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La Ligue 1, une saison déjà pliée ?
La course au titre est-elle déjà pliée avant la trêve hivernale. Après la victoire du PSG à Monaco (2-4) ce mercredi soir, on serait tenté de répondre que oui. Un coup dur pour le niveau de la Ligue des talents qui ne parvient définitivement pas à s’homogénéiser.
« On a toujours l’impression que nous devons gagner le championnat sans problème. Mais la Ligue 1 est d’un niveau très élevé, il n’y a qu’à voir comment se comportent les équipes sur la scène européenne. » Il n’y a pas à dire, Luis Enrique a le sens de la diplomatie. À la veille d’affronter l’AS Monaco, l’entraîneur du Paris Saint-Germain jouait la carte de la (fausse) modestie avant, dans la foulée, d’aller écraser (2-4) le club princier sur son Rocher et de s’envoler du classement de la Ligue 1 avec dix points d’avance en tête. Tout ça avant les fêtes de Noël. On serait tenté de dire que le championnat est plié, contrairement à Luis Enrique qui, lui, se doit de tenir ce genre de considération éloignée des micros des conférences de presse. Un peu comme son capitaine Marquinhos, lui aussi très prudent dans ses déclarations : « Le titre ? C’est encore tôt, il y a beaucoup choses qui peuvent se passer, mais c’est un objectif très important pour le club et ça fait mal quand on ne le gagne pas, analysait le Brésilien après la rencontre de ce mercredi soir. Pour le remporter, ça passe par gagner ces confrontations directes. Quand tu es champion, tu ne te rends pas compte de l’importance de ces rencontres, mais quand tu les perds, tu réalises à quel point ça fait la différence. »
Grands rendez-vous manqués
Ceci dit, on aurait aussi envie de voir, pour une fois, une déclaration trancher avec la tiédeur habituelle dont fait montre le football français. Mais on se doute bien que si tel était le cas, il ne manquerait pas d’analystes de tous bords pour rappeler au PSG son actuelle 25e place en Ligue des champions et que celle-ci supplanterait la domination écœurante du club de la capitale au sein d’un championnat que ses détracteurs ne se lassent pas de surnommer Farmers League. Difficile de leur donner tort. À l’image de la Bundesliga où, hormis « l’accident » Bayer Leverkusen la saison dernière, le Bayern Munich règne sans partage, la Ligue 1 est un championnat dont l’issue est connue d’avance 99% du temps. Croire que l’Olympique de Marseille ou Monaco pouvaient tenir tête aux Parisiens, actuellement à fond de balle sur l’autoroute de leur 13e titre de champion national, était une chimère.
[📺 LIVE] 🇫🇷 #Ligue1McDonalds #ASMPSG 🥶 Dembélé SCELLE la victoire du PSG sur un piqué parfait ! 👏 Les Parisiens s'imposent 4-2 à Monaco !#Action pic.twitter.com/IS7ZTqtvO7
— beIN SPORTS (@beinsports_FR) December 18, 2024
Même avec un potentiel rythme d’un match tous les trois jours entre janvier et mars 2025, on imagine mal les troupes de Luis Enrique s’effondrer en cours de route, et ce, pour une raison très simple (et qui donne en partie raison à Marquinhos) : ce n’est pas le PSG qui est super fort, ce sont ses adversaires qui s’effondrent psychologiquement au moment de l’affronter. « On est un peu déçus parce qu’on était venus chercher quelque chose ici. Il nous manquait de faire notre jeu parce que quand on l’a fait, on s’est créé des opportunités, mais c’était assez compliqué », analysait ainsi Georges Mikautadze dimanche dernier après la défaite de son Olympique lyonnais au Parc des Princes (3-1). Et l’international géorgien de concéder que « le PSG était prenable. C’est juste qu’on a mal fait les choses. On aurait pu revenir au score. On va se concentrer et voir ce qui n’a pas été pour la deuxième partie de saison ». Pas sûr que cette autocritique suffise à réellement inverser la tendance.
Vive la culture de l’instant !
En fin de compte, le vrai perdant de cet état de fait est la Ligue 1 elle-même. Un championnat dont le futur champion tire les marrons du feu avant la mi-saison ne fait pas rêver grand monde, pas même les supporters dudit cador. Dès lors, le public doit se contenter de prendre du plaisir lors de moments one shot. Comme lorsque l’AJ Auxerre arrache un 0-0 héroïque à L’Abbé-Deschamps face à Paris justement, ou dimanche dernier encore, lors de cet affrontement Marseille-Lille, dont le scénario dantesque a converti ce banal 1-1 en potentiel match de la saison.
Et si, finalement, le football moderne consistait à voir plus loin que le titre de champion national ? Comprendre : une qualification européenne, suivie d’un parcours épique ? C’est en tout cas ce que laissent imaginer ceux de Brest et de Lille, voire de Monaco actuellement. Trois écuries qui viennent mettre à mal cette vieille tradition française qui consiste à bazarder la Coupe d’Europe pour mieux se concentrer sur le championnat. Il y a une certaine logique là-dedans après tout, surtout quand, privé de véritable star internationale depuis le départ de Kylian Mbappé pour le Real Madrid, le public lambda de la Ligue 1 doit se contenter d’attendre l’éclosion de son successeur pour ravoir des paillettes dans les yeux. Déprimant ce constat ? Mais à qui la faute ? Au PSG qui vampirise la concurrence – même sans forcer – ou à cette dernière qui, près de 13 titres plus tard, n’a toujours pas réussi à inverser la tendance ? Peut-être que deux semaines de trêve hivernale aideront à trouver un début de réponse.
Par Julien Duez