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- France-Albanie (3-0)
Antoine, les opticiens !
Puisqu'il faut être rabat-joie sur un point, que ce soit celui-là : au milieu du succès 3-0 de l'équipe de France sur Andorre, Antoine Griezmann a raté un penalty, trois jours après le premier contre l'Albanie. Spoiler : ça n'était pas le seul de la soirée.
La dernière fois, c’était sa femme, et ça avait bien fait marrer tout le monde. « C’est sûrement parce qu’elle n’a pas regardé le match, avait-il glissé en zone mixte après le carton face à l’Albanie (4-1). C’est vrai que j’étais sur une bonne dynamique, mais on ne peut pas toujours marquer, c’est dommage, il va falloir retravailler ça. » Lorsque Antoine Griezmann envoie balader les journalistes, c’est toujours en les caressant à demi.
Il est comme ça, « Grizou » : une pirouette pour évacuer la question taquine, celle concernant son penalty envoyé sur la barre de Thomas Strakosha, et on passe à la suivante, manière polie de signifier que s’il faut bien remplir les papiers du lendemain, autant qu’il y figure pour son humour. Mais ce mardi soir face à Andorre, le bonhomme s’est de nouveau loupé sur l’exercice, son deuxième échec, donc, après sept succès consécutifs en Bleu, devenant au passage le premier Français à manquer deux penaltys consécutifs sur les dix dernières saisons. C’est dommage, il va falloir retravailler ça.
Occurrences
Au cours d’un match plus monotone qu’un épisode de la vie de Gary, l’escargot de compagnie de Bob l’Éponge, voilà un geste noble que celui d’offrir à la presse un endroit où planter ses crocs. Évacuons la problématique d’entrée : oui, il est mal tiré. Mieux que celui d’il y a trois jours – parce qu’il est cadré, déjà –, moins bien que la plupart des autres. Point. On se fiche des explications comme de la pointure de Blanche-Neige, même si l’on sait qu’il faudra en apporter, faute d’avoir beaucoup d’autres choses sur lesquelles phosphorer. Il relève d’ailleurs d’une certaine ironie que ce soit sur la tête de type-là que tombe le menhir, tant les occurrences « Griezmann penalty » sur Google sont nombreuses. Là, sautillant de l’URL en haut de la barre de recherche, cette fois où il montra deux fois à Subašić où il allait tirer – à droite –, avant de faire l’inverse. C’était en finale de Coupe du monde. Cette fois où il était dans une chanson. Cette fois où, avec l’Atlético, un soir de décembre dernier, il inscrivit son 200e but en carrière.
Cette fois où il dit : « Je pense avoir trouvé le petit truc pour les mettre, mais je ne peux pas le dire. Il y a un an ou deux, je les ratais tous. » C’était dans une salle de conférence de presse d’Istra, loin d’ici, loin des petits fours du Stade de France, après un France-Argentine monstrueux (4-3). À bien y regarder, pas faux : sept dans une vie, qu’est-ce que ça représente, pour 17 réussites ? Deux ratés lors de la saison 2015-2016, toujours face à Keylor Navas. Puis trois en 2016-2017 ce qui, pour le coup, ressemble à de l’accumulation. Pour les convaincus du bulbe, ceux qui estiment que la vie n’est qu’une éternelle boucle de recommencement, on ne trouve qu’un passif de deux penaltys ratés consécutivement : contre le Bayern Munich (1-0), en Ligue des champions, le 28 septembre 2016, puis contre le Valence CF (2-0), le 2 octobre suivant en Liga. Bravo, la vie est un rond.
Kane, dans la danse
Autre constance : sur ses huit ratés, donc, six ont eu lieu à l’hiver. Tirez-en les conclusions que vous voulez, ce que ne fait pas Didier Deschamps : « Antoine, il ne gamberge pas. Il a su mettre les penaltys quand il a fallu les mettre. Il en a raté deux, mais s’il y en a un troisième à marquer au prochain match, il sera là » , a-t-il glissé en conférence de presse. Léo Dubois, lui, a gentiment laissé entendre qu’il ne se permettait pas encore de le chambrer sur le sujet, si tant est qu’il soit abordé un jour, ce qui n’avait pas été le cas dans les vestiaires.
Probablement parce qu’après avoir buté sur les gants de Josep Antonio Gómes, type au parcours aussi coloré qu’incompréhensible, Griezmann s’est marré, et que cela ne l’a pas empêché de livrer une prestation dans ses habitudes, toute en déviations intelligentes et coups de pied arrêtés bien sentis, une passe décisive au compteur à la fin. Les malins auront remarqué que 350km plus à l’est, dans la folie de Southampton où Anglais et Kosovars se sont arrachés les vêtements (5-3), Harry Kane s’est également loupé sur l’exercice. C’était aussi son huitième raté en carrière, le troisième en sélection. Va-t-on en faire tout un fromage ? Non, mais c’est à se demander où était son épouse.
Par Théo Denmat