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Antonio coiffure
Unique sélection sur les 24 à s’offrir le luxe de disputer une rencontre de poules comptant pour du beurre, l’Italie en profite pour faire une revue d’effectif entre repos des cadres et opportunité pour les remplaçants.
« Il y a trois matchs de poule et tout le monde aura sa chance. J’ai justement choisi ces 23 parce que je pense qu’ils joueront tous. » Voici ce que déclarait Antonio Conte durant sa conférence de presse, une fois installé dans son QG montpelliérain. Avant d’être certain de finir à la première place, le sélectionneur italien avait déjà utilisé 17 des 21 joueurs de champ en deux rencontres (ne manquent à l’appel qu’El Shaarawy, Bernardeschi, Insigne et Ogbonna). Face à l’Irlande, il pourra exaucer son souhait et faire jouer les coiffeurs, comme on dit dans le jargon, lui qui tient particulièrement à sa santé capillaire. En outre, la Nazionale étant une des sélections les plus âgées (31 ans et 9 mois la moyenne du 11 de départ face à la Belgique, record all-time de l’Euro), ce troisième match de poule sans enjeux ne sera pas du luxe.
Mèches jaunes
Chiellini avait pourtant tout fait pour choper sa biscotte à la fin d’Italie-Suède. Problème, cette perte de temps volontaire pour tirer un coup franc dans sa moitié de terrain était tellement grillée que M. Kassai a décidé d’avertir son complice Buffon. Fallait pas jouer au plus malin. Du coup, ce sont les trois quarts de la défense italienne qui sont sous la menace d’une suspension au prochain carton, Gigi, Giorgio et Bonucci ayant déjà pris leur petit jaune pas trop tassé. Le seul « diffidato » contre l’Irlande sera Thiago Motta, aligné à la place d’un De Rossi lui aussi déjà averti. De ce point de vue, le huitième de lundi prochain risque d’être un carnage en vue d’éventuels quarts. Le « miraculé » Barzagli, pourtant le plus vieux, guidera ainsi l’arrière-garde aux côtés d’Ogbonna et Darmian. Il portera également le brassard de capitaine, puisque Sirigu profitera de ce turn-over. D’ailleurs, le futur ex-Parisien étrennera sa 17e sélection, ce qui fera de lui le vice-Buffon le plus capé devant Toldo (si on ne compte pas les matchs à l’Euro 2000 de ce dernier). Lot de consolation pas si dégeu.
Mise en plis en attaque
Cette opposition face à l’Irlande sera également l’occasion de revoir le duo Zaza-Immobile à l’œuvre. C’est eux qu’Antonio Conte avait choisis pour former sa première attaque titulaire au début de son aventure « azzurra » . Les deux avaient répondu présent en plantant leur pion, contre les Pays-Bas pour Ciro (un amical) et la Norvège pour Simone (match de qualif). Un duo assorti sur et en dehors du terrain, qu’Immobile avait qualifié « d’ignorant » lorsque les deux compères s’étaient retrouvés en conférence de presse pour le match suivant un mois plus tard. Ignorant dans le sens un peu bourrin, pas très fin, qui ne se prend pas au sérieux mais volontaire dans l’effort. Et si leurs difficultés et statuts en club les ont relégués dans la hiérarchie au profit d’Éder et Pellé, le sélectionneur a décidé de ne pas s’en priver. Pas le plus populaire des choix, mais il a eu raison, comme souvent, puisque chacun a été auteur d’une entrée remarquée. Immobile face à la Belgique avec une jolie tentative détournée par Courtois et la contre-attaque menée qui débouche sur le 2-0 de Pellè. Zaza face à la Suède, à deux doigts du torticolis pour remettre un ballon aérien dans la course d’Éder, auteur du but victorieux. De fait, cette rencontre est une belle opportunité pour faire vaciller les certitudes du coach.
Le dégradé du sans-grade Insigne
Un turnover qui devrait cependant épargner deux éléments, principalement parce que Conte n’a pas fait sa liste à la Deschamps, c’est-à-dire deux onze, plus un troisième gardien, interchangeables dans un 4-3-3. Non, lui a misé sur la polyvalence de ses joueurs et s’est permis d’emmener quatre arrières centraux alors qu’il évolue à trois derrière. Du coup, ça bouchonne devant, à cause aussi de l’immuable 3-5-2. Bon, que Bernadeschi soit encore remplaçant pour cette rencontre n’a rien de surprenant vu son statut de newbie, en revanche Insigne… mais en fait pas tant que ça ! Élu à l’unanimité comme footballeur le plus talentueux de l’effectif italien, le pensionnaire du Napoli va devoir prendre son mal en patience, avec ce 3-5-2 pas pour lui, trop près du but et des défenseurs axiaux adverses. Lui attend un éventuel et improbable passage en 3-4-3, mais sans trop y croire. Du coup, il sera également un joker pour ce match des coiffeurs, et dans une « vraie » rencontre, Conte ne devrait l’utiliser que si l’Italie perd 2-0 à la 75e minute. Point positif, le « scugnizzo » est un des plus démonstratifs à chaque but italien. Aucun lézard, pas de polémiques. Le groupe avant tout. Là est la plus belle réussite du sélectionneur transalpin, avec ses implants évidemment.
Par Valentin Pauluzzi