda Turan trop heureux de jouer avec ses idoles.
Par Robin Delorme, à Madrid