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Antoine Kombouaré, kanak en eaux vives
Au terme d’une semaine exceptionnellement animée dans le quotidien amorphe toulousain, les Violets existent de nouveau. Médiatiquement, d’abord, avec l’arrivée d’Antoine Kombouaré et ses déclarations lunaires. Sportivement, ensuite, avec une victoire inespérée sur le papier, mais incontestable sur le terrain, contre Lille. Comme quoi, tamponner un dauphin peut donner de l’air.
« Je ne croyais pas mes joueurs capables de réaliser une aussi grande performance. » La sacro-sainte salle de conférence de presse n’est décidément pas le fort d’Antoine Kombouaré. Ça, les supporters toulousains n’ont pas mis longtemps à le comprendre. Après une victoire probante (2-1) ce samedi contre une équipe de Ligue des champions, qui n’avait de ce niveau que le souvenir de la saison passée, le nouvel homme fort de la maison violette a clôturé la semaine par cette nouvelle sortie quelque peu étourdissante. Le Kanak n’est pas là pour gagner l’amour de ses joueurs, mais pour rendre la pareille à Olivier Sadran, qui lui a offert une énième chance dans l’élite. Pas forcément justifiée, d’ailleurs, au vu des résultats des équipes de Kombouaré la saison passée (Guingamp et Dijon). Mais les supporters du Tèf ont appris à s’habituer, un peu fatalement, à la médiocrité.
Passer d’un coach incontestablement attaché au club, mais dépassé dans son métier à un autre incontestablement indifférent au violet, et dont la nomination commence à sentir le rance : objectivement, les raisons de se réjouir ne sont pas nombreuses pour les rares fidèles des travées du Stadium. Comme si le TFC n’avait plus le droit à l’ambition, condamné à engager des pompiers (Dupraz, Kombouaré) pour éteindre les incendies qu’il a lui-même allumés, sur fond de copinage et d’entre-soi. Casanova, Arribagé et Debève n’étaient que des numéros deux — dans le meilleur des cas —, mais le critère premier, à Toulouse, est très souvent d’appartenir à la maison.
Posture médiatique
Alors, au moins, Antoine Kombouaré avait pour lui de détonner dans le paysage toulousain, à défaut du paysage footballistique français. Une nomination dans la lignée de celle de Pascal Dupraz, un coach dont on sait que les valeurs de l’équipe résideront davantage dans les attributs masculins plutôt que dans l’amour du jeu offensif et léché. Une nomination dont on sait, également, qu’elle sauvera peut-être Toulouse cette saison, mais qui l’empêchera de repartir sur un cycle ambitieux et novateur. Bref, ça végète plutôt que ça en jette.
Une analyse qui pourrait être contredite par la très belle performance des Violets contre les Dogues, si l’on s’en tenait à la dramatique culture de l’instant. La première victoire depuis la désormais lointaine quatrième journée. Du jeu offensif, des frappes, de l’envie, du mouvement. Un cocktail qui n’était pas à la carte du menu servi lors de l’intronisation déconcertante de Kombouaré. « J’ai suivi de très loin la Ligue 1, je sais à peine contre qui on va jouer les prochains matchs(…)Bien défendre, avoir confiance et mettre des tampons » , avait-il lâché, laissant presque à penser que Thomas Ngijol et Fabrice Eboué allaient débarquer pour le remake de leur sketch. Tromperie sur la marchandise ou stratégie de pare-feu ? Là encore, difficile de croire que les Toulousains soient dupes : ils ont pratiqué Dupraz pendant deux saisons et demie. Mais comme prévu, une semaine durant, les critiques se sont concentrées — à tout-va — sur Kombouaré, ses méthodes et ses déclarations plutôt que sur ses joueurs, cibles pourtant particulièrement légitimes. Mais une semaine durant, surtout, on a reparlé de Toulouse. Un premier miracle dont l’ancien défenseur du PSG doit être tenu comme principal instigateur.
Kombouaré, le calice jusqu’à la lie
Malgré toutes les ficelles qui font de sa nomination un choix par défaut chez les supporters — surtout — mais pour la direction — aussi —, l’ancien coach guingampais a le mérite de s’être offert quelques semaines de répit en 90 minutes. Il en fallait peu, il est vrai, tant les Toulousains étaient sevrés de football et de victoire ces derniers mois. Il faudra un peu plus, enfin, pour passer le simple cap de l’électrochoc : c’est là où, fort probablement, le bât blessera. Mais la fadeur des prestations à Toulouse a même gagné le discours des suiveurs : les matchs les uns après les autres, et voir ce qu’il en retournera.
Croire qu’un débarquement d’entraîneur en cours de saison est gage de nouvel élan serait faire preuve de malhonnêteté. Surtout dans la ville Rose. La fracture entre le public et la direction n’a peut-être jamais été aussi béante, en témoignent les messages répétés pendant les matchs à domicile qui réclament la démission de Jean-François Soucasse, directeur général du club. Pour le moment, Antoine Kombouaré était un choix contesté, mais plutôt gagnant. Tout comme l’était Pascal Dupraz, à la même période. Sauf qu’à l’époque, la stratégie de la guillotine sur l’homme en première ligne a pu fonctionner. Désormais, c’est dans l’ombre que les têtes sont chassées.
Par Arthur Stroebele