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Appelez-le Gianluca van den Scamacca

Par Adrien Candau
6 minutes
Appelez-le Gianluca van den Scamacca

Dragué par la Juve et l'Inter lors du mercato hivernal, Gianluca Scamacca va continuer au moins jusqu'à la fin de la saison de promener son quasi double mètre à Sassuolo. Souvent présenté comme le prochain avant-centre de la Nazionale, l'attaquant des Neroverdi est un gars atypique, qui a partiellement construit sa différence pendant deux ans aux Pays-Bas, du côté du PSV Eindhoven.

Le 10/02/2022 à 21h
Coupe d’Italie (YouTube)

Gianluca Scamacca est un drôle d’oiseau. Il n’essaie pas de s’en cacher. Difficile de passer inaperçu quand on culmine à 1 mètre 95. Difficile, aussi, de se fondre dans le décor, quand Roberto Mancini parle de vous comme l’un des possibles avants-centres de la Nazionale, dans les mois à venir. Après avoir offert au joueur sa première sélection en septembre, Mancio avait loué fin janvier le profil du géant de Sassuolo : « Nous avons toujours cru en lui. Il a des qualités physiques et techniques importantes. Il marque avec plus de continuité cette année. Nous verrons quels attaquants seront les plus en forme en mars(pour les barrages d’accession au Mondial, NDLR).  » En attendant, Scamacca continue de faire son nid en Serie A. Avec neufs buts en championnat, il est le point de terminaison offensif d’une formation de Sassuolo toujours aussi joueuse et aujourd’hui 12e du championnat.

On aura notamment vu l’attaquant de 23 ans ajuster Ospina d’un enchaînement contrôle poitrine-reprise de volée hallucinant face au Napoli le 1er décembre (2-2). Ou encore, expédier une frappe sonique dans la lucarne de Maignan face au Milan trois jours plus tôt, un duel remporté 3-1 par les Neroverdi. Deux pions qui attestent du talent un peu hors cadre du bonhomme. Car Scamacca peut faire beaucoup de choses : marquer des buts aussi spectaculaires qu’inattendus, aider habilement à la construction du jeu ou encore disparaître d’un match, parfois, aussi. Gianluca Scamacca est ainsi. Aussi talentueux qu’imprévisible. Ce désamour des scénarios tout faits l’a même poussé à s’exiler pour les Pays-Bas, à 16 ans fraîchement fêtés.

« Pour débuter en Serie A, il faut espérer qu’il y ait une épidémie »

Pour un peu mieux comprendre la grande tige vert et noir, il faut revenir en janvier 2015. À l’époque, Scamacca, grand espoir de la Roma, surprend son monde en filant au pays de Rembrandt. S’il empile les buts dans les catégories de jeunes de la Louve, le ragazzo n’a pas envie d’attendre pour découvrir le haut niveau. Problème : l’Italie n’est pas réputée pour miser sur ses minots. Le PSV a flairé la bonne affaire, quitte à péter sa tirelire. « Je me souviens que le club avait dépensé un très grosse somme pour un gamin de 16 ans, rembobine Geert Brusselers, qui a eu le joueur sous ses ordres une saison, quand il entraînait l’équipe U19 du PSV. Je crois qu’on avait mis 800 000 ou 900 000 euros pour le recruter. Il était identifié comme un très gros talent. La première fois que je l’ai vu, j’observais les U17 du PSV. On ne pouvait pas le manquer : il était grand, fort, très en avance sur ses équipiers. C’était facile pour lui, il marquait énormément de buts. »

Peter Uneken, alors entraîneur U17 du PSV, parle lui d’un joueur bien plus polyvalent et adroit que son physique ne le laisse suggérer : « À la Roma, il jouait dans un système à deux attaquants. Si je me souviens bien, c’était davantage le numéro 10 de l’équipe que le finisseur. Bien sûr, il est très grand, mais ce n’est pas un vrai « target man » : il a de grosses facilités techniques, et notamment une vraie qualité de passe. Il peut aider à fluidifier le jeu, pas seulement finir les actions. » Ravi, le joueur s’épanche alors volontiers sur les mérites de son expatriation : « J’avais l’envie de travailler sur moi, de m’améliorer. Ici, en Hollande, tout est plus ouvert, il y a zéro pression. À l’entraînement, on peut rester des heures à essayer et réessayer quelque chose, jusqu’à ce qu’on réussisse… C’est un autre football, où les jeunes ont la possibilité de grandir, mais aussi de faire leurs débuts en équipe première plus facilement… En Italie, pour débuter en Serie A, il faut espérer qu’il y ait une épidémie… »

Lost in Translation

S’il brille avec les jeunes du PSV, Scamacca ne fait pas non plus l’expérience de la dolce vita dans la ville de Phillips. « Je me souviens qu’il était venu avec sa mère à Eindhoven, poursuit Peter Uneken. Il ne parlait pas très bien anglais, et encore moins néerlandais. On devait donc souvent passer par son agent pour communiquer, ça complexifiait les choses. » La seconde année de Scamacca aux Pays-Bas sera d’ailleurs plus contrastée : « C’était trop facile pour lui en U17, alors on l’a fait monter en U19, reprend Brusselers. Là, il n’était plus aussi dominant physiquement, et certains de ses défauts ont davantage été mis en lumière… Gianluca était un peu trop relâché. Parfois, il en voulait, parfois non. La plupart du temps, il ne comprenait pas les principes du pressing agressif. Il avait aussi pas mal de problèmes de tempérament… »

« C’était un joueur très émotionnel. Quand il perdait le ballon, il pouvait faire des erreurs grossières, prendre des cartons rouges débiles, explique Uneken. Mais c’était aussi un gars très sympa, il voulait apprendre. On a essayé de l’aider à mieux se contrôler, notamment en le faisant travailler avec un coach mental. » L’adolescent doit peut-être aussi faire face à des problèmes hors terrain, qui continuent encore de l’enquiquiner aujourd’hui. Fusionnel avec sa mamma – qui supervise de près sa carrière -, le joueur a dû mettre depuis plusieurs années de la distance avec son paternel. Ce qui n’avait pas empêché le géniteur de Scamacca de menacer plusieurs dirigeants de la Roma au pied de biche, en mai dernier. « On sentait qu’on n’avait pas affaire à un joueur complètement apaisé, confirme Brusselers. Ça a pu être lié en partie à ses problèmes familiaux, oui. Mais je ne peux pas vous l’affirmer à 100% non plus. »

L’école est finie

Avec les U19 du PSV, Scamacca n’impressionnera plus que par intermittence. Et laissera un goût d’inachevé à ses formateurs néerlandais. « Je me souviens que c’était un pro des bicyclettes, savoure encore Brusselers. Il a une énorme frappe, c’est un grand athlète. Il est rapide, fort, dur, il pouvait être méchant s’il en avait besoin. Il avait tout le package pour réussir, mais au PSV, il n’était pas encore stable mentalement. » Après ses deux années bataves, le joueur est rapatrié en Italie par Sassuolo. S’ensuivront plusieurs prêts en Serie B, avant que Scamacca ne perce réellement lors de l’exercice 2020-2021, au Genoa (29 matchs, 12 buts toutes compétitions confondues). Cette saison, le joueur a définitivement fini de faire ses classes. Le voilà donc avant-centre des Neroverdi, au sein d’un collectif très tourné vers l’avant et le pressing tout terrain. « On peut se demander si ce qu’il a appris au PSV l’a aidé à mieux assimiler le football d’attaque de Sassuolo. Moi, j’ai envie de croire que c’est au moins un petit peu le cas », pointe Uneken. Scammaca, qui n’a jamais regretté son aventure néerlandaise, a d’ailleurs sûrement toujours la fibre voyageuse. Reste encore à voir si le joueur et l’Italie sauront faire ce qu’il faut pour déposer bagage à Doha, dans les mois à venir.

Dans cet article :
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Par Adrien Candau

Tous propos recueillis par AC, sauf ceux de Scamacca, issus de Redbull.com

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