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Griezmann : une saison sous les radars
Auteur d'une excellente saison, Antoine Griezmann a pourtant mené sa barque avec discrétion. Alors pourquoi y a-t-il aussi peu de bruit autour de ce joueur qui a fini de retrouver son statut de patron en club, comme en sélection ?
Une teinture et des danses approximatives en guise de célébrations : rien de bien original concernant Antoine Griezmann. Pourtant, le Français aura vécu une saison assez paradoxale, en enchaînant les solides performances sans jamais être plébiscité. De quoi faire froncer quelques sourcils, tant le rendement de l’attaquant du côté de l’Atlético de Madrid, mais également en équipe de France – Coupe du monde comprise – a semblé avoir été occulté par les analyses et les observations.
Soldat de l’hiver
À l’automne dernier, ce constat aurait d’ailleurs pu ne jamais exister. L’Atlético se faisait en effet éjecter de la Ligue des champions dans un relatif anonymat, largué par Porto, Bruges et le Bayer Leverkusen. En championnat, les Colchoneros frisaient aussi l’apathie, en stagnant loin des places européennes. Et au milieu, Antoine Griezmann, digérant encore son semi-échec au FC Barcelone, dépendant d’une clause idiote limitant son temps de jeu (option d’achat levée en octobre seulement) et peinant à reconquérir le cœur des supporters du Civitas Metropolitano. Tout cela, avant que n’arrive le Mondial. Au Qatar, Griezmann retrouve en effet son plus beau costume, celui de meneur de jeu, au sens large, chargé d’alimenter Kylian Mbappé devant, et de tacler devant sa surface en phase défensive. Un rôle d’indispensable, dont il a notamment fait étalage en quarts face à l’Angleterre, puis en demies contre le Maroc. Et en dépit d’une finale assez terne, ses trois passes décisives en feront l’un des meilleurs distributeurs du tournoi (aux côtés de Lionel Messi, Harry Kane, Ivan Perišić et Bruno Fernandes).
Comme souvent – à l’image de Paul Pogba – c’est finalement sur un tremplin international qu’aura su rebondir Antoine Griezmann. Chose faite dès janvier, pour revenir à niveau. Joueur le plus utilisé par Diego Simeone (48 matchs), il en est également le meilleur buteur avec 16 réalisations (dont 15 en Liga) et passeur (16 également, le meilleur du championnat). Des chiffres concrets, résumant l’apport d’un garçon n’ayant jamais passé plus de trois matchs sans être décisif. Pour autant, rarement le nom de Griezmann aura été mis en avant au cours de cette édition 2022-2023.
Passe en retrait
Comme un symbole de ce curieux entre-deux, on pourrait ainsi évoquer la nomination de Mbappé comme capitaine de l’équipe de France depuis la retraite internationale d’Hugo Lloris – suscitant quelques remous dans la sphère bleue – ou l’absence de « Grizou » dans la liste des prétendants au titre de Français de l’étranger décerné par l’UNFP (Karim Benzema, futur lauréat, Eduardo Camavinga, Theo Hernandez, Mike Maignan et Randal Kolo Muani lui avaient été préférés). Un statut d’homme de l’ombre auquel n’a jamais été habitué l’intéressé, mais qui, depuis sa parenthèse Barça, lui permet certainement de se recentrer sur des prérogatives collectives. « On est très proche, mais je ne veux pas entrer dans le détail pour trahir cette relation. Il a été un fil conducteur de tout ce qu’a vécu l’équipe de France récemment, parce qu’il a été tout le temps là. Il a toujours été un élément essentiel et il va continuer de l’être », résumait justement Didier Deschamps en mars dernier, conscient de la nouvelle facette que devra afficher l’un de ses protégés. Car si la reconnaissance populaire n’a été que trop rarement au rendez-vous ces derniers mois, Antoine Griezmann, lui, ne l’échangera certainement jamais contre pareil rendement sur le terrain. Surtout pas à 32 ans.
Par Adel Bentaha