- France
- Ligue 1
- Le joueur de la 5e journée
Anthony et Rony, deux Lopes dans le vent
L'un a sauvé Lyon, l'autre a sauvé Lille. L'un crée les actions, l'autre y met fin. Jeunes, talentueux, portugais et homonymes, Anthony et Rony Lopes ont marqué ce week-end de Ligue 1. Un joli rayon de soleil pour un football lusitanien en reconstruction.
Au petit jeu de la Famille en or, les Lopez ont souvent mis les Lopes à l’amende. À 45 ans, Jennifer a encore des atouts suffisants pour envoyer bon nombre d’hommes en terre inconnue avec Frédéric pendant que, sous les yeux de Sergi, Lisandro et Claudio sont des amis qui veulent du bien au football. Absents de la Coupe du monde de basket, Brook et Robin ont eu tout le loisir de voir Diego salir leur patronyme ce dimanche, en faisant n’importe quoi avec le Milan face à Parme. Oui, ce deuxième week-end de septembre est un tournant dans la rivalité entre les Lopez et les Lopes qui, eux, ont flambé. Décisifs et excellents avec Lyon et Lille, Anthony et Rony ont cuisiné la Ligue 1 à la sauce portugaise lors de cette cinquième journée. Auteur d’une partie fabuleuse face à Monaco vendredi soir, le Rhodanien a permis à l’Olympique lyonnais de s’éviter une crise quelques heures avant que Rony ne martyrise la défense du FC Nantes en quarante-cinq minutes. À 23 et 18 ans, l’international espoir portugais et son homologue des U21 ont l’avenir devant eux. Des destinées différentes, celle d’un futur bon gardien de Ligue 1 et d’un futur crack, mais un objectif en commun : redorer le blason de la sélection portugaise. Patrick Roy, Laurent Cabrol et Bernard Montiel sont unanimes : ce week-end, les Lopes sont les grands gagnants de la Famille en or.
Anthony, des tribunes au terrain
Même Dimitar Berbatov n’a rien pu faire. Impassable face à Monaco, Lopes a enchaîné les claquettes dingues et les arrêts de grande classe. À croire que le jeune Lyonnais a fini par écouter le conseil potache donné par le farceur Alexandre Lacazette le soir de sa première titularisation en Ligue 1 : « Oh, le maçon, il va falloir te construire un mur pour ne pas prendre de but. » Ce soir-là, le 28 avril 2013, Anthony a pris un pion. Mais ce n’était pas un soir comme les autres. Ce but a été inscrit par Kurt Zouma lors d’un chaud derby du Rhône, un match que le portier avait l’habitude de vivre dans les tribunes de Gerland. Auteur d’une prestation remarquée et même saluée par le coach des Verts Christophe Galtier, Anthony a slalomé entre ses propres blessures et celles de Rémy Vercoutre pour devenir, enfin, numéro 1 chez lui. Rien d’inhabituel pour un gamin qui a l’habitude de cravacher depuis le début de sa carrière. Fils de José, honnête gardien de PHR, Anthony fait partie de ces fous qui veulent être gardien depuis petit. La légende veut même qu’à l’âge de cinq ans, il s’est pointé devant l’entraîneur de Chasse-sur-Rhône pour lui dire « je veux être gardien de but, comme mon papa ou je rentre chez moi ! » Petit, il l’a été un peu trop longtemps. Victime de retard de croissance jusqu’à 14 ans, il a fini par atteindre un mètre 85 qui passe presque inaperçu dans un football moderne amoureux des gardiens gratte-ciel. C’est d’ailleurs dans les airs qu’il rame parfois, s’attirant ainsi quelques moqueries parfois justifiées. Pas encore parfait, mais tonique et spectaculaire, le gardien lyonnais progresse saison après saison. Ancien nerveux, il apprend à se détendre, notamment depuis la naissance de sa fille. « Il n’était pas à droite ou à gauche pour mettre des pains à tout le monde, mais si on le cherchait, il ne fallait pas aller plus loin… » Désormais, il baffe les ballons. Pas les adversaires.
Rony, le pied gauche magique
Lui aussi fait du mal à ses adversaires. D’ailleurs, Lille et son froid réalisme avaient au moins besoin de ça. Oui, Rony Lopes est à lui seul une bonne raison de s’intéresser au LOSC. Du moins, son pied gauche en est une. Mis sur le banc par René Girard après deux titularisations intéressantes face à Monaco (1-1) et à Lorient (2-0), l’international U21 portugais a profité des 45 minutes offertes par son coach pour faire une mini-révolution. Positionné en numéro 10 derrière Origi et Roux, le joueur prêté par Manchester City a vite rangé Marvin Martin dans son placard. Plus incisif, plus percutant et tout simplement plus créateur que l’ancien Sochalien, Rony Lopes a inscrit son premier but en Ligue 1 et a semé la zizanie dans la défense nantaise pendant l’intégralité du second acte. Né au Brésil, arrivé au Portugal à l’âge de 4 ans, Rony joue dans le petit club de Poiares de 8 à 11 ans avant d’intégrer le centre de formation de Benfica où il passe cinq ans. Âgé de quinze ans, il file à Manchester City. Un choix étrange, mais payant. Lopes est international dans toutes les catégories d’âge et surprend avec les Skyblues où il est un taulier de l’équipe réserve managée par Patrick Vieira. Plus jeune joueur de l’histoire de City à avoir planté en match officiel (face à Watford, en FA Cup), le tout frais majeur est prêté à Lille pour la saison. Une bonne chose pour lui, mais loin d’être un accomplissement. Contrairement à Anthony, pour qui s’inscrire dans les pas d’un Grégory Coupet serait une belle chose, Rony devrait tôt ou tard avoir sa place chez un très grand d’Europe. En attendant, avec William Carvalho, Ruben Neves, David Simão, Nuno Reis ou Rafa Silva, le Portugal peut essayer d’oublier la défaite contre l’Albanie.
Par Swann Borsellino