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Appelez-le São Paulo
Après avoir empilé les trophées comme joueur, notamment du côté de la Juve et du Borussia Dortmund, Paulo Sousa s'est construit une réputation de technicien compétent tactiquement, mais incapable de poser son fessier bien longtemps sur un banc. Reste à voir s'il sera désormais capable de relancer un Bordeaux à l’arrêt complet cette saison, tout en trouvant enfin une forme de continuité en Gironde.
En théorie, si tout se passe bien, l’amour entre Bordeaux et Paulo Sousa devrait durer trois ans. C’est en tout cas ce que prévoit le contrat du technicien portugais, qui s’est engagé jusqu’en 2022 avec les Girondins. Une perspective lointaine, alors que Bordeaux, encore en pleine phase de mutation, est récemment passé sous le giron du fonds américains GACP. Difficile, de fait, de savoir à quel agenda précis obéit ce nouveau propriétaire. Une chose est sûre : Paulo Sousa n’est pas n’importe qui. L’ex-milieu international portugais (51 sélections) a deux C1 en poche, glanées quand il évoluait à la Juventus et au Borussia Dortmund. Mais il s’est aussi taillé un costard d’entraîneur plutôt flatteur.
Le mur de Sousa
Pas de grosses cylindrées sur le CV du Portugais, mais pas mal de succès d’estime. D’abord du côté de Swansea en D2 anglaise, lors de la saison 2009-2010. Une des premières expériences d’entraîneur de Sousa, où son style de management et de jeu se dégage déjà clairement. Pointu tactiquement, très exigeant sur la mise en place de ses équipes et la bonne tenue de son système de jeu, Sousa ne laisse que relativement peu de place à l’improvisation. S’il ne verse pas non plus dans un football bunkérisé et robotisé, l’ancien Juventino reste un pragmatique dans l’âme : « En tant que manager, vous devez vous adapter à la qualité de l’équipe et des joueurs, et donc adapter les exercices pour entrer dans ce moule. Vous devez créer une identité commune où tout le monde connaît sa tâche et celle de son coéquipier. » Avec les Swans, le Portugais met sur pied une équipe structurée et organisée, efficace à défaut d’être spectaculaire : Swansea finit même 7e de Championship (D2), à l’époque la meilleure performance du club en championnat depuis 27 ans. La recette ? 25 clean sheets en 46 matchs, un record historique pour le club, et notamment une séquence de douze rencontres sans perdre entre le 15 septembre et le 20 novembre 2009.
L’idylle florentine
Problème : adaptable sur le terrain, Sousa l’est semble-t-il beaucoup moins en coulisses. Apparemment fâché par le manque de moyens mis à disposition par sa direction, il quitte Swansea et s’en va successivement se faire les os du côté de Leicester, Videoton et du Maccabi Tel-Aviv. Mais c’est véritablement au FC Bâle, qu’il emmène en huitièmes de finale de C1 en 2014-2015 après avoir sorti Liverpool en phase de groupes, qu’il commence vraiment à se faire un nom. De quoi lui offrir un ticket doré direction la Fiorentina, qui l’enrôle comme entraîneur la saison suivante.
À Florence, il trouve d’abord un terrain d’expression privilégié. Ses poulains évoluent dans une formation audacieuse, en 3-4-2-1, attachée a monopoliser le ballon pour priver l’adversaire de cartouches offensives, comme en attestent les presque 58% de possession moyenne du club en Serie A, une statistique où le club toscan est alors uniquement devancé par la Juve et le Napoli. Pari gagnant : les Violets finissent 5es de Serie A. Sa seconde saison sur le banc florentin sera en revanche beaucoup plus mitigée : elle s’achève sur une huitième place ponctuée d’une élimination désastreuse en C3 face au Borussia Mönchengladbach et d’un licenciement en juin 2017.
La quête de perfection
Un ultime signe, sans doute, que la méthode de Paulo Sousa ne semble pas encore paramétrée pour durer sur le temps long. Comme si son intransigeance était à la fois sa principale qualité et son maître défaut : « Il tient à ce que l’équipe soit alignée comme le mécanisme d’une montre, décrivait récemment l’ex-défenseur portugais des Girondins Marco Caneira. C’est l’homme idéal pour changer la mentalité des joueurs et leur donner la rage de vaincre. Il impose beaucoup de discipline dans le travail… Il cherche la perfection. » Un management carré, déjà caractérisé par la volonté du nouveau technicien bordelais d’imposer d’entrée son staff : selon L’Équipe, il sera notamment assisté de son ancien adjoint à la Fiorentina, Victor Sánchez Llado, ainsi que de Manuel Cordeiro et Rafael Maldonado, qui ont également travaillé avec Sousa en Toscane. Il lui faudra maintenant ranimer un Bordeaux sous assistance respiratoire, 13e de Ligue 1 et qui reste sur 5 défaites lors de ses 7 derniers matchs de championnat. Autrement dit, un club encore loin, très loin, de la perfection qui obsède tant Paulo Sousa.
Par Adrien Candau
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