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Angleterre : l’arc-en-ciel leur tombe sur la tête
Ces derniers jours, la campagne Rainbow Laces menée par la Premier League en soutien à la communauté LGBTQ+ a connu son lot de polémiques, plusieurs joueurs affichant leur opposition à l’initiative. Une énième preuve que le chemin est encore long.
L’Hexagone n’a donc pas le monopole des polémiques concernant le soutien du monde du football auprès de la communauté LGBTQIA+. Ces derniers jours, c’est d’Angleterre que sont venues les nouvelles démonstrations que le sujet reste largement tabou pour de nombreux joueurs. La campagne Rainbow Laces menée par la Premier League et qui veut que les clubs manifestent leur soutien selon leur propre initiative, à commencer par des brassards arc-en-ciel pour les capitaines, a ainsi provoqué l’embarras, d’Ipswich à Newcastle, en passant par Manchester.
Encore un triste week-end
Tout a commencé samedi, quand le capitaine de Crystal Palace Marc Guéhi a affublé son brassard arc-en-ciel du message « Jesus loves you » lors du nul contre Newcastle. Un choix d’afficher ses convictions religieuses depuis défendu par son paternel dans les colonnes du Daily Mail de manière très bancale : « Je crois en ce que dit la Bible, Jésus aime tout le monde, et, à mon avis, Marc n’a offensé personne avec ce qu’il a écrit, lâche ce dernier. Si vous regardez ce que fait la communauté LGBT, ils essaient d’imposer aux autres ce en quoi ils croient, c’est une croyance contre une croyance, mais au bout du compte, chacun a le droit d’avoir une opinion. » Dans le même temps, les mêmes raisons poussaient Sam Morsy, son homologue d’Ipswich, à carrément refuser de porter le morceau de tissu en question face à Nottingham Forest, avant d’être soutenu par son club, contre toute attente.
Dimanche, c’était au tour de Noussair Mazraoui de faire parler de lui du côté de Manchester United. Selon The Athletic, les Red Devils avaient prévu de s’échauffer vêtus d’une veste spéciale pour afficher leur soutien à la lutte contre l’homophobie, une habitude pour le club depuis plusieurs années lors du week-end Rainbow Laces. Avant que l’international marocain ne convainque ses coéquipiers d’abandonner collectivement l’idée. Autant de gestes individuels condamnés par leurs clubs respectifs, qui s’efforcent depuis de marteler à quel point ils se veulent « inclusifs » et mènent des campagnes en ce sens, le tout à grand renfort de communiqués. Une nouvelle illustration du malaise qui saisit le monde du ballon rond à chaque fois que se pose la question d’afficher un simple soutien à la communauté LGBTQ+, à l’image de celle de la lutte contre le racisme ou toute autre forme de discrimination.
Une visibilisation indispensable
Ces polémiques à répétition interrogent sur la manière de mener ces actions pourtant indispensables afin de visibiliser un sujet aussi important et de permettre de venir concrètement en aide aux victimes de toutes ces formes de violence. En France, la LFP a fait le choix d’abandonner les flocages arc-en-ciel portés par l’ensemble des joueurs la saison dernière, se contentant d’un simple badge portant l’inscription du mot « homophobie » barré sur les tuniques des clubs de Ligue 1 et de Ligue 2. Un changement perçu comme un recul par de nombreuses associations, surtout un an après que plusieurs joueurs ont publiquement affiché leur refus de jouer dans ce contexte. « En retirant ce flocage, la LFP, quelles que soient ses intentions, donne raison à ceux qui avaient mis en avant des prétextes culturels ou religieux pour refuser de promouvoir le vivre ensemble », écrivait par exemple le PanamPride Football Club, en mai dernier face à cette décision.
A statement from Rainbow Devils following the @AdamCrafton_ article in @TheAthleticFC https://t.co/zSoBBdydEm
— Rainbow Devils (@RainbowDevils) December 4, 2024
En Angleterre, la situation a provoqué d’importants débats, y compris entre joueurs, comme le rapporte encore The Athletic, qui affirme que le vestiaire mancunien était divisé concernant le refus de Mazraoui. « C’est évidemment une grande déception pour les Rainbow Devils, mais aussi pour tous ceux qui ont travaillé dur au sein du club pour organiser cet événement, a depuis réagi le principal groupe de fans LGBTQ+ du club de l’ouest de Manchester. Nous respectons le droit de ce joueur à avoir ses propres opinions, tout en étant déçus qu’il ait mis le reste de l’équipe dans une position où ils avaient l’impression de ne pas pouvoir porter leur veste. Nous nous inquiétons également de l’effet négatif que cet incident pourrait avoir sur les joueurs du club qui pourraient avoir des difficultés avec leur sexualité. » Les polémiques restent bien souvent les mêmes, et c’est l’inclusivité du football qui continue d’en pâtir.
Par Tom Binet