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Antoine Boutonnet : « Pour le moment, on n’a appréhendé qu’un pickpocket »

Propos recueillis par Pierre Boisson et Lucas Duvernet-Coppola, à Rio de Janeiro.
4 minutes
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Le commissaire Antoine Boutonnet, chef de la Division de lutte nationale contre le hooliganisme (DNLH), bien connu des supporters français, est actuellement au Brésil, et pas pour se dorer la pilule à Copacabana. Pourquoi ? Comment ? Où ? Il raconte.

Quel est l’objet de votre mission au Brésil ?

En ma qualité de chef de la DNLH et du PNIF (Point national information football), je suis actuellement au Brésil avec un détachement de 7 policiers français pour assister les autorités de la police fédérale dans l’accompagnement des supporters français attendus pour la Coupe du monde de football 2014. Tous les policiers composant ce détachement sont spécialisés dans la lutte contre les violences péri-sportives et l’accompagnement des supporters à risques, que ce soit dans leur suivi, pour le renseignement (Service central du renseignement territorial et direction du renseignement de la préfecture de police), ou pour l’aspect opérationnel (Section d’intervention rapide). Un policier et un gendarme de la direction de la coopération internationale, en poste à l’ambassade de France à Brasilia, renforcent ce détachement afin de faciliter les échanges avec les autorités de police locales, en lien avec les autorités diplomatiques et consulaires.

Ça arrive souvent l’assistance policière dans le cadre de matchs de foot ?

Oui, c’est régulier, et ça entre dans les compétences du PNIF. Nous avons reçu en France 39 policiers étrangers, et 37 policiers français ont été projetés à l’étranger cette saison dans le cadre des matchs de Ligue des champions et de Ligue Europa.

On est plus familier de la DNLH que du PNIF…

Le PNIF a été créé à la suite d’une résolution du conseil de l’Union européenne de 2002 et assure le lien avec l’ensemble des autorités étrangères dans le cadre du suivi et des échanges d’informations opérationnelles dans le cadre des violences péri-sportives.

Vous êtes uniquement chargé de suivre les supporters français ?

Oui. La délégation de policiers français agit sur le territoire brésilien dans le cadre de la coopération internationale et dans le domaine du suivi des supporters. Elle répond aux requêtes de la police fédérale exclusivement dans des affaires en lien avec la Coupe du monde et le supporterisme français. Pour le dire clairement : ma présence au Brésil est exclusivement liée à l’accompagnement des supporters français. On se nourrit de l’expérience acquise, et je profite toujours de ces déplacements pour observer et apprendre. Quand l’équipe de France et ses supporters s’en iront, je partirai aussi. En revanche, deux policiers français resteront au centre de coopération internationale situé à Brasilia jusqu’à la fin de la compétition.

Vous avez vu des hooligans français ici ?

Non, il n’y a pas de hooligan français au Brésil au sens sociologique du terme.

Et si vous en repérez, concrètement, il se passe quoi ?

Si une personne connue pour des faits de violence en France est repérée dans et aux abords des stades, elle fera l’objet d’un signalement à partir du moment où son comportement laisserait à penser qu’elle serait susceptible de commettre des infractions.

Aucune interpellation pour le moment ?

Pas pour des problèmes liés au supportérisme. En revanche, il se trouve que j’ai appréhendé avec l’un de mes coéquipiers un pickpocket français aux abords du stade de Porto Alegre.

Et des supporters français ont-ils été interdits de territoire brésilien ?

Non.

Quelles sont vos craintes majeures ?

Nous sommes vigilants concernant les « barra bravas » argentins et c’est pourquoi des mesures préventives ont été prises par les autorités brésiliennes en ce qui les concerne. Près de 2000 Argentins interdits de stade dans leur pays ne sont pas autorisés à entrer sur le territoire brésilien à l’occasion de la Coupe du monde de football. L’ensemble des mesures a été pris pour prévenir d’éventuels incidents graves. Pour information, 26 « barra bravas » ont été refoulés du territoire brésilien et 6 sont actuellement en prison pour faits de violence.

Justement, plusieurs groupes de supporters sont entrés en force au Maracanã. Ça ne vous concerne pas ?

Non, s’ils ne concernent pas les supporters français, ce qui est le cas. En revanche, nous analysons ce type d’incidents pour en définir les causes et les implications.

Votre journée type ressemble à quoi ?

Réunions et points de situation avec la police fédérale le matin et patrouille mixte dans les lieux de regroupement des supporters français en après-midi et soirée.

Vous avez couvert d’autres Coupes du monde avant ?

Oui, j’étais également en Afrique du Sud à l’occasion de la Coupe du monde de 2010. Chaque pays a ses spécificités et son organisation propre et c’est pourquoi il faut rester prudent dans les comparaisons. Je peux, en revanche, me réjouir de l’excellent travail de coopération policière lors du Mondial 2010, de l’Euro 2012 et aujourd’hui du Mondial 2014.

Gérer une Coupe du monde et un Euro, ça doit être différent non ?

L’organisateur diffère, mais il y a énormément de similitudes, ce qui est tout à fait normal pour ce type de compétition. Chaque match de l’Euro est comparable à une finale de Ligue des champions et demande un important travail de préparation. L’Euro 2016 qui se déroulera en France verra le nombre d’équipes engagées passer de 16 à 24 et le tournoi comportera 51 matchs, soit 20 de plus que l’Euro 2012. On peut dire qu’il s’agira d’une mini Coupe du monde.
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Propos recueillis par Pierre Boisson et Lucas Duvernet-Coppola, à Rio de Janeiro.

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