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Antoine Kombouaré peut-il tourner la page ?
Antoine Kombouaré a vécu la saison la plus frustrante de sa carrière avec le Racing Club de Lens, ce qui est peu dire quand on parle d'un entraîneur viré du PSG alors qu'il était leader de Ligue 1. Lui qui n'a pu empêcher la relégation des Sang et Or veut rebondir ailleurs, mais en aura-t-il vraiment la possibilité ?
« Je suis vacciné. » Après la victoire honorifique contre Nantes lors de la dernière journée de Ligue 1, Antoine Kombouaré s’était présenté devant la presse en homme résigné, mais pas pour autant abattu. Après une saison en enfer, qui a vu le RC Lens privé de mercato, menacé de dépôt de bilan, et aujourd’hui de relégation administrative en plus de celle sportive, le Kanak se veut renforcé par l’épreuve, même s’il l’avait admis au Parisien, « c’est la pire saison qu(‘il) ai(t) eu à vivre » . Sans moyens, sans même d’espoir face au jeu du chat et de la souris entre Gervais Martel et son actionnaire fantôme Hafiz Mammadov, l’ancien défenseur et entraîneur du PSG n’a jamais été au bout de ses surprises, car il savait « que ce serait compliqué, mais pas à ce point » .
Même s’il a le cuir épais, l’entraîneur de Lens a atteint une sorte de point de non-retour, comme expliqué récemment en conférence de presse : « Au moment où je vous parle, ce qui m’anime, c’est l’envie de partir. » Un sentiment qui, selon Kombouaré, est partagé par l’ensemble de son groupe, à la recherche d’un « club qui n’a pas de problèmes » . Aujourd’hui, le technicien veut couper, « partir en vacances » . Et après ? Pour le moment, il reste lié pour un an au RC Lens…
La descente, une tache sur le CV
Pour quitter l’Artois, faudra-t-il encore que Kombouaré trouve preneur ou, à défaut, un accord à l’amiable avec le Racing pour résilier. Ce qui ne devrait pas être si compliqué si le Kanak insiste pour mettre fin à son séjour dans le Nord. Sa véritable problématique aujourd’hui consiste à mesurer les dégâts sur sa réputation de son implication dans le projet lensois. Forcément, sa « grève » de l’entraînement en début de saison pour protester contre les incertitudes autour d’une relégation en Ligue 2 pourrait refroidir quelques dirigeants, même si pour l’entraîneur, « la tache indélébile » sur son CV est surtout la descente du club et sa dernière place en championnat avec 29 points.
Mais comme il l’a lui-même souvent répété, il n’avait pas les armes pour espérer mieux et n’a donc pas forcément perdu en termes de crédibilité technique. D’autant plus que jusqu’à la mi-saison, malgré un recrutement interdit et des matchs à domicile disputés à Amiens, son Racing avait su maintenir l’espoir tout en révélant quelques jeunes talents comme Cavaré, Bourigeaud ou Guillaume. Avant de s’écrouler en seconde partie de saison, une fois que le mercato d’hiver avait confirmé la débandade d’Hafiz Mammadov et donc l’impossibilité de régénérer un groupe trop juste.
Mais au-delà d’un pari qu’il n’était peut-être pas si loin de gagner, Antoine Kombouaré a sauvé son image à travers sa posture de capitaine qui coule avec son navire en seconde partie de saison : une attitude digne, un discours porté vers le match d’après, et une volonté, même à la dernière journée, d’arracher une victoire pour un public lensois qu’il n’a cessé de complimenter. Sur le site officiel du club, il a même su retourner la situation défavorable à son avantage en déclarant qu’il avait « beaucoup appris en tant que coach, mais surtout en tant qu’homme » et n’avoir aucun regret d’avoir signé chez les Sang et Or, que « si c’était à refaire » , il replongerait…
Peu de places à prendre
À moins d’un revirement de situation dans l’organigramme du Racing, l’histoire commune est proche de la fin : « À 90%, je m’en vais » a-t-il concédé au Parisien, « les 10% restants correspondent à ma dernière année de contrat. » Le Kanak aspire aujourd’hui à trouver un projet ambitieux, soit en France, soit en Angleterre, vu qu’il parle couramment anglais depuis son passage à Aberdeen. Aujourd’hui néanmoins, les possibilités sont limitées : son nom a circulé comme un possible successeur de Christophe Galtier à Saint-Étienne, mais ce dernier devrait rester dans le Forez, tandis qu’à Nantes, Michel Der Zakarian est toujours en place. Le seul banc qui semble à même de se libérer prochainement est à Guingamp, si Jocelyn Gourvennec venait à être débauché par un plus gros club, tandis qu’en Angleterre, seuls deux clubs de Premier League du standing adapté sont à la recherche d’un nouveau manager : Newcastle et Sunderland.
À moins que le Kanak n’accepte un projet neuf mais ambitieux comme celui du Paris FC, lequel semble douter du potentiel de son technicien actuel, Christophe Taine, et réfléchit à installer un entraîneur de plus grande envergure pour mener à bien ses rêves de grandeur. Mais pour l’instant, la solution la plus probable reste que Kombouaré démarre la saison sans contrat et s’installe là où sera tombé la première tête en début de saison prochaine. C’est aussi ça, les aléas du métier.
Par Nicolas Jucha