- Mondial 2022
- Gr. F
- Croatie-Belgique (0-0)
Après un match nul et vierge contre la Croatie, la Belgique sort en silence
Pétrifiée par l'enjeu et fragilisée en interne, la Belgique est restée muette face à la Croatie et doit donc quitter le Qatar dès la phase de poules. Un échec retentissant, surtout si on considère le nombre d'occasions qu'a eu Romelu Lukaka face aux cages. Le dernier finaliste, lui, a joué avec le feu, mais termine second du groupe F derrière un surprenant Maroc.
Croatie 0-0 Belgique
Ce ne sont pas les paroles qui ont manqué ces derniers temps en Belgique. Et Jacques Brel n’a rien à voir avec ça. Depuis le début de Mondial, les leaders tirent à balles réelles ou par médias interposés. Pourtant, ce jeudi, le troisième de l’édition 2018 avait l’occasion d’effacer ce sale départ et de passer aux actes. Romelu Lukaku, revenu de blessure, mais remplaçant au coup d’envoi, a eu justement les possibilités (trois pour être exact) de faire ce signe, de tendre cette main, pour que le pays remette tout à plat. Mais l’avant-centre n’a pas su pousser ce ballon au fond des filets pour défroisser ce vrai match de Coupe du monde, avec toute la tension et le drama qui vont avec. La Croatie, elle, a observé le naufrage de cette génération de loin, enfonçant par à-coups les têtes belges sans jamais donner le coup de grâce. Les hommes de Dalić s’en remettront, puisqu’ils ont réussi à s’extirper de ce groupe, derrière le Maroc. Pour ceux de Martinez, il faudra désormais affronter la nuit.
Hazard et Lukaku remplaçants
Si la Belgique voulait voir les huitièmes de finale, il n’y avait pas de Hazard. Ni de Lukaku, alors que le Plat Pays était quasiment dans l’obligation de gagner pour survivre. Les deux stars offensives débutaient donc sur la touche et ne pouvaient que constater toute la peur qui pétrifiait les leurs, et ce, dès le coup d’envoi. Huit secondes ne se sont pas encore écoulées que Luka Modrić lance Ivan Perišić dans la profondeur, qui crochète et décoche une frappe à gauche du but de Thibaut Courtois. Première suée. Dans la même minute, Kovačić s’enfonce dans la surface belge, mais Andrej Kramarić n’en fera rien. La Croatie, qui a commencé cette rencontre en tant que leader de son groupe, donne le ton : les hommes aux damiers ne sont pas là pour faire des calculs pendant que ceux aux flammes sur les chaussettes ont la boule au ventre. Cette frousse se ressent aussi devant : Dries Mertens n’est pas précis dans son service vers Yannick Carrasco, bloqué ensuite par Dominik Livaković, et Kevin De Bruyne voit l’ancien Napolitain bazarder sa percée. Les crânes n’en finissent plus de chauffer et sont proches d’exploser quand M. Anthony Taylor désigne le point de penalty, Carrasco écrasant le pied de Kramarić dans la surface (15e). Un duel madrilène se profile, mais la VAR intervient et signale un hors-jeu croate au départ de l’action. La chocotte est visiblement communicative et, pendant qu’à l’autre bout de la ville, le Maroc prend le large contre le Canada, mettant une option sur la première place, les deux formations européennes restent pétrifiées. Plus rien ne ressort de cette première période si ce n’est une frappe de Borna Sosa dans les tribunes. Tout ça, le stade Ahmed Bin Ali l’a ressenti. Déjà amorphe, le public passe le temps comme il peut, applaudissant Lukaku et Hazard à l’échauffement ou lançant une ola pour se dégourdir les membres.
Le Maximonstre Romelu sorti du placard, on pense alors que les choses s’arrangent pour tout le monde. La Belgique trouve un ancrage devant sur lequel peut danser De Bruyne, alors que la Croatie se dit que prendre l’avantage ne serait pas une si mauvaise idée. Coup sur coup, Kovačić, Brozović et Modrić (toujours excellent du haut de ses 37 ans) tentent d’y remédier, mais tombent à chaque fois sur un Courtois vigilant. Les Diables rouges reprennent des couleurs à l’heure de jeu quand KBD trouve Carrasco dans l’espace. Le nez dans le gazon, l’ailier de l’Atlético se prend le mur Livaković, Lukaku tapant ensuite le poteau. Un numéro d’équilibriste de Modrić plus tard, la partie est réellement relancée… La Belgique finit par lâcher ses dernières armes dans la bataille, Eden Hazard compris. Lukaku n’a plus qu’à dévier correctement les services de Thomas Meunier ou Thorgan Hazard, mais l’Intériste, pilier offensif de cette génération dorée, sera celui qui l’éteindra.
Croatie (4-3-3) : Livaković – Juranović, Lovren, Gvardiol, Sosa – Modrić, Brozović, Kovačić (Majer, 90e+1) – Kramarić (Pašalić, 64e), Livaja (Petković, 64e), Perišić. Sélectionneur : Zlatko Dalić.
Belgique (4-2-3-1) : Courtois – Meunier (Hazard, 87e), Alderweireld, Vertonghen, Castagne – Witsel, Dendoncker (Tielemans, 72e) – Trossard (T. Hazard, 59e), De Bruyne, Carrasco (Doku, 72e) – Mertens (Lukaku, 46e). Sélectionneur : Roberto Martínez.
Par Mathieu Rollinger, au stade Ahmed Bin Ali