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Aouchiche, talent du futur
L’équipe de France s'est hissée dans le dernier carré de l'Euro U17 et affronte ce jeudi l'Italie en rêvant du trophée. Il faut dire qu'elle compte dans ses rangs un crack absolument inarrêtable en la personne du Parisien Adil Aouchiche.
D’ordinaire, la simple présence d’un descendant de Zinédine Zidane dans une équipe de jeunes suffit souvent à éclipser à peu près tous les autres éléments qui la composent. Depuis le début de l’Euro U17, que dispute Théo Zidane (troisième sur quatre), son coéquipier Adil Aouchiche prouve le contraire. Et tout cela n’a rien à voir avec son patronyme, bien que le sien passe difficilement inaperçu. Atterri en Irlande avec les Bleuets de Jean-Claude Giuntini dont il est l’un des pions essentiels, le jeune Parisien s’offre des stats hallucinantes : une passe décisive en ouverture contre l’Angleterre (1-1), un triplé et une autre offrande face à la sélection suédoise (4-2), un pion devant la Hollande (2-0) et, surtout, un quadruplé dimanche en quarts de finale contre la Tchéquie (6-1). De quoi sacrément faciliter la tâche à l’équipe au coq, et déjà parapher les tablettes de la compétition en tant que meilleur buteur all time de la compétition (devant Amine Gouiri et Odsonne Edouard), tout en égalant tranquillement le recordman Michel Platini en nombre de buts sur une phase finale de compétition internationale de l’UEFA. Pas mal quand on sait que lui aussi est milieu de terrain.
« À l’entraînement, j’entendais mon gardien qui devenait fou »
Même si ces chiffres sont hors norme et plutôt inattendus, l’aisance du Franco-Algérien n’étonnera pas ceux qui ont récemment jeté un œil au Camp des Loges pour observer les U19 du PSG : à 16 ans, Aouchiche était cette saison surclassé dans l’équipe de Thiago Motta (comme plusieurs de ses homologues) et en était l’un des piliers. Joueur du Paris Saint-Germain depuis 2014, ce garçon né en 2002 au Blanc-Mesnil avait auparavant débuté à Mitry-Mory (77, une saison de débutant) et du côté de Villepinte (trois saisons).
Avant de se faire connaître non loin de là, à Tremblay-en-France (2012-2014), où tous ont gardé le souvenir d’un talent « attachant, qui sent le football » comme le souffle Salim Moumen, qui l’a eu sous ses ordres au Tremblay FC, alors que le jeune Adil jouait déjà avec des garçons tous plus âgés que lui. « Dans cette équipe, il y avait notamment Brendan Lebas (aujourd’hui aux Girondins de Bordeaux), Marwan Aouadi (actuellement au RC Strasbourg) et Allan Viral (qui a signé à Ipswich). C’était une très très bonne génération. Lui, il était première année, mais c’était le capitaine. Sur le terrain, ça ne se sentait pas du tout qu’il avait un an de moins que tout le monde. Il n’est pas obsédé par le but, mais par le jeu, on le ressent quand on le regarde. Moi, j’étais sur le côté, je voyais les choix qu’il fallait faire et lui trouvait des passes encore plus efficaces. À l’entraînement, j’entendais mon gardien de but qui devenait fou parce qu’Adil mettait le ballon où il le voulait. »
« Chez les petits, c’est assez rare de voir des garçons qui ont autant de vision du jeu, et lui l’avait déjà très tôt, complète son autre entraîneur au TFC Manou Akli, avec qui il est allé jusqu’en finale au Stade de France pour la Coupe 93 catégorie U11, en 2013. Quand on le découvre pour la première fois, on voit un garçon timide, réservé, qui ne donne pas l’impression d’être capable de faire de telles choses sur le terrain. Mais dans le jeu, sa qualité dans la dernière passe, son sens du but… Il est tellement fin techniquement et efficace qu’il se retrouve souvent en situation de marquer. » Même s’il n’est pas forcément voué uniquement à évoluer très haut sur le terrain : « L’année dernière avec les U17 du PSG lors d’un gros tournoi au Qatar (la Al Kass Cup), en finale, il a joué pratiquement sentinelle ! »
En finale de la coupe 93 au Stade de France en 2013. Aouchiche est le deuxième debout en partant de la gauche.
Finisseur, distributeur, fin technicien et loin d’être maladroit sur coup de pied arrêté, le gamin aux bouclettes s’épanouit dans un cadre sain. « La principale qualité d’Adil est déjà d’être bien entouré » , déclarait son sélectionneur à la suite de la démonstration de dimanche. Le constat est le même depuis ses débuts. « Il a des parents qui ont la tête sur les épaules et le suivent de près, souligne lui aussi Manou Akli. À l’époque, il y avait beaucoup d’intérêt pour lui, notamment de Lyon qui a fait le forcing(mais aussi Bordeaux et Lille). Les parents ont fait le choix de Paris pour le garder à proximité. Il est entré en avance au PSG, avec des garçons de la génération 2001. Il avait tous les ingrédients pour arriver là où il est aujourd’hui. »
Pas encore pro
Avant ce mois de mai ahurissant en sélection, le milieu offensif avait déjà commencé à se faire remarquer en disputant notamment la Youth League cette saison, signant au passage un petit bijou face au Napoli. « Au PSG, Thiago Motta l’avait monté d’un cran, et c’est un peu pareil en EDF. Donc il est forcément plus amené à être à la conclusion des actions, mais il fait aussi un gros travail défensif. Il a pris une dimension physique et a un bagage technique plus abouti. Le premier de ses matchs que j’ai vus cette saison, avec les U19 au Camp des Loges, je m’étais amusé à compter et je crois qu’il n’avait perdu qu’une seule balle dans le match » , sourit Salim Moumen.
En attendant, Adil Aouchiche reste un simple jeune du centre de formation du club de la capitale, et rien n’a été signé pour le moment si ce n’est un contrat aspirant. Quelle que soit l’issue de la compétition pour les petits Bleus, le joueur vient encore de grimper d’un échelon en matière de hype au sein d’un tournoi visiblement trop étroit pour lui. Il s’agirait donc de ne pas faire traîner le dossier : à Paris, les mauvaises aventures passées ne manquent pas.
Par Jérémie Baron
Propos de Salim Moumen et Manou Akli recueillis par JB, ceux de Giuntini tirés du Parisien.