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  • France – Ligue 1 – 31e journée – Rennes/PSG

Antonetti, fini de rire

Par Régis Delanoë
Antonetti, fini de rire

En fin de contrat en juin, Frédéric Antonetti pourrait pourtant continuer au moins une cinquième saison du côté de Rennes. C'est en tout cas le souhait de son directeur sportif Pierre Dréossi, qui jure ne pas avoir grand-chose à reprocher à son entraîneur. L'absence de fonds de jeu a pourtant de quoi agacer, les résultats depuis le début de l'année 2013 inquiéter et la sinistrose qui semble envelopper son effectif interpeller. Le Corse est encore l'homme de la situation, vraiment ?

Récemment encore, il faisait marrer le public et les médias. Aujourd’hui, il semble surtout susciter de la crispation. Frédéric Antonetti reste un drôle de personnage du football français, un atypique avec une carrière longue de déjà plus de 500 matchs sur le banc d’une équipe d’élite. Ce n’est pas rien et l’on ne dure pas autant à ce niveau en étant un zéro. Il est d’ailleurs acquis que le gars Frédo est loin d’être une banane. Beaucoup louent notamment ses qualités humaines. À raison. Et normal pour une personnalité riche, complexe et attachante qu’avait révélée un très bon portrait paru dans L’Équipe en début d’année. Anto est un bon type qui sait faire progresser ses joueurs. Encore récemment, Jean-Armel Kana-Biyik l’a défendu avec vigueur sur les ondes d’RMC : « Il stabilise l’équipe première à un certain niveau. À force de persévérer, il va parvenir à ses fins. »

Un parcours de relégable en 2013

Le raisonnement paraît convenir aussi à Pierre Dréossi. Le 8 mars dernier sur France Bleu, le directeur sportif a affirmé n’avoir rien à reprocher à son entraîneur, si ce n’est peut-être une communication maladroite. « Je ferai tous les efforts pour garder Antonetti, a-t-il martelé, car je pense que c’est le bon homme pour le Stade rennais. » Tout indique qu’une prolongation de contrat lui sera proposée, si ce n’est déjà fait. Et c’est logiquement fin avril, après la finale de Coupe de la Ligue qu’on saura si, oui ou non, les Bretons repartent avec le Corse comme meneur de troupe pour au moins une cinquième saison. Un choix important et pas facile à faire. Car une fois qu’on a évoqué les qualités du bonhomme, qu’on a déplié son gros CV d’entraîneur expérimenté et qu’on a fait causer ses principaux défenseurs, il y a aussi beaucoup à dire sur sa part d’ombre. Sur le fond comme sur la forme, le Stade rennais version Antonetti suscite pas mal de doutes. Et l’on peut franchement se demander si les deux sont faits pour être (encore) ensemble.

Car depuis le début de la phase retour, les Rouge et Noir traînent un parcours de relégable, avec seulement 10 points pris sur 33 possibles. Seuls Brest et Valenciennes font pire. Si c’est une stratégie pour arriver au Stade de France face à Saint-Étienne en position d’outsider, c’est du génie… Sauf qu’évidemment, ce n’est pas le cas. Alors c’est vrai que l’entraîneur n’est pas pour grand-chose dans la grave blessure de Romain Alessandrini et la fatigue post-CAN de Jonathan Pitroipa, entre autres mésaventures. Mais quand même, une équipe bien bâtie doit être en mesure de digérer ces aléas par des plans B. Or ça n’est pas le cas. Le Stade rennais donne l’inquiétante impression de naviguer à vue, sans un fonds de jeu bien abouti, sans une tactique bien élaborée, sans vraiment de certitudes. Alors que tout de même, ça fait bientôt quatre ans qu’Antonetti a le poste ! C’est un mandat long, suffisamment long pour prendre la mesure du chantier qu’on a devant soi, tester des schémas tactiques, retenir les bons, enlever les autres. Avoir une palette de formules à présenter pour surprendre l’adversaire, s’adapter aux blessures, aux suspensions et aux coups de moins bien.

« Je n’arrive pas à inculquer la culture de la gagne »

Force est de constater que ce n’est pas le cas. Le perpétuel 4-2-3-1 du père Anto reste inchangé. Pourtant, avec la blessure d’Alessandrini ou la méforme d’Erding, il aurait pu y avoir moyen de tenter d’autres choses. Mais non, l’entraîneur s’obstine à jouer avec une seule pointe et à remplacer numériquement Alessandrini par Sadio Diallo, alors que celui-ci est clairement en galère. Du coup la machine offensive est déréglée. L’équipe se procure des occasions, mais manque cruellement d’efficacité face au but. Et comme en défense, ça ne respire vraiment pas la sérénité ces temps-ci, les contre-performances s’enchaînent. Et avec elles s’installe un climat de sinistrose. Or, là aussi le comportement d’Antonetti est critiquable. Plutôt que d’essayer d’insuffler un sentiment de révolte à son groupe, il semble l’inhiber.

Si on schématise grossièrement ses discours face à la presse, on obtient quoi ? Quand son équipe perd, il combine fatalisme et posture de victime éternelle, façon « Rennes n’a pas les moyens de viser plus haut, on n’est pas aimé, on est lésé par l’arbitrage, etc. » Et même quand elle gagne, Antonetti donne l’impression de préférer anticiper les défaites qui ne manqueront pas de venir dans la foulée, vu les limites de son effectif. À la longue, ce défaitisme a forcément de quoi plomber l’ambiance. Et contaminer le moral de ses joueurs. « Je n’arrive pas à inculquer la culture de la gagne » , reconnaissait-il dernièrement. Il y a un désagréable sentiment d’impuissance dans son discours depuis quelque temps, comme le week-end dernier après la défaite face à Nancy, où il s’est dit « désabusé » , ou encore cette semaine en conférence de presse, où il s’est interrogé : « Pourquoi on n’arrive pas à faire 10 mois régulier ? C’est une question que je me pose aussi. » . Alors peut-être faudrait-il, pour lui comme pour le Stade rennais, que l’histoire s’arrête là. Avec si possible enfin un trophée à récupérer le 20 avril à Saint-Denis, histoire quand même de partir avec les honneurs. Et le sourire.

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Par Régis Delanoë

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