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Angleterre : Luke Shaw must go on
Il n'est certainement pas celui qui fait vendre le plus de maillots, mais dans l'ombre de Harry Kane, Raheem Sterling et Jack Grealish, Luke Shaw s'est fait une place à part entière dans le onze de l'Angleterre. Le latéral de Manchester United revient pourtant de loin. Alors que beaucoup ne donnaient plus très cher de sa peau, l'intéressé a fait preuve de patience et de résilience, prouvant aujourd'hui sa capacité à tenir la distance. À quatre jours d'une potentielle finale de l'Euro, qui arrivera la veille de son 26e anniversaire, Shaw est bouillant.
Les abdos sont bien cachés, derrière ce dad bod particulièrement apprécié de la gent féminine, paraît-il. Mais l’habit ne fait pas le moine. Dommage pour Ben Chilwell, contraint de cirer le banc malgré sa saison XXL avec Chelsea. Le train Luke Shaw est bel et bien lancé. Terminus : Wembley. Ce stade qui l’a vu débuter avec les Three Lions en mars 2014, à seulement 18 ans. Ce stade qui l’a vu soulever le Community Shield, son tout premier trophée, en 2016. Ce stade qui l’a vu s’écrouler après un choc avec Dani Carvajal, rester au sol pendant sept minutes, puis sortir sur civière et sous oxygène, en 2018. Ce stade qui l’a vu couler l’Allemagne en juin 2021 et rappeler qu’en dépit de toutes les épreuves endurées, la dynamite est prête à exploser.
Just the two assists tonight Well played, @LukeShaw23! pic.twitter.com/GVAje0q4PT
— England (@England) July 3, 2021
Trop vite, trop haut ?
En juillet 2014, Shaw devenait le joueur de son âge le plus cher de l’histoire, Manchester United consentant à lâcher près de 40 millions pour s’offrir le gamin de 19 ans à Southampton. Le natif de Kingston upon Thames sort alors d’un exercice magnifique avec les Saints et d’une Coupe du monde jouée à seulement 18 piges, Roy Hodgson l’ayant emmené dans ses bagages pour le Brésil. Le retour sur Terre sera brutal. Le 15 septembre 2015, Héctor Moreno lui brise la jambe droite sur un tacle. Double fracture tibia-péroné, et presque un an d’absence. « J’étais très proche de perdre ma jambe, révéla-t-il en 2018. À l’époque, ils pensaient me faire revenir par avion. Mais si j’étais rentré en avion, j’aurais probablement perdu ma jambe à cause des caillots de sang. »
Blessé à l’aine en octobre 2016 alors qu’il revient tout juste, Shaw subit une lésion des ligaments du pied en avril 2017, histoire d’enfoncer le clou. Au bout de quatre saisons au club, son compteur affiche seulement 66 matchs. L’arrivée de José Mourinho à la place de Louis van Gaal en 2016 n’a rien arrangé. Le Special One n’a eu de cesse de le piquer, questionnant publiquement « son cerveau », ses prises de décision, sa maturité, sa concentration ou encore son implication. La situation était telle que l’Independent écrivait à l’automne 2017 que Manchester United était prêt à le vendre bien moins cher que son prix d’achat. Mais Shaw a réussi à transformer cette impasse en autoroute, sans limitation de vitesse.
Et c’est parti pour Luke Shaw
Un homme a coïncidé avec son renouveau, Ole Gunnar Solskjær. « J’ai eu le sentiment de faire partie de l’équipe avec Ole, alors que ce n’était pas toujours le cas avec José, expliquait-il à SportBible. Ole a montré sa foi et sa confiance en moi. J’ai toujours cru que de bons moments allaient arriver. Je me suis accroché, j’ai traversé beaucoup de choses, mais j’en suis sorti meilleur. » Le latéral a retrouvé un temps de jeu régulier, avant de véritablement s’imposer et de n’être aujourd’hui plus du tout discuté. Son club lui a mis dans les pattes Alex Telles. Et alors ? Aucun débat aux yeux de Solskjær. Shaw était ainsi titulaire contre Villarreal à Gdańsk le 26 mai pour disputer la toute première finale de sa carrière, puisque les blessures et les choix sportifs l’avaient privé des dernières marches de League Cup et de Ligue Europa en 2017, puis de FA Cup en 2018.
Pas photo non plus pour ses coéquipiers, qui l’ont élu joueur de l’année, un titre qui paraissait destiné à Bruno Fernandes. Ni pour l’ensemble de ses pairs, puisqu’ils l’ont placé dans l’équipe type de la saison de la PFA en Premier League. MU devrait le prolonger sous peu selon les échos de la presse britannique, avec une belle revalorisation salariale à la clé. Un retour en grâce qui s’est transposé chez les Three Lions. « Cette saison, il a été fabuleux, soulignait Rio Ferdinand sur le plateau de la BBC après le quart de finale. Il réalise maintenant le potentiel que nous avons tous vu en lui. Parfois, c’est une question de maturité et il ne s’agit pas seulement de capacités footballistiques. La maturité, le fait d’être au bon endroit au bon moment, d’avoir le bon management autour de soi, le bon staff, les bons joueurs : tout s’est mis en place au moment idéal pour lui. »
Rappelé par Gareth Southgate en mars, alors qu’il n’avait plus porté le maillot national depuis septembre 2018, Shaw casse la baraque dans cet Euro avec déjà trois passes décisives. Un centre en une touche de balle pour l’ouverture du score de Raheem Sterling contre l’Allemagne ; un coup franc déposé sur la tête de Harry Maguire face à l’Ukraine ; puis un centre impeccable pour permettre à Harry Kane de s’offrir un doublé. Sans oublier sa récupération décisive dans les pieds de Serge Gnabry et son décalage dans la foulée vers Jack Grealish, qui avait trouvé Kane pour le 2-0 contre la Mannschaft. Le Royaume a beaucoup parlé du « Fab Four » à droite, mais le côté gauche a du répondant. Shaw a beau trimbaler sa petite bedaine, si certains sont encore décidés à le sous-estimer, il faut les prévenir : gare à la migraine.
Analyse, paris à prendre & meilleurs bonus : Retrouvez notre pronostic Angleterre – Danemark sur la deuxième demi-finale de l’Euro ! Le Danemark tient son nouveau sélectionneurPar Quentin Ballue