Angleterre : Foot, pédophilie et parano…
En matière de « lutte contre la pédophilie », l'Angleterre frise très souvent l'immonde pour se prouver à elle-même qu'elle agit pour le bien de la Société. Mieux vaut ne pas se faire « soupçonner » puis pourchasser par les tabloïds toujours prompts à lancer des appels quasi hystériques au lynchage public... Le journal Le Monde d'aujourd'hui révèle qu'une législation nouvelle antipédophilie risque d'accroître encore un peu plus la parano collective et porter à son paroxysme le flicage d'un quart de la population du Royaume Uni...
Chris Stevenson est un paisible retraité, grand-père d’un petit-fils footeux de 9 ans. L’autre jour, Mister Stevenson avait emmené le môme à son club pour y disputer un match. Pendant la rencontre, le papy se met à prendre des photos de son petit-fils… quand un entraîneur l’aborde et lui intime l’ordre d’effacer tous les clichés ou bien alors de demander l’autorisation à tous les autres parents présents autour du terrain. La parano anti-pédophilie vient de s’abattre subitement sur ce pauvre Chris Stevenson. Prendre des photos d’un enfant, vous pensez bien que… Rigolez pas. Depuis l’affaire de Soham en 2002 (deux gamines tuées par un maniaque sexuel à Soham, Cambridgeshire), l’Angleterre a basculé progressivement dans l’hystérie collective antipédophile. Pour preuve, une loi de 2006 qui a créé l’ISA (Independent Safeguarding Authority), une agence gouvernementale chargée de ficher tous les citoyens qui, en gros, sont amenés à fréquenter des enfants dans le cadre de leurs activités professionnelles : enseignants, infirmières, médecins, assistantes maternelles, proviseurs ou encore dentistes.
La législation s’est récemment durcie. A compter du 12 octobre, la loi édicte que « tous ceux qui sont amenés à s’occuper de manière fréquente (au moins une fois par mois) ou intensive (trois fois par mois) d’enfants devront s’inscrire auprès de l’ISA » … L’ISA vérifiera qu’ils n’ont pas d’antécédents pédophiles ou violents. Si c’est le cas, ils devront démissionner. Ne pas s’inscrire auprès de l’ISA coûtera une amende de 5000 livres. Les employeurs risquent une peine de prison s’ils font travailler une de ces personnes que l’ISA a jugée « inapte » . L’ISA, qui a créé sa propre « base de données antipédophiles » , a déjà collecté 5 millions de noms. Le Daily Telegraph, qui mène une vigoureuse campagne contre l’entrée en vigueur de la nouvelle loi, estime que ce fichier pourrait toucher 11,3 millions de personnes, soit un adulte sur quatre dans le Royaume-Uni…
Grosse vague de protestations en Angleterre contre cette nouvelle loi. Protestations qui émanent essentiellement des milieux politiques, tous bords confondus (y compris de certains parlementaires travaillistes, dont leur parti a initié la Loi de 2006), mais aussi d’organismes liés à l’Enfance et l’Education. Du coup, le ministre de l’Education et le Président de l’ISA promettent de revoir un peu leur texte… Parmi les protestations issues de l’opposition, celle du parlementaire tory Chris Gayling : « Nous allons voir les clubs et les centres de loisirs pour enfants se vider et cela finira avec des jeunes qui s’ennuieront dans la rue » . Protestation très intéressante. Parce qu’elle méconnaît la réalité d’une enfance anglaise qui, justement, ne traîne plus trop dans la rue. Et parce qu’elle illustre surtout le pire du pire qui menace cette jeunesse anglaise.
Dans une interview à France Football du 11 juin 2004, l’immense Trevor Brooking (ex-star de West Ham 1968-84 et ex-international anglais), devenu Directeur du développement de la Fédé Anglaise, expliquait l’une des causes du déclin du foot britannique : la disparition du foot de rue. Le foot de rue, ce terrain d’apprentissage hors pair de la fameuse technique individuelle dont les pros britanniques sont aujourd’hui dépourvus : « De mon temps, nous faisions l’apprentissage du football dans des parcs, dans la rue. Mais les problèmes sociaux que nous connaissions aujourd’hui font que les parents acceptent difficilement de laisser leurs enfants livrés à eux-mêmes (…) Il est de plus en plus rare de voir des cinq-contre-cinq improvisés dans nos parcs » . Quand Trevor parle de « problèmes sociaux » , il parle évidemment des agressions pédophiles ou des violences sur enfants qui ont émaillé ou émaillent encore l’actualité britannique.
Résumons-nous : le foot des enfants va devenir LE loisir à hauts risques de la société britannique. Les mômes, qui ne peuvent déjà plus trop jouer dans la rue sous peine d’agressions violentes ou pédophiles, seraient tout aussi bien inspirés de ne pas s’inscrire dans les clubs de foot où rôdent aussi les pires prédateurs, qu’ils soient éducateurs, entraîneurs, arbitres, chauffeurs de bus, parents bénévoles (mêmes les parents accompagnateurs du mercredi ou du dimanche ont obligation légale de s’inscrire à l’ISA ! ! !)… ou proches parents preneurs de photos. Reste plus qu’à s’enfermer dans sa chambre et jouer à la PlayStation. Le futur champion du monde de foot sur jeu vidéo sera anglais.
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