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- Ukraine-France (1-1)
Anthony Martial, le débat est toujours là
Titulaire en équipe de France pour la première fois depuis sa blessure sur la pelouse du Kazakhstan en mars dernier, Anthony Martial laisse encore derrière lui un goût d'inachevé. Une première mi-temps ratée dans les grandes largeurs puis un but de raccroc pour permettre aux Bleus de remonter la tête à la surface et accrocher le nul en Ukraine (1-1). L'énigme tient toujours.
« Il y a aussi le retour d’Anthony Martial qui, blessé, n’a pas pu être dans le groupe pour l’Euro. Il revient avec nous. » Au moment de justifier l’absence d’Olivier Giroud dans sa liste pour cette trêve internationale, Didier Deschamps n’avait pas manqué l’opportunité de brandir la carte de la concurrence. Comme s’il était pleinement naturel de voir le Mancunien, absent à l’Euro après sa blessure subie en plein service national au Kazakhstan, devancer des joueurs comme le néo-Milanais ou encore Wissam Ben Yedder dans la hiérarchie des attaquants de cette équipe de France. À regarder de plus près son parcours avec les Bleus, pas grand-chose ne semble pourtant justifier une telle assurance.
Sauver les apparences
Samedi soir à Kiev pour sa 29e cape seulement en six ans, alors qu’il a sorti Karim Benzema du XI pour la première fois depuis son retour, Martial a continué d’esquisser davantage de questions qu’il n’apportait de réponses au fil des minutes. Une bonne remise de la tête dans la course d’Antoine Griezmann et un face-à-face gâché après un belle ouverture de Paul Pogba : voilà pour ses deux temps forts au cœur de 45 minutes de prises de balle trop approximatives et de manque de tranchant dans son jeu. Une nonchalance habituelle chez lui, mais toujours aussi perturbante pour un joueur qui se voit donner une énième opportunité de marquer les esprits à la pointe de l’attaque tricolore.
Le premier acte semblait le condamner à être encore montré du doigt parmi les coupables d’une nouvelle soirée décevante. Avant d’en être le héros, ou du moins celui qui aura permis d’éviter le pire avec un but qui ne restera pas en tête pour son esthétisme. Mais qu’importe, un but reste un but, surtout pour un attaquant qui n’avait pas levé les bras depuis cinq ans en sélection, après avoir enchaîné 28 frappes consécutives sans trouver la faille. Une délivrance venue calmer la grosse ambiance du stade olympique de Kiev et qui ne manquera pas d’alimenter encore le débat sur la place d’un joueur décidément insaisissable.
Énigme permanente
Depuis ses débuts avec le maillot frappé du coq il y a tout pile six ans, trois jours après un transfert surprise vers Manchester United, Anthony Martial n’a eu de cesse de susciter le débat. Tantôt jeune espoir comparé à Thierry Henry, tantôt sorti dès la pause face à l’Albanie en poules de l’Euro à la maison avant de ne plus entrer en jeu de la compétition. Ce soir à Kiev, on a encore vu les deux faces d’une même pièce. « J’ai essayé de lui mettre entre les jambes, mais il l’a arrêté. On était déçus, mais on a su revenir au score et on fera mieux mardi(contre la Finlande, NDLR). Ça faisait longtemps que je n’avais pas marqué, donc ça fait beaucoup de bien », réagissait le principal intéressé au micro de M6 après le coup de sifflet final à propos de cette prestation mi-figue, mi-raisin. Un bien fidèle résumé de son parcours en sélection, et pas que.
Depuis ce départ record vers la Premier League, le joueur formé à Lyon alterne le très bon et le quelconque. Tout supporter des Red Devils se souvient de son rush face à Liverpool pour sa grande première outre-Manche ou de sa saison à 17 buts dans un championnat des plus exigeants en 2019-2020, année tronquée par la Covid-19. Et pourtant, personne à Manchester ne sait véritablement sur quel pied danser quand vient sur la table le dossier Anthony Martial, dont la carrière semble être devenue un casse-tête depuis bien longtemps. Seule certitude pour Ole Gunnar Solskjær : avec les arrivées de Cristiano Ronaldo et Jadon Sancho cet été, le natif de Massy ne part pas comme un titulaire en puissance cette saison à Old Trafford. À moins qu’il ne surprenne encore.
Par Tom Binet