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Marcelino, le choix de l'insécurité

Par Léna Bernard
5 minutes

Parfaitement lancé pour voir les barrages de la Ligue des champions, l'OM a vu la qualification lui glisser entre les doigts, ce mardi face au Panathinaïkós. Et les choix de Marcelino y sont pour beaucoup.

Azzedine OUNAHI and MARCELINO head coach of Marseille prior the UEFA Champions League, Third Qualifying Round, second leg match between Marseille and Panathinaikos at Orange Velodrome on August 15, 2023 in Marseille, France. (Photo by Johnny Fidelin/Icon Sport)
Azzedine OUNAHI and MARCELINO head coach of Marseille prior the UEFA Champions League, Third Qualifying Round, second leg match between Marseille and Panathinaikos at Orange Velodrome on August 15, 2023 in Marseille, France. (Photo by Johnny Fidelin/Icon Sport)

Un Vélodrome en effervescence et à guichets fermés, une température caniculaire, un but de retard rattrapé dès la première minute de jeu et un adversaire fébrile. Tout était réuni pour que Marseille chavire et triomphe, mais non. À l’image de ses prédécesseurs sur le banc olympien, Marcelino s’est raté en Coupe d’Europe, lors d’un match crucial, à domicile. Il y a un peu plus d’un an, Jorge Sampaoli n’avait pas réussi à déjouer les plans de Feyenoord, en demi-finales retour de Ligue Europa Conférence ; en novembre dernier, Igor Tudor n’avait pas fait comprendre à ses joueurs qu’un deuxième but inscrit par Tottenham, lors du dernier match de poules de C1, les éliminait de toutes compétitions européennes. Ce mardi soir, au troisième tour préliminaire de la Ligue des champions contre le Panathinaïkós (2-1, 3-5 T.A.B.), c’était au tour de petit Marcel, qui déclarait en conférence de presse d’avant-match : « Je ne pense pas à gagner aux tirs au but. Je pense à gagner le match dans les 90 minutes. On se prépare pour cela. On va aller chercher la qualification en 90 minutes, on en a les capacités. » Raté.

Un coaching perdant

L’OM tenait sa qualification et avait le match bien en main. La différence s’est, certes, faite sur plusieurs coups du sort (le penalty concédé dans le temps additionnel, le but de Vitinha refusé pendant la prolongation), mais l’arbitrage et la poisse ne peuvent être tenus pour uniques responsables de la désillusion olympienne. Les choix de Marcelino aux instants clés de la partie ont changé – dans le mauvais sens – le match de l’OM, quand ceux de son homologue Ivan Jovanovic ont eux été salutaires, avec l’apparition de Bernard qui, comme une semaine plus tôt, a redonné vie à une équipe jusque-là timorée. Ainsi, à l’approche de la fin du temps réglementaire, alors que l’OM menait toujours 2-0 mais se devait de pousser pour inscrire un troisième but et se donner un matelas, le coach asturien a décidé de dégager son attaquant Pierre-Emerick Aubameyang, auteur des deux buts olympiens. Une sortie que l’on peut qualifier de prématurée, malgré la bonne entrée de Vitinha.

Autre changement qui s’est révélé catastrophique : la sortie de banc de Mattéo Guendouzi à l’heure de jeu. L’ancien Gunner, auteur d’une prestation bien terne (qui aurait pu être sauvée à la 110e si Ismaïla Sarr n’avait pas été signalé hors-jeu pour dix millimètres), s’est rendu coupable d’une main dans sa surface à la… 90e+9. Et il a terminé sa soirée cauchemar en s’avançant en tant que premier Marseillais de la séance de tirs au but pour buter sur Alberto Brignoli. De manière globale, les choix tactiques du coach – qui ont fait reculer les locaux de minute en minute avant une punition sur le gong – n’ont pas payé. À l’issue du match, le tacticien a livré son analyse sur la physionomie du match : « On a eu beaucoup d’occasions, on aurait dû marquer beaucoup plus de buts. Ce qui est difficile à justifier, illogique, c’est la dernière action. Ce penalty n’a pas de logique. » Il a également tenu à rappeler les statistiques de la rencontre : « La supériorité de notre équipe était évidente, avec vingt tirs à deux. On a pris un but très cruel, un penalty discutable. Le destin nous a joué un mauvais tour. »

Le déni des tirs au but

Marcelino voulait une qualif’ en 90 minutes. Mais en football, on ne choisit pas toujours le déroulé des évènements, et c’est aux onze mètres que tout s’est décidé. À l’image du sélectionneur des Bleues Hervé Renard lors du quart de finale du Mondial face à l’Australie quelques jours plus tôt, Marcelino a décidé d’un turnover dans les buts, juste avant la séance, se reposant sur une mode à un virage crucial de la saison marseillaise. Un choix qui, comme pour le fox, ne sera pas payant, puisque le numéro 2 Rubén Blanco ne parviendra pas à sortir le moindre ballon. Même si l’ancien coach de Valence a un avis différent. « Rubén a arrêté un penalty qui a terminé au fond », a-t-il tenté pour se sauver la face. En réalité, le portier de 28 ans n’a stoppé qu’un seul penalty sur l’ensemble de sa carrière professionnelle, en Coupe du Roi, face à Kévin Gameiro, le 4 février 2016, lors d’un Séville-Celta (contre quatre pour Pau López, au même âge).

Les statistiques sont terribles : Relevo a dévoilé que parmi les gardiens de Liga n’ayant pas sorti un seul péno sur les dix dernières saisons du championnat, Blanco était celui qui avait eu le plus de fois l’occasions de le faire, ayant fait face à 22 tireurs (il a été battu 20 fois, et 2 tentatives ont été envoyées à côté). Un choix donc très étonnant et hasardeux de la part de Marcelino, qui est pourtant resté droit dans ses bottes en conf’ après ce coup de bluff : « Je ne regrette pas le changement de gardien. C’est une décision qu’on avait prise avec le staff, que j’assume en tant que premier responsable. » Évidemment, les cinq Grecs ont tous réussi leurs shoots, enfonçant le football français dans sa lose et rappelant , encore une fois, que l’exercice n’était pas une « loterie ». Les chiffres sont là : sur les huit dernière fois qu’un club hexagonal a été engagé en tours préliminaires de la « Champions », il n’y a eu qu’une seule qualification en phase finale : c’était l’AS Monaco, en 2016-2017. Et l’on parle d’une génération dorée, championne de France cette année-là, qui s’était hissée en demi-finales de la compétition avec Kylian Mbappé à sa tête. Bref, une anomalie.

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Par Léna Bernard

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