- Amical
- France-Bulgarie (3-0)
Antoine Griezmann, le talisman
Une nouvelle fois buteur ce soir avec les Bleus face à la Bulgarie – et de quelle manière ! – Antoine Griezmann a confirmé, si certains en doutaient encore, qu’il était l’un des piliers absolus de cette impressionnante machine française. Après l'Euro 2016 et la Coupe du monde 2018, il attaque une troisième grande compétition avec le confiancemètre au maximum.
« Griezmann on fire ! Your defence is terrified, Griezmann on fire ! » Les 5000 supporters français ont eu raison de s’inspirer de leurs camarades nord-irlandais et de leur chant à la gloire de Will Grigg au moment où le retourné d’Antoine Griezmann est venu percer les filets de Daniel Naumov. Et ils tiennent peut-être déjà le tube de l’été. Face à la Bulgarie, ce mardi au Stade de France, l’attaquant du Barça a une nouvelle fois montré qu’au sein du trio offensif français, s’il était sans doute celui dont on a le moins parlé ces dernières semaines, il est peut-être le plus indispensable. Dans un rôle hybride, tantôt ailier droit, tantôt numéro 10, il a été presque systématiquement la rampe de lancement des attaques tricolores, omniprésent, mobile, juste dans la distribution. Tout ce qu’on attend d’un grand meneur de jeu, en somme.
Cheveux longs, chatte et stakhanovisme
Déjà brillant lors du Mondial où, n’en déplaise à Vegedream, son influence ne s’est pas résumée aux penaltys, Grizou affiche depuis la dernière Coupe du monde des statistiques de patron : 30 matchs, 13 buts, 12 passes décisives. C’est bien simple : personne ne fait mieux. Et il a été décisif lors des 5 derniers matchs de l’équipe de France (4 buts, 1 passe décisive). S’il souffle le chaud et le froid au FC Barcelone, où il est souvent sous le feu des critiques, personne ne peut contester son impact sur le jeu des Bleus, que ce soit lors d’un match amical ou officiel. Les chiffres accompagnent logiquement cette impression, depuis les tribunes, de l’avoir vu au four et au moulin : 74 ballons touchés (5e total français), 3 tirs (2 cadrés), 84% de passes réussies, 6 centres (1 réussi), 3 tacles (1er français, ex-æquo avec Varane). Et, évidemment, ce but de taré, une ouverture du score sur un retourné acrobatique, contré par Turitsov. Avec un peu de chance, mais une chance, comme lors de la finale de la Coupe du monde face à la Croatie – son coup franc détourné par Mandžukić, son corner qui amène le penalty… – qu’il sait provoquer.
Cette forme d’enfer, à une semaine tout juste du premier match des Bleus à l’Euro face à l’Allemagne, pose Griezmann comme, en plus de l’incontestable taulier de cette équipe, un véritable talisman. Bien que leader discret dans le vestiaire, plus trublion et farceur que du genre à donner de la voix pour galvaniser les copains, il est une constante dans cette équipe de France et, sous le maillot bleu, le football lui sourit. Les contres sont favorables, les frappes enroulées atterrissent directement en lucarne. D’autant que le Blaugrana pouvait compter, ce mardi soir, sur un Paul Pogba qui a sublimé sa prestation. L’axe entre le numéro 7 et le numéro 6, également très en vue dans ce match, a été central au jeu des Bleus, et ça sentait bon la Russie : 7 passes de Grizi pour la Pioche (plus haut total, avec Mbappé), 12 pour Pogba vers son pote Griezmann (plus haut total pour lui). Le numéro 7 des Bleus qui a disputé, statistique assez dingue, les 48 dernières rencontres de l’équipe de France, soit toutes les parties sans exception depuis quatre ans – le dernier qu’il « rate » , c’est le France-Angleterre de juin 2017. Cheveux longs ou cheveux courts, célébration ringarde ou archiringarde, les apparences changent, mais le fonds, le jeu, lui, ne change pas. Dans une équipe de France qui semble dégager une confiance, une cohésion, une assurance absolue dans ses capacités et dans sa force, pouvoir compter sur un Antoine Griezmann à son meilleur niveau est un luxe qu’il ne faut pas bouder. Vivement le 15 juin.
Par Alexandre Aflalo, au Stade de France