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Antoine Griezmann dans ses 30 glorieuses
Cheveux courts et colorés en vert, deux buts en trois matchs et retour de la célébration des téléphones... On n’aurait pas retrouvé le grand Antoine Griezmann par hasard ? La réponse serait sûrement plus simple à lâcher s’il n’était pas cantonné à une place de supersub à l’Atlético de Madrid, la faute à une clause d’achat obligatoire à 40 millions d’euros glissée par le Barça s’il joue plus de 30 minutes par match.
Trois journées de Liga, et le même constat : Antoine Griezmann est cantonné à une place de remplaçant dans l’équipe de Diego Simeone. Face à Getafe, Villarreal et Valence, ce lundi, l’attaquant tricolore n’a eu droit qu’à moins de trente minutes de jeu malgré l’amour que lui porte El Cholo, son entraîneur. « Antoine Griezmann a un jeu très complet. C’est un joueur qui sait ce que nous voulons. Il est très adaptable parce qu’il a une vision du jeu, parce qu’il fait le travail, parce qu’il nous permet de jouer avec un joueur plus offensif au milieu de terrain, a expliqué le technicien en conférence de presse il y a dix jours.Il est clair qu’il cherche aussi à compenser les autres postes quand il est titulaire. Tout le monde sait combien je l’apprécie, combien je l’aime, combien il est un joueur important pour le club et pour l’équipe. » Une déclaration étonnante au vu du temps de jeu qu’il donne à celui qu’il coache pour la septième saison de sa carrière, démontrant une nouvelle fois que le terrain n’est pas forcément la scène sur laquelle on juge véritablement les acteurs.
Dans ce cas, c’est une affaire de contrat qui bloque le natif de Mâcon. Selon le Mundo Deportivo, c’est bien une clause d’achat obligatoire imposée dans le prêt de Griezmann par le Barça à l’Atlético qui serait à l’origine de la mise au ban forcée de Grizou. Le prêt gratuit du Français inclurait une option d’achat obligatoire de 40 millions d’euros s’il venait à jouer plus de 40 minutes (ou 30 selon certains autres médias) lors de 50% des matchs des Colchoneros cette saison. Une somme que les Madrilènes ne seraient pas du tout disposés à payer, cherchant déjà à alléger leur masse salariale.
Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait 30 minutes de Griezmann
En comparaison, le champion du monde 2018 avait disputé plus de trois quarts d’heure lors de 80% des rencontres la saison dernière. Une différence notable qui contraste par rapport à la seule demi-heure de bonheur accordée au joueur de 31 ans. Celui-ci a pourtant l’air de bien s’en accommoder. Auteur d’un but lors de la première journée face à Getafe treize minutes après son entrée, il a récidivé ce lundi soir à Valence en débloquant la rencontre après seulement deux minutes à galoper sur le pré, offrant la victoire aux siens. Deux buts en trois journées, soit seulement un de moins que sur l’ensemble de la saison dernière (29 matchs, 3 buts, 5 passes décisives).
Alors Diego Simeone semble accepter devoir donner ce rôle de supersub à Grizou et n’a pas caché sa satisfaction de l’entrée décisive du Français à l’issue de la rencontre. « Il est vrai que les remplaçants ont apporté quelque chose dans la tenue de balle et dans la production du jeu, a noté El Cholo. Tant que Griezmann parvient à répondre comme il le fait, l’avoir sur le terrain est très important, et je comprends qu’il faut le mettre quand cela convient le mieux à l’équipe. » Mais surtout quand ça convient le mieux à son contrat car, si tactiquement c’est plus flou, le principal est que le n°8 français entre en jeu : il a remplacé Lemar, Llorente et Kondogbia sur ces trois premières journées. Et s’il continue à briller en ce début de saison, c’est bien dans le 11 qu’il va bientôt figurer, surtout avec l’enchaînement des matchs : les Colchoneros vont jouer cinq fois en quinze jours avant la trêve internationale.
Un coq en pâte au Mondial
Cette trêve devrait permettre à Antoine Griezmann de récupérer un statut de titulaire avec les Bleus pour affronter l’Autriche et le Danemark, place qui pourrait lui être contestée sportivement par Nkunku, notamment à cause d’une période de disette de presque un an traversée par le Madrilène en sélection, son dernier but remontant au 13 novembre 2021 face au Kazakhstan (8-0). Une période par laquelle est également passé Karim Benzema, qui n’a pas manqué de le soutenir lors du dernier rassemblement : « Pour moi, ce n’est pas spécialement ce qu’il faut regarder, il faut regarder les autres choses qu’il fait. Il fait beaucoup de replacements défensifs, il aide à chaque fois l’équipe. »
Soutenu par ses coéquipiers, mais surtout par Didier Deschamps, à seulement trois mois du Mondial. « Je le connais bien. Il a un gros mental. Il avait besoin de se régénérer et va tout faire pour revenir à son meilleur niveau. […] Il représente un plus pour l’équipe de France », a assuré le sélectionneur au Parisien, début août. Alors il n’a pas de crainte à se faire pour sa place au Qatar qui semble assurée, sauf maraboutage de dernière minute, et il pourrait même peut-être bien être le plus frais du trio d’attaque au Qatar aux côtés de Benzema et Mbappé qui vont enchaîner les matchs de Ligue des champions. Est-ce que ce ne serait pas finalement une aubaine pour l’équipe de France qui retrouverait un des piliers du sacre en 2018 ?
Par Alexandre Le Bris