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Au-delà du mercato : qu’est-ce que Al-Ahli ?
Depuis quelques semaines, Al-Ahli est l’un des clubs saoudiens qui fait le plus parler sur le marché des transferts, attirant de nombreuses stars du ballon rond. Paradoxalement, le « club royal » est pourtant tout juste promu en première division. Autopsie de l’histoire de ce club de Djeddah dans le cadre du septième épisode de notre série sur le passé des clubs saoudiens.
L’ADN : le royal Al-Ahli
Fondé en 1937 par Hassan Shams, joueur tout juste limogé du futur rival d’Al-Ittihad, Al-Ahli (« Le National ») décide de se nommer ainsi en référence au club égyptien éponyme (Al-Ahly), qui domine alors déjà l’Afrique du Nord depuis trente ans. Rapidement, le club de Djeddah est soutenu par des élites politiques, proches de la famille royale ou y appartenant directement. Dès les années 1970, des membres distingués de la famille Al Saud président même le club, qui connaît ses premiers succès en remportant plusieurs coupes ainsi qu’un premier titre de champion en 1978. La proximité du club vis-à-vis de la Couronne l’amène à changer sa propre identité. Evoluant d’abord en bleu et blanc, les Djeddiens passent au vert et blanc en référence au drapeau saoudien. De même, le logo évolue. Il affiche depuis lors le vert comme couleur prédominante, ainsi que les armoiries de la famille régnante en son centre. Le statut à part entière d’Al-Ahli dans le paysage footballistique saoudien est tel qu’il fut même nommé « ambassadeur de la nation » par l’ancien roi Abdullah.
Fort de ses soutiens de poids dans la société saoudienne, Al-Ahli est l’un des premiers clubs du pays à attirer dans ses rangs de grands noms du football, tels que l’ancien sélectionneur du Brésil Telê Santana dans les années 1980. Malgré plusieurs dizaines de coupes glanées et un nouveau titre de champion en 1984, le club a pourtant toujours eu du mal à se montrer comme véritablement dominant en Saudi Pro League. Il se complaît plutôt dans un rôle de bon perdant, étant le second meilleur dauphin (10) de l’histoire du championnat derrière Al-Hilal. En 2016, le club royal était bien allé chercher un troisième titre de champion, mais celui-ci marquait le début d’un déclin, symbolisé par une relégation historique le 27 juin 2022, après un match nul face à Al-Shabab. Qu’à cela ne tienne, le club est remonté aussi sec il y a quelques semaines, profitant en même temps d’un passage sous pavillon PIF, comme trois autres clubs saoudiens.
Côté ville : Djeddah, une ville qui voit rouge
À Djeddah, il est difficile de se faire de la place lorsque le très populaire Al-Ittihad rassemble déjà des centaines de milliers de supporters. Mais par son histoire, Al-Ahli est parvenu à rallier à sa cause de nombreux fans de football, pour la plupart issus de classes élitistes. De quoi créer un antagonisme fort avec les supporters de l’autre club de la ville, plutôt issus des classes populaires, qui fêtèrent d’ailleurs comme un titre la relégation du club royal en 2022. Malgré cela, les deux grands rivaux n’hésitent pas, de temps en temps, à enterrer la hache de guerre afin de mener des actions bénévoles. À plusieurs reprises, ils ont organisé des matchs caritatifs pour venir en aide aux sinistrés de tremblements de terre au Pakistan. En 2007, ils s’affrontaient aussi pour soutenir les victimes du sida, tandis que des opérations conjointes sont menées pour venir en aide aux orphelins de Djeddah.
Héros d’antan : Diego Maradona, l’histoire d’un soir
Pendant que l’Arabie saoudite se tourne vers une divinité unique priée à La Mecque, Djeddah a un temps accueilli et loué un autre dieu venu d’Argentine. En 1987, un an après le sacre de l’Albiceleste lors du Mondial au Mexique, la notoriété de Diego Maradona est à son zénith. Cette année-là, il se vêt de la tunique d’Al-Ahli, le temps d’un match face au club danois de Brøndby. À l’initiative du président Khalid Ben Abdullah Al Saud, El Pibe de Oro se voit offrir un pont d’or pour participer à ce match d’exhibition, recevant entre 100 000 et 250 000 dollars selon la presse italienne de l’époque. Le soir du 11 novembre 1987, les 60 000 supporters présents en tribune n’ont d’yeux et de paroles que pour le n°10 argentin. Après un lob parfait sur le gardien adverse puis un ballon en pleine lucarne opposée, Diego Maradona ne se contente pas d’un doublé et livre trois passes décisives pour qu’Al-Ahli s’impose 5-2 face à son invité européen. Une manière de laisser un souvenir indélébile dans l’esprit des fans locaux.
L’avis de Ziyad, supporter d’Al-Ahli
« Ces dernières années, le club a eu beaucoup de mal sur le terrain en raison de problèmes administratifs et d’énormes dettes qu’il avait du mal à éponger. Avec l’investissement de l’État dans le club via le PIF, je crois que nous entrons dans une nouvelle ère où il n’y aura plus qu’à se préoccuper de notre jeu. La direction est ambitieuse. Elle ne veut pas seulement faire bonne figure, mais faire en sorte qu’Al-Ahli soit de nouveau champion d’Arabie saoudite ».
Quelle équipe pour Al-Ahli en 2023-2024 ?
Sous les ordres du jeune coach allemand Matthias Jaissle, formaté par les différentes écuries Red Bull (Leipzig, Liefering, Salzburg), le Al-Ahli version 2023-2024 pourra compter sur des renforts de poids. Totalement remodelé, son secteur offensif tournera autour de Roberto Firmino, nouveau chouchou des fans et déjà auteur d’un triplé face à Al-Hazm. Il sera épaulé par le duo Allan Saint-Maximin – Riyad Mahrez mais aussi par son presque homonyme Ryad Boudebouz, déjà dans l’effectif. Un comble pour ce club de Djeddah. L’ancien milieu de terrain de l’ASSE évoluera aux côtés de Franck Kessié, tout juste arrivé au club royal. En défense, le latéral gauche macédonien Ezgjan Alioski connaît déjà Djeddah, Roger Ibañez est arrivé en provenance de la Roma tandis que le champion d’Afrique Édouard Mendy occupera la cage de l’équipe. Restait à recruter au moins un défenseur central pour épaissir l’arrière-garde djeddienne. Annoncé par le Mou en personne, le transfert de Roger Ibañez vise à colmater cette potentielle brèche. De quoi bâtir un effectif de promus capables de se battre, déjà, pour le titre de champion.
Par Amaury Gonçalves