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Antonetti, des Grenats à dégoupiller
Le FC Metz entame ce lundi une nouvelle mission remontée, et a placé en tête d'escouade le technicien corse. Et si Frédéric Antonetti semble avoir mis un peu d'eau dans son vin pendant son intermède télévisuel, le cocktail peut s'avérer explosif en Lorraine.
C’est à quelques encablures du début du Mondial que Fred Antonetti est sorti du petit écran pour se remettre dans le champ du réel, celui pour lequel il est bâti, à savoir le poste d’entraîneur. 18 mois qu’il était éloigné des terrains, depuis son éviction d’un LOSC déjà en pleine déconfiture. Celui qui était encore la saison dernière le voisin de table de Pierre Ménès sur le plateau du Canal Football Club a pris le temps pour se relancer dans un nouveau projet. Il aura fallu qu’un club où il « se sente désiré » croise sa route pour lui faire enfiler à nouveau le survêt. Ce sera donc le FC Metz. « J’ai trouvé ici ce que je recherchais » , assurait-il lors de sa présentation à la presse mi-juin. Qu’importe que ce retour se fasse en Ligue 2, niveau qu’il devra « redécouvrir » . Au contraire.
Las de jouer les pompiers comme il l’avait fait à Lille, le Corse retrouve justement le genre de défi qu’il affectionne. Avoir le temps de prendre en main un projet, chambouler les habitudes, donner sa confiance à quelques cadres tout en lançant des jeunes, pour au final remettre en selle « une place forte du football français » . Comme à l’époque où il était adjoint de son Sporting Club de Bastia, relancé en D1 en 1994, avant de l’amener en Europe. Comme lorsqu’il a sorti de la cave Saint-Étienne en 2004 ou fait basculer l’OGC Nice dans la première partie de tableau. Un bâtisseur dont le club à la Croix de Lorraine avait besoin pour repartir sur un nouveau cycle après une saison éreintante et une relégation déprimante.
Un Fred moins corsé
Car pour Metz, compter sur Frédéric Antonetti, c’est l’assurance d’avoir sur son banc un coach rompu à cet exercice et aux méthodes bien définies. Une manière pour les Mosellans d’ouvrir la fenêtre pour faire entrer de nouvelles idées dans la maison, puisque trois de ses quatre derniers entraîneurs étaient des anciens de Saint-Symphorien (Albert Cartier, Philippe Hinschberger et Frédéric Hantz). Si pour certains, une descente aurait pu être l’occasion de lancer un jeune coach issu de la famille grenat, comme Sylvain Marchal ou Grégory Proment, le président Bernard Serin se réjouit de sa pioche – évoquant que l’entraîneur avait déjà été sondé en octobre dernier. « Son arrivée permet de construire les fondations solides du projet sportif, assurait le patron à moustache. Frédéric Antonetti a la compétence, la capacité de travail et le souci du détail. C’est une grande satisfaction. »
Surtout, les joueurs messins croiseront chaque jour ce personnage haut en couleurs, qui saura les bousculer comme les couvrir. « Quand vous avez sa confiance, il vous protégera contre vents et marées, relatait Julien Sablé au Républicain Lorrain, qui a eu le Corse comme entraîneur à Sainté et à Nice. Ça fait parfois des étincelles, mais au moins vous savez où vous allez avec lui. C’est quelqu’un d’entier, avec une pure franchise. Il façonne son groupe avec son envie de jouer. Il aime gagner, bien sûr, parce que c’est la priorité, mais il essaye d’avoir une équipe plaisante et pétillante. » Ceux qui se souviennent de ses coups de sang sur les bords du terrains pourraient être légèrement déçus, puisque le bonhomme affirme de lui-même que son expérience de consultant télé lui a permis de « voir le football à travers une autre fenêtre et de prendre des cours de communication à vitesse grand V » . Comme quoi, même à 56 ans, on peut toujours apprendre… sans pour autant bazarder ses principes.
Un caillou comme première pierre
Au moment de construire son effectif, Fred Antonetti a pris les commandes pour faire passer ses voeux. Ok, le budget et les exigences de la Ligue 2 obligent le club à faire des sacrifices, comme laisser partir le meilleur buteur Nolan Roux (à Guingamp), la satisfaction Florent Mollet (à Montpellier) ou l’espoir Moussa Niakhaté (à Mayence). Mais difficile pour lui d’accepter de voir son groupe se faire piller. Le technicien met par exemple tout en oeuvre pour conserver Mathieu Dossevi, malgré les sollicitations à l’étage du dessus (Toulouse, Bordeaux). « Il m’a dit que le temps qu’il était là, il était disponible et qu’il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour nous aider, faisait le point le coach dans les colonnes du Républicain Lorrain. C’est tout à son honneur. J’aimerais bien qu’il reste, il le sait, mais un joueur qui a 30 ans et une bonne opportunité, c’est plus dur à retenir qu’un joueur à développer. »
Et si l’international togolais venait à s’envoler, le président Serin devra réagir pour ne pas froisser son entraîneur. Certes, il a accédé à ses demandes, comme celles de venir avec son fidèle adjoint Jean-Marie De Zerbi et de recruter les défenseurs Stoppila Sunzu et John Boye, qu’il a dirigé respectivement à Lille et Rennes. Un bon début pour appliquer son plan de jeu : « Je veux une formation solide et performante à la récupération du ballon, que mon équipe soit active et provoque les erreurs adverses. Il ne faudra pas ronronner et avoir une variété dans notre jeu » , annonçait-il. Mais on sait à quel point les relations peuvent être complexes entre Bernard Serin et ses coachs, comme avec Fred Hantz l’an dernier. Sauf que cette fois, le capitaine d’industrie trouvera sur sa route un gros caillou qui, aussi poli soit-il par le temps, restera droit dans ses bottes pour arriver à ses fins : faire monter Metz en Ligue 1 avec ses idées ou mourir avec elles.
Par Mathieu Rollinger