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- Real Madrid-Manchester City (1-1)
Antonio Rüdiger : dur sur le surhomme
Si Erling Haaland n'a pas eu l'occasion de briller ce mardi soir dans la demie aller de Ligue des champions entre le Real Madrid et Manchester City (1-1), c'est en partie à cause, ou grâce, à Antonio Rüdiger.
Un clin d’œil. S’il fallait résumer la belle partie de football offerte par le Real Madrid et Manchester City ce mardi soir à Santiago Bernabéu, ce petit geste taquin d’Erling Haaland vers Antonio Rüdiger à l’heure de jeu ferait largement l’affaire. La résultante d’un duel de titans le long de la ligne de touche, où l’Allemand et le Norvégien ont fait jouer coudes et fessiers pour conserver le ballon. Surtout, ce clin d’œil du Skyblue avait valeur de validation, pour un Rüdiger auteur d’une prestation majuscule. Aussi infranchissable que déterminé.
Erling who ?
Il devait pourtant être l’antihéros de ce match que l’on disait réservé aux esthètes. Pire, ces derniers jours, Antonio Rüdiger a suscité quelques inquiétudes au sein de cerveaux merengues préoccupés par la suspension d’Éder Militão. Habituel titulaire du poste, propre dans ses interventions et appliqué à la relance, le Brésilien laissait en effet un certain vide derrière lui. Mais comme souvent, ce sont ceux que l’on attend le moins qui en ont fait le plus. Et pour le prouver, Rüdiger a décidé de faire oublier l’existence d’Erling Haaland durant 90 minutes.
C’est bien simple, lors de cette heure et demie de frotti-frotta dictée par le natif de Berlin, le joueur de City n’aura réussi à gratter que trois frappes seulement. Un tir du gauche trop mou dès l’entame, une tête croisée dans la niche de Thibaut Courtois et une ultime tentative bien contrée par David Alaba. Mieux ? Haaland n’a touché le cuir qu’à 21 reprises, soit moins que les deux gardiens (Courtois 43, Ederson 29). En action, il suffit d’ailleurs de se focaliser sur la 80e minute, voyant l’avant-centre – certainement lassé – décrocher jusqu’au milieu de terrain afin de participer au jeu, et l’ancien de Stuttgart le suivre en sprint depuis sa surface de réparation.
La dégaine de l’emploi
Cette attitude de morfal a symbolisé l’ultraconcentration dont a fait preuve Rüdiger. Prévenu de son marquage individuel sur Erling Haaland deux jours auparavant, comme précisé par Relevo, l’ancien de Chelsea s’est donc mis en mode survie. Au point de célébrer chacune de ses interventions en tapant dans les mains de ses coéquipiers ou en haranguant des tribunes chauffées par ses mouvements de loubard. Ces mêmes interventions parfois à la limite, qui le pousseront à gentiment assommer İlkay Gündoğan d’un coup d’épaule/coude dans la mâchoire. Un geste dont a dû se souvenir Kevin De Bruyne, victime du même sort lors de la finale de C1 face aux Blues à l’été 2021.
Respecté mais rarement apprécié, le défenseur central de 30 ans a ainsi assuré dans l’ombre, comme souvent. Débarqué gratuitement au Real Madrid en août dernier, il a en effet assumé toutes les tâches lui incombant de manière sérieuse, malgré des débuts poussifs. Suffisant pour cumuler le neuvième temps de jeu du club (48 matchs pour 3545 minutes), régulièrement dépanner au poste de latéral et, de manière plus surprenante, ne récolter que deux cartons jaunes. Les plus filous ironiseront sur l’arbitrage favorable à la Maison-Blanche. En attendant, Antonio Rüdiger a de nouveau prouvé sa valeur face à l’un des meilleurs attaquants de sa génération et au collectif le plus rodé du monde. Et si le Real Madrid venait à être éliminé après la manche retour, « Rambo », lui, pourra se dire qu’il a mené sa mission à bien.
Par Adel Bentaha