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- France-Suède (4-2)
Appelez-le Marcus Thuram !
Avec une passe décisive pour Olivier Giroud et une percée folle ouvrant la voie à Benjamin Pavard, Marcus Thuram a validé contre la Suède son excellent premier stage en entreprise internationale. De quoi perpétuer un héritage, mais surtout de s'affranchir du poids que peut représenter son nom de famille.
De quoi ont-ils bien pu parler pendant ce trajet ? Si le petit n’avait pas oublié son cartable ? De ne pas oublier de bien dire bonjour au maître des lieux ? De surtout se méfier des caïds du château ? De la manière de faire du Stade de France son jardin ? Cette discussion entre un père et son fils restera certainement dans cet habitacle du monospace familial, avant que la portière du côté passager ne s’ouvre et que le rejeton ne se crée sa propre histoire. Et en trois matchs et 184 minutes, Marcus Thuram aura parfaitement entamé la sienne avec les Bleus. Alors certes, la route est encore longue pour pouvoir réclamer la totalité de l’héritage de Lilian et ses 142 capes. Mais l’impression laissée suppose que le joueur du Borussia Mönchengladbach aura bien d’autres occasions de se faire déposer par son papa devant les grilles de Clairefontaine.
La roulette de la génétique
Mardi face à la Suède, Didier Deschamps l’a titularisé pour la seconde fois en trois matchs. Une preuve de confiance assez rare pour un garçon qu’il appelait pour la première fois. Comme face à la Finlande, au milieu d’un match indigent de l’équipe de France, comme lors de son entrée au Portugal, au cours d’une partie qui fera date, Marcus le lui a bien rendu. Parfaitement adapté à un rôle d’attaquant excentré dans le nouveau système en 4-4-2 du sélectionneur, l’ancien Guingampais a montré de quel bois il était fait. « Il a eu du temps de jeu et il a montré ce qu’il était capable de faire avec le ballon, dans sa capacité à percuter », confirmait Deschamps après la dernière rencontre de 2020. Au point de déjà valider un ticket pour 2021 ? À écouter le CPE, c’est bien possible : « C’est bien ce qu’il a fait avec le groupe. Évidemment, il y a beaucoup de concurrence à son poste, mais il faut toujours tirer profit de ce temps de jeu. Et Marcus a fait de bonnes choses. »
En rentrant une énième fois sur son pied droit, c’est lui qui a décoincé la situation face à la Suède en servant parfaitement Olivier Giroud, avant de se lancer dans une folle embardée sur l’action menant à la reprise de Pavard. La prochaine fois, la roulette passera parfaitement et il pourra célébrer à sa guise comme son paternel, à genoux et les doigts sous le menton. Mais cette fois, personne ne sera surpris. Et si la greffe avec l’équipe de France a visiblement si bien pris, ce n’est pas qu’une question d’ADN. Non, Thuram semble s’être fondu dans le groupe sans aucun souci, comme s’il parlait déjà couramment le Deschamps. « Ce n’est jamais évident quand on vient pour la première fois, mais lui est imperméable, détaillait le boss des Bleus. Plus les matchs sont de haut niveau, plus il aime. » Et pour ça, papa n’y est peut-être pas pour rien.
Par Mathieu Rollinger, au Stade de France
Propos de DD recueillis par Clément Gavard.