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Antwerp, retour royal

Par Régis Delanoë
4 minutes
Antwerp, retour royal

En voilà un retour qui fait plaisir ! Tout juste promu dans l'élite du championnat belge après treize ans d’absence, le Royal Antwerp affronte Anderlecht vendredi en ouverture de la Jupiler Pro League. Avec le tandem D’Onofrio-Bölöni à sa tête, le doyen du football belge va tenter de retrouver sa gloire d’antan, avec notamment en mémoire la finale européenne disputée à Wembley en 1993.

En quoi c’est culte ?

Tout est culte ou presque dans la très longue histoire du Royal Antwerp. Ses origines, déjà, le sont : une naissance en 1880 au Café Alsacienne d’Anvers, où des étudiants anglais s’ennuyant loin de chez eux avaient décidé d’exporter leur sport national naissant. Il faudra attendre quinze ans de plus pour que la fédération soit créée, avec l’Antwerp Football Club – son nom d’alors – comme chef de file de cette structuration. Sa qualité de club doyen du pays lui valut d’obtenir le « Matricule 1 » , l’un de ses surnoms fort de sens, avec un autre, « The Great Old » . L’Antwerp est une antique institution à l’histoire mouvementée, sans vrai grand âge d’or mais avec de réguliers coups d’éclat : la chatoyante parenthèse offensive initiée par l’entraîneur Ignace Molnar dans les années 30, la flamboyance de Vicky Mees au cœur du jeu après-Guerre, la réception du grand Real Madrid pour le premier match européen de son histoire en 1957, les années Wilfried van Moer dans la seconde moitié des sixties, la magie de l’entraîneur Guy Thys, futur sélectionneur mythique des Diables Rouges et qui aura notamment sous ses ordres un certain Louis van Gaal… Et puis bien sûr il y a le 12 mai 1993, dernière fois que le club a été mis en lumière et dernière fois qu’une équipe belge disputait une finale européenne. Ce jour-là, à Wembley, devant un bon 37 000 spectateurs, avait lieu la finale de l’ex-Coupe des vainqueurs de coupe entre Parme et Antwerp. Une rencontre que les Italiens, emmenés par Brolin, Minotti et Benarrivo, allaient remporter 3-1 face aux hommes de Walter Meeus, dont Peter Lehnhoff, Dragan Jakovljevic et Stefan Stojanovic, le gardien qui deux ans plus tôt avait détourné la tentative d’Amoros lors de la séance de tirs au but de Bari entre l’OM et l’Etoile Rouge. L’épilogue d’un parcours européen à l’ancienne, avec pour adversaires jusqu’à la finale Glenavon, Admira Wacker, le Steaua et le Spartak Moscou.

Pourquoi ça a merdé ?

Le Royal Antwerp n’a jamais été un club paisible, même s’il a longtemps tenu le record du nombre de saisons disputées en élite (le Standard est passé devant depuis peu). Dès ses origines, il y a eu des complications, entre rivalité exacerbée avec son voisin le K. Beerschot VAC et problèmes de sécurité allant en s’empirant concernant son antique stade Bosuil (63 000 places du temps de sa splendeur, moins de 17 000 aujourd’hui et une mise en conformité compliquée). Il y a eu aussi la première rétrogradation passagère entre 1968 et 1970, les problèmes de caisse noire dans les années 80 et finalement le coup de grâce de la décennie suivante, celle de l’arrêt-Bosman qui a fait tant de mal au football belge. L’Antwerp monte pour la dernière fois sur le podium du championnat national en 1988, connaît un dernier top 5 en date en 1994, un dernier match européen cette même année, puis il disparaît des radars et s’enfonce dans la médiocrité. Ce n’est pas le partenariat avec Manchester United à partir de la fin des années 90 qui changera la donne, malgré quelques prêts prestigieux dont celui de John O’Shea en 2001. En 2004, les Anversois tombent en D2 et vont y rester treize longues saisons, jusqu’à ce qu’enfin ils parviennent à s’en sortir par le haut en étant sacrés champions de l’antichambre au printemps dernier.

Où ça en est aujourd’hui ?

« On peut faire de l’Antwerp un club de premier plan mais il va falloir être patient car une équipe ne s’achète pas, elle se construit. » Ces propos sont ceux de Lucien D’Onofrio, nouveau directeur sportif et vice-président de ce matricule numéro 1 qui s’apprête à disputer sa 97e saison en élite. Un D’Onofrio débarqué à Anvers en juin un peu à la surprise générale, avec sa réputation trouble (le petit bonhomme chauve qui fuit piteusement les caméras de Cash Investigation lors d’un reportage sur les affaires dans le football, c’est lui) mais au carnet d’adresse bien épais (en Belgique, à Porto mais aussi au PSG via le nouveau DS du PSG Antero Henrique, ancien de… Porto). Dans la foulée, a été nommé entraîneur un certain Laszlo Bölöni, ce qui permet à l’Antwerp de reconstituer le duo de directeur sportif et de coach responsable du dernier titre de champion de Belgique du Standard de Liège en 2009. Wim Decker, l’entraîneur responsable de la promotion au printemps dernier, est rétrogradé adjoint, dans un staff qu’a également rejoint Vedran Runje, l’ex-portier de l’OM et de Lens. Clairement, la formation anversoise compte cette fois bel et bien se réinstaller en D1 et a recruté en conséquence, notamment le gardien Sinan Bolat (ex-Standard et Porto…) et le roc Moustapha Bayal Sall, ancien des Verts. Deux joueurs arrivés gratos, ce qui vient conforter les propos du père D’Onofrio : une équipe se construit plus qu’elle ne s’achète, pour un retour au premier plan espéré à moyen terme.

Par Régis Delanoë

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