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Angleterre : la victoire du racisme ?

Par Nicolas Kssis-Martov
Angleterre : la victoire du racisme ?

Dès le coup de sifflet, les Three Lions n’ont même pas eu le temps de pleurer sur leur sort funeste, comme il se doit pour une telle tragédie, que déjà des tombereaux de haine s'abattaient sur certains joueurs. Et pas n’importe lesquels : Marcus Rashford, Jadon Sancho et Bukayo Saka. Pas besoin de chercher dans le coaching de Southgate la véritable raison de ce lynchage en ligne. Car dans une Angleterre au bord de la crise de nerfs nationaliste, les vieux démons racistes savent surfer sur le web.

Ils sont certes les trois boucs émissaires idéaux, auxquels la mauvaise foi, si fréquente chez le supporter de base, peut attribuer la défaite contre l’Italie en finale. On peut même comprendre que la tristesse vire à l’amer ou l’ingratitude, comme l’a vécu chez nous un Kylian Mbappé tombé de son trône si rapidement pour un péno raté. Pourtant, nous sommes face à une tout autre logique. Un mal bien plus profond qui a trouvé ici une occasion malsaine, entre pintes à la chaîne et mauvaise coke après le pub, de s’exprimer librement.

Un mal profond

L’ampleur de la vague raciste se révèle si impressionnante que pour le coup, il était impossible de la minorer. La police londonienne a d’ailleurs annoncé qu’elle avait l’intention « d’enquêter ». Bien sûr la Fédération anglaise de football, en charge de la sélection nationale, a réagi, « consternée » et « dégoûtée » par cette violence raciste à l’abri des écrans et des smartphones, à l’encontre de Marcus Rashford (23 ans), Jadon Sancho (21 ans) et Bukayo Saka (19 ans). « Des membres de notre équipe, qui ont tout donné durant cet été, ont été soumis à des agressions discriminatoires en ligne après le match de ce soir. » Boris Johnson, le très conservateur Premier ministre, a également déploré la situation, qualifiant de « héros » les joueurs en question. « Les responsables de ces abus effroyables devraient avoir honte d’eux-mêmes », conclut-il dans son tweet. Naturellement, les esprits un peu taquins remarqueront que d’une certaine façon, le bonhomme – et sa gestion du Brexit aussi bien que du « patriotisme » britannique – a largement contribué à créer le climat qui enfante ce type de prose nauséabonde. Les feux attisés depuis des années lui reviennent en étincelles qui brûlent le visage de sa respectabilité.

Le variant du racisme 2.0

En outre, dans le cas du football, les symptômes de ce variant du racisme, qui s’épanouit sur les réseaux sociaux, ne datent pas d’hier soir, et inquiètent depuis de nombreux mois le petit monde du ballon rond outre-Manche. La multiplication des attaques et des campagnes en ligne contre les footballeurs noirs ou étrangers avait conduit l’ensemble de la famille du football britannique à décréter un week-end de black out sur leurs comptes officiels, du vendredi 30 avril jusqu’au lundi 3 mai dernier. Le boss de la Premier League, Richard Master, avait alors expliqué que « les comportements racistes sont inacceptables, et les abus consternants dont font l’objet les joueurs sur les réseaux sociaux ne peuvent continuer.(…)Il est urgent que ces entreprises fassent davantage pour éliminer la haine raciale en ligne. » Le Royaume-Uni, depuis son départ de l’Union européenne, connaît une hausse régulière des agressions racistes et xénophobes. Ce nationalisme de plus en plus radical, dopé par le Brexit, trouve des catalyseurs partout où il peut. Les supporters anglais l’ont démontré au fur et à mesure que leur formation franchissait les étapes de la compétition, et la Fédération anglaise vient d’être condamnée à ce propos par l’UEFA. La journée d’hier avec ses débordements pseudo-hooligans ou la vidéo capturant des « fans » frappant à coups de poing et de pied un homme d’origine asiatique dans les couloirs de Wembley, éclairent la fébrilité d’une société sous tension. La France ne possède malheureusement pas le monopole des débats sur l’origine de ses internationaux. Le malaise politique qui les fabrique traverse de nombreux pays occidentaux. Hier, une désillusion sur le terrain aura suffi pour que vomisse sur nos écrans cette ambiance détestable. Comme disait l’autre : « Les cons, ce sont des imbéciles qui prennent leur responsabilité. »

Dans cet article :
Adieux, scandale et trahisons : une trêve sous haute tension
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Par Nicolas Kssis-Martov

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