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Anna Karina : « Un penalty, c’est quand même la punition »

Propos recueillis par Arthur Cerf
Anna Karina : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Un penalty, c’est quand même la punition<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Anna Karina est décédée ce 14 décembre 2019. En octobre 2017, à l'occasion du So Foot #150 dédié à l'amour du foot, elle avait raconté son rapport au ballon rond. Car, oui, Anna Karina était bien une grande amatrice des matchs du dimanche soir.

Anna, pourquoi aimez-vous le foot ? J’aime bien voir un beau match. Le foot, c’est magnifique quand c’est bien construit.

Lors de la Coupe du monde 98, il m’est même arrivé de regarder des matchs dans les bars ou dans un café dans le quartier. Le poste était cassé.

Et puis, c’est quand même la joie. Je regarde les matchs avec mon mari, mais quand il n’est pas là, je regarde quand même. Je crie, je tape dans mes mains, je suis bon public. Il m’arrive même de crier, de faire des commentaires : « Mais connard, donne-lui le ballon ! » Mon mari n’est pas content, il n’aime pas trop quand ça gueule. Lors de la Coupe du monde 98, il m’est même arrivé de regarder des matchs dans les bars ou dans un café dans le quartier. Le poste était cassé.

Vous suivez le foot depuis que vous êtes toute petite ? Oui. J’ai été élevée par mes grands-parents. On écoutait ça à la radio à l’époque, les matchs de Puskás et les combats de Sugar Ray Robinson, l’oreille collée au transistor. C’était excitant parce que les journalistes étaient énergiques, très dans le coup. C’étaient surtout les matchs internationaux, pas les matchs danois. C’est mon grand-père qui m’a donné le goût de ça.

Il paraît que Brialy avait une photo de vous en train de jouer au foot avec Godard. Oui, quand j’étais gosse, autour de six-sept ans, je jouais beaucoup au foot avec mon premier beau-père et ses frères, qui avaient à peu près mon âge, et j’adorais ça. On jouait dans la rue, il n’y avait pas de stade, c’était comme ça, bon enfant. Moi je m’en fous de perdre. Royalement. Mais je me suis toujours intéressée au sport. Après, je me suis inscrite dans un club d’athlétisme. Et puis je me suis cassé le bras.

Quand il était petit, il paraît que Godard jouait gardien de but. Pourtant, il courait très vite, comme un cheval de course, il aurait pu être numéro 10 ou attaquant. Mais il était complètement pris par le cinéma. Il a toujours eu un corps d’athlète, il faisait des sauts périlleux, je l’ai vu marcher sur les mains.

Dans Une Femme est une femme, il y a une scène où Brialy écoute un Classico qui passe à la radio.

Jean-Luc Godard était évidemment un intellectuel, mais c’était aussi un très grand sportif. Pour lui, L’Équipe, c’était aussi important que Le Monde.

Oui, je me souviens très bien de ça. Ça me faisait beaucoup rire. On a tourné cette scène dans un appartement qu’il avait vu rue St Denis et qu’il avait fait reconstruire en studio de cinéma. Jean-Luc Godard était évidemment un intellectuel, mais c’était aussi un très grand sportif. Pour lui, L’Équipe, c’était aussi important que Le Monde. Il faisait toujours du sport, il fallait toujours s’entraîner, il fallait travailler. D’ailleurs, il nous reprochait toujours, à nous les acteurs, de ne pas être assez sportifs. Il disait : « Un ouvrier travaille huit heures par jour, et bien vous, les acteurs, il faut que ce soit pareil. Il faut faire du sport, devant le miroir. » On bouge pas mal dans ces films, mais de là à nous demander d’être de grands footballeurs…

Et vous, vous lisiez L’Équipe aussi ? Non, c’était compliqué. Ça ne se faisait pas pour les femmes dans les années 1960. Ce n’était pas interdit, mais c’était très bizarre. C’était pour les mecs machos. Si j’avais demandé L’Équipe à Jean-Luc, il m’aurait dit : « Va te faire foutre ! Qu’est-ce que tu comprends à tout ça ? » (Rires.)

C’est vrai qu’il disait qu’il allait chercher des clopes et qu’il partait pendant trois semaines ?

Je peignais des portraits de Jean-Luc. Je m’occupais, quoi. Et quand il y avait du foot, j’écoutais les matchs à la radio. Mais il y en avait très peu, il y avait très peu de programmes à l’époque, c’était exceptionnel.

Absolument. Et après, il revenait avec des cadeaux. J’essayais de deviner s’il était allé en Suède pour aller voir Bergman, s’il était allé en Italie pour voir Rossellini, s’il était allé en Amérique pour voir Faulkner. Pendant ce temps-là, je restais seule. À l’époque, on n’avait pas d’argent, nous les femmes, pas le droit d’avoir un compte en banque, rien. Je sortais avec les copains, on allait dans des endroits où on mangeait des hot-dogs, on dansait le cha-cha-cha. Quand il n’était pas là, je faisais de la peinture aussi. Je peignais des portraits de Jean-Luc. Je m’occupais, quoi. Et quand il y avait du foot, j’écoutais les matchs à la radio. Mais il y en avait très peu, il y avait très peu de programmes à l’époque, c’était exceptionnel.

Il disait aussi que le foot était un art plus vrai que le cinéma. Vous êtes d’accord ? Le foot, c’est quand même un peu le hasard. Parce que si tu n’as pas le ballon, tu ne peux pas le mettre dans le filet… Mais il est vrai aussi que les très grands atteignent toujours le ballon au bon moment et le donnent toujours au bon moment. À l’époque de mon grand-père, c’était Puskás, Pelé. Mais Pelé était souvent un peu hors jeu. À mon époque, en France, c’était plutôt Platini. C’était un dieu. Après, ça a été Zidane. Et maintenant, il y a son fils Enzo qui a 22 ans. Il a toute sa vie devant lui. J’ai vu qu’il avait été transféré, j’ai suivi ça. Comme j’ai suivi le transfert de Neymar, ça m’a captivée. C’est vrai qu’ils gagnent beaucoup d’argent, mais enfin, ce n’est pas très long, une carrière de footballeur.
Vous vous rappelez le coup de tête de Zidane ? Bah, il avait raison, en même temps, il avait insulté sa sœur. L’Italien l’avait provoqué grave. C’était triste, cette histoire quand même. Il est devenu fou, quoi. Et puis évidemment, on a perdu le match à cause de ça. C’est là que c’est injuste.

Il y a des films sur le foot qui vous ont marquée ? Coup de Tête avec Patrick Dewaere, c’était bien ! Mais il n’y en a pas eu tellement. Parce que c’est difficile de filmer des gens qui courent après un ballon. Puis il faut quand même une intrigue…

Il paraît que Godard aimait beaucoup les séances de tirs au but. Moi, ça m’angoisse ! Parfois, c’est un peu injuste, et quand c’est injuste, ça me fait mal. Un penalty, c’est quand même la punition.

==> Interview issue du SOFOOT #150, L’amour du football

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Propos recueillis par Arthur Cerf

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