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Antonio Candreva, l’atout charme de la Lazio
Avec sa belle gueule, sa coupe de hipster et sa barbe soigneusement taillée, Antonio aurait pu être organisateur de soirées branchées, designer ou égérie mode. Mais il a choisi footballeur, métier où il peut également faire parler sa classe, son esthétique et ses talents de créateur.
« Je fais confiance aux tifosi laziali. Je veux que leurs sifflets contre moi deviennent des applaudissements. » Il fut un temps pas si lointain où Antonio Candreva, aujourd’hui pilier de la Nazionale et meilleur passeur de la Lazio depuis deux saisons, se faisait huer par les supporters biancocelesti. Si cette période n’a pas duré longtemps, elle a pourtant bien existé. C’était en février 2012, et Antonio, pas encore 25 ans, venait d’arriver à Rome par le biais d’un prêt formulé par l’Udinese. Deux ans auparavant, alors qu’il jouait pour la Vieille Dame, Candreva avait effectivement commis l’irréparable en faisant les louanges de Francesco Totti et Daniele De Rossi, joueurs emblématiques de l’ennemi juré. Quelques jours après son arrivée, le Romain avait dû démentir devant la presse en déclarant ne jamais avoir supporté la Roma, ni même s’être rendu en Curva Sud. « Actuellement, je ne pense qu’à jouer et honorer le maillot de la Lazio à chaque fois que je le porte, mais aussi à faire changer l’avis que les Laziali ont de moi. » Trois ans et quelques buts d’anthologie plus tard (celui contre la Roma lors du derby de 2012, notamment), cette histoire n’est plus qu’un lointain souvenir. Cette saison encore, Antonio Candreva fait le bonheur de son coach et des tifosi biancocelesti. Et pour cause, la Lazio est deuxième, et la présence du hipster italien n’y est certainement pas étrangère.
Héros Nazionale
À l’image de cette arrivée tumultueuse à l’hiver 2012, la carrière d’Antonio Candreva a mis un certain temps à décoller. Formé dans le petit club de Ternana, en plein centre de l’Italie, le Romain est ensuite transféré à l’Udinese où il sera perpétuellement prêté par le club frioulan. Bringuebalé entre Livourne (une saison et demie), la Juventus (quatre mois) et Parme (une saison), Toto atterrit finalement à Cesena à l’été 2011 où il restera à peine six mois, le temps de claquer deux/trois buts et de faire la connaissance de Marco Parolo qu’il retrouvera quelque temps plus tard en sélection, puis à la Lazio. Incapable de s’intégrer durablement dans un club, Antonio Candreva se contente de passages en coup de vent dans les différentes écuries qui veulent bien l’accueillir. Jusqu’à ce qu’il retrouve Rome, sa ville natale, et que débute la belle histoire laziale qui dure depuis trois ans maintenant.
Contrairement à son parcours en club, Candreva a rapidement trouvé une certaine forme de stabilité en sélection. Très régulièrement convoqué avec les jeunes entre ses 17 et 21 ans, il est appelé pour la première fois par Marcello Lippi lors d’un match amical contre les Pays-Bas, sept mois avant le début de la Coupe du monde 2010. Aligné ce soir-là aux côtés d’Andrea Pirlo, Angelo Palombo et Mauro Camoranesi, le jeune Antonio séduit, mais pas au point d’être retenu parmi les 23 chanceux qui s’envoleront pour le Mondial en Afrique du Sud. Un moindre mal quand on connaît la suite de l’histoire… Snobé lors des deux années suivantes, y compris pour l’Euro 2012, Candreva réintègre la Squadra de Prandelli en octobre 2012 pour ne plus jamais la quitter depuis. Titulaire durant la Coupe des confédérations 2013 ainsi qu’au dernier Mondial, le Romain a également résisté à la prise de fonction d’Antonio Conte qui semble bien décidé à en faire son ailier droit favori. À 28 ans, Toto compte 27 sélections en équipe nationale et ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin.
Toto Di Laziale
Le voici donc chef de meute à la Lazio. Bien connu de ses pairs et des fidèles de la Squadra Azzurra, Antonio Candreva reste par chez nous une énigme pas encore complètement résolue. Nettement moins populaire que Marchisio, De Rossi, Thiago Motta, Cerci ou même Insigne, le numéro 87 laziale fut pourtant l’une des seules réjouissances de la dernière Coupe du monde côté italien. Avec ses 12 buts en 37 matchs de Serie A l’année dernière, Candreva a décroché un nouveau record jusqu’alors détenu par Pavel Nedvěd : celui du milieu de terrain laziale le plus prolifique sur une saison. Record qui pourrait d’ailleurs être battu par un certain Felipe Anderson si le Brésilien se décide à mettre plus de deux buts d’ici la fin du championnat – ce qui ne devrait pas être trop difficile vu ses stats actuelles.
Antonio Candreva, la France a pourtant bien failli le découvrir l’été dernier. Très sérieusement pisté par les dirigeants du Paris Saint-Germain, Nasser et sa clique étaient prêts à offrir 30 millions d’euros à la Lazio pour s’offrir les services du barbu ciel et blanc. Un Mondial et quelques semaines de vacances plus tard, l’Italien décide finalement de rester dans la Ville éternelle et prolonge même son contrat qui le lie désormais à la Lazio jusqu’en juin 2019. Indétrônable sur son côté droit, Antonio Candreva forme avec Felipe Anderson, Stefano Mauri et Miroslav Klose le quatuor offensif le plus sexy de Serie A. Rien d’étonnant quant on sait que la Lazio dispose de la meilleure attaque d’Italie et que 36 des 58 buts marqués par l’équipe de Pioli sont l’œuvre de ces quatre joueurs. Meilleur passeur du club depuis deux saisons, quatrième meilleur buteur cette année, le milieu tout terrain affiche un rendement impressionnant qui attire logiquement les convoitises des grosses écuries. Même si Candreva n’a jamais caché son intérêt pour le PSG, sa récente prolongation de contrat couplée aux excellents résultats de la Lazio pourraient bien le faire rester encore un moment dans la capitale. Le temps de prouver, à qui en doutait encore, que son cœur est absolument tout sauf romanista.
Quelques pétards de Candreva :
Par Morgan Henry