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Antoine Griezmann, l’âme du fond

Par Maxime Brigand
Antoine Griezmann, l’âme du fond

Quatre buts, trois passes décisives et un statut confirmé : si Paul Pogba restera comme le général de la forme en Russie, Antoine Griezmann s’est imposé naturellement comme le colonel du fond. Ou comment un homme aura assuré sur sept matchs la continuité du jeu français.

Adil Rami a les mirettes explosées : « Sincèrement, là, je n’ai pas les mots. Pour raconter Grizi, les actions parlent plus que les mots. Regardez bien. » Il faut donc retourner aux images, pulpe du joueur qu’est Antoine Griezmann, et peut-être plus encore du joueur qu’il est devenu. Au moment de boucler la tournée médiatique des Bleus, à Istra, deux jours avant la finale de la Coupe du monde, c’est d’ailleurs ce qu’il était venu raconter, expliquant au monde que son rôle n’est aujourd’hui plus le même, qu’il a débarqué en Russie avec l’idée de « mettre moins de buts » pour se lancer définitivement dans l’architecture et qu’il n’a rien à foutre de la dimension individuelle d’un sport à dimension collective.

Au bout, c’est surtout une scène, d’ailleurs, qui restera dans les mémoires : à Moscou, dimanche soir, Griezmann a mis un coup de tête à son passé tricolore et l’idée d’une fin d’agonie a traversé la nuit, entre les gouttes. Champion du monde, il reste seul dans un coin de la piste et s’effondre. « J’ai regardé dans les tribunes et j’ai vu mon père, qui m’a laissé partir de chez moi à treize ans. Puis, j’ai vu ma mère. Puis, j’ai vu ma femme… Vous savez, des fois, il y a des moments difficiles dans un couple, et elle, elle doit me supporter, elle s’accroche, elle ne dit rien, raconte quelques heures plus tard l’attaquant de l’Atlético dans un couloir du Loujniki. Là, il y a beaucoup d’émotion, de joie et de fierté. » À 27 ans, le bonhomme lâche ses premières larmes de joie.

La gorge tranchée et les clés du camion

La campagne russe d’Antoine Griezmann est d’abord l’histoire d’un Rubik’s Cube sentimental. Où est passé le minet candide de l’Euro 2016 ? Il n’est pas mort, rassurez-vous, et il était aussi présent en Russie : dans sa chambre, sur Fortnite, dans les couloirs, un sourire permanent aux lèvres et à l’entraînement, toujours à 2000%. Que raconte alors cette dernière image ? Qu’il y a bien un type que l’extérieur ne semblait plus voir, un mec derrière le garçon moderne, pop, capable d’annoncer la prolongation de son aventure à l’Atlético à grand renfort de com et qui enfile depuis quatre ans les pubs. Sur le pas de côté de son joueur, Didier Deschamps n’a montré aucune surprise : « Antoine a beaucoup d’humilité par rapport à tout ça, et quand vous me dites qu’il refuse qu’on le mette en avant dans ces proportions, je confirme : il est comme ça. Le foot a changé. » Ce qui nous ramène au jeu et au joueur : durant cette Coupe du monde, Griezmann aura marqué quatre buts – trois penaltys (il dit qu’il a maintenant une astuce imparable), une frappe lointaine mal appréhendée par le gardien uruguayen, Fernando Muslera – et lâché trois passes décisives.

Mais c’est autre chose que l’on a vu : les statistiques ne racontent rien d’Antoine Griezmann, ce n’est pas son affaire. En Russie, il a ainsi laissé Paul Pogba, excellent toute la compétition, prendre pour lui la forme (le leadership, la lumière, le socle du groupe) et s’est occupé du fond. Sa finale ? Un chef-d’œuvre dessiné à l’ombre, à la sueur et à la solidarité. Ce sont les images dont parle Adil Rami : un sprint pour trancher la gorge offensive de la Croatie à cinq minutes de la fin ; une progressive montée en puissance (à partir du coup franc malicieusement gratté qui a conduit à l’ouverture du score des Bleus) où Griezmann a attrapé de la poussière pour la transformer en château de sable. Face à la Croatie, le joueur de l’Atlético a inventé des solutions, comme face à la Belgique ou à l’Uruguay, dans une position de meneur de jeu, place historique du héros français (Platini, Zidane), qui l’a placé au cœur du bloc et au point de départ des coups de poignard. Deschamps a bridé son rôle ? Non, il lui a filé un fragment des clés de son camion, les autres appartenant à Raphaël Varane et Paul Pogba. Trois hommes pour deux étoiles, la base du sacre français en Russie.

« Wow, c’est mon jeu ! »

Et Griezmann, dans tout ça ? Il a adoré. De la demi-finale remportée face à la Belgique (1-0), on retiendra le « parfum de la victoire » de Samuel Umtiti et peut-être ça : Antoine Griezmann est sur une table de massage, T-shirt blanc, gueule d’enfant. Il peint la chose : « On n’a pas joué comme l’Atlético ? C’est l’Atlético, gros ! Tous derrière, on resserre les lignes, un but sur coup de pied arrêté et on ferme la maison, gros. Ça, c’est les victoires que je kiffe. T’as pas vu sur la fin ? Il y a un moment où je sors un ballon, Raph il est sorti propre, là je me suis dit… wow, c’est mon jeu ! » Il l’aura dégainé tout au long de la compétition, venant casser l’ampoule Messi dans la surface face à l’Argentine en huitièmes grâce à un retour défensif superbe et se montrant décisif derrière lors de chaque match du deuxième tour.

Rien de nouveau sur la manière : du combat, de la rage, de la hargne au pressing (à une intensité rare pour un joueur de son poste) et un rôle qui aura permis la survie du jeu des Bleus en finale là où la majorité des cadres se sont planqués. C’est de la technique pour le collectif, un geste juste, celle du joueur-lubrifiant pour la transition. De ça, certains ont jugé Griezmann castré, vraiment ? Impossible, sa finale de Mondial ressemblant trait pour trait au match livré lors de la finale de la Ligue Europa face à l’OM, au printemps. La gagne, au mental. La victoire, peu importe comment. Alors, Antoine Griezmann s’est plié en quatre et aura été pendant un mois la mise en action sur le terrain du Deschamps du banc. Ce qui transforme le suiveur en Paul Pogba : ne touchez plus à ce Grizou.

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