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Anghel Iordanescu : « Nous ferons tout pour ne pas perdre »

Propos recueillis par Arthur Jeanne
6 minutes
Anghel Iordanescu : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Nous ferons tout pour ne pas perdre<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

« Le général » Iordănescu est une légende en Roumanie. Vainqueur de la Coupe d’Europe des clubs champions en 1987, sélectionneur de la grande Roumanie des Hagi et Popescu dans les nineties, Anghel a ensuite entamé une carrière politique. Élu au Sénat, l’homme a quitté son siège pour revenir à la tête de l’équipe nationale 2014. À la veille de l’Euro, entretien avec l’homme le plus important de l’histoire du foot roumain.

Bonjour Anghel. Vous affrontez les Bleus en ouverture de l’Euro. Comment définiriez-vous le style de jeu de votre sélection ? On est avant tout une équipe très bien en place, qui joue selon un plan strict. Chaque joueur sait exactement ce qu’il doit faire sur le terrain et nous faisons tout pour atteindre nos objectifs.

Quelle est la qualité première de votre équipe ? Si l’on regarde notre campagne de qualification, je dois dire la défense.

Nous n’avons toujours pas perdu depuis que je suis sélectionneur. Être imbattable pour le moment me rend heureux.

Nous n’avons pris que 3 buts en éliminatoires. Et nous n’avons toujours pas perdu depuis que je suis sélectionneur. Etre imbattable pour le moment me rend heureux. Comme je te disais, cela signifie que nous sommes une équipe très bien organisée. Ces résultats nous ont rendu plus fort mentalement et nous donnent l’opportunité de grandir. Bien sûr j’aimerais que nous marquions plus, que nous gagnions tous nos matchs, c’est ce que tous les coachs désirent. Cependant parfois, prendre des risques n’a pas de sens. Le plus important c’est d’atteindre un objectif, en utilisant le meilleur moyen pour cela. C’est ce que l’on a fait et on s’est qualifié pour l’Euro 2016.

Après le match contre l’Espagne (0-0 le 27 mars dernier, ndlr), vous avez dit que votre équipe était « solide, et chiante à jouer » . Est-elle aussi chiante à voir ? Je n’ai pas dit que mon équipe était ennuyeuse. J’ai dit que j’étais fier de mes gars parce que sur le terrain, ils ont fait tout ce que je leur avais demandé à la perfection. J’ai aussi dit que l’on savait que l’Espagne aurait la possession du ballon, donc on a essayé de les surprendre en contre-attaque. Je pense que l’on a bien joué, car on a très bien défendu et on s’est aussi procuré quelques belles occasions.

Vous avez prévu de jouer comment contre la France ?
On jouera comme toujours, de la manière dont nous jouons le mieux ! J’aurais préféré ne pas jouer en ouverture du tournoi et encore moins contre la France le pays hôte.

Ne me demande pas exactement comment nous jouerons contre la France, car je suis sûr que Didier Deschamps lira cette interview.

Mais nous n’avons pas peur. Dans notre histoire nous avons remporté beaucoup de matchs, ou nous n’avions aucune chance de l’emporter sur le papier et selon les fans. Pourtant nous avons su créer la surprise. Nous serons bien en place et nous ferons tout pour ne pas perdre. Je pense que c’est un objectif atteignable, mais ne me demande pas exactement comment nous jouerons, car je suis sûr que Didier (Deschamps, ndlr) lira cette interview ! (rires)

Le football français, cela signifie quoi pour vous ?Le football français est simplement l’un des meilleurs en Europe. Je pense que la France a de grandes chances de remporter la compétition. Deschamps est un grand coach et il a à disposition quelques joueurs extraordinaires. La France a toujours eu ce genre de joueurs. C’est très dur pour moi d’en nommer juste quelques-uns, mais Platini, Zidane, Vieira, Cantona, Thierry Henry, Jean Tigana ou Jean-Pierre Papin sont des joueurs de légende connus partout dans le monde.

Quel genre de coach êtes-vous ? Appliquez-vous toujours le même schéma tactique ou êtes-vous plutôt du genre à composer en fonction des joueurs dont vous disposez ? Je suis le genre de coach qui étudie minutieusement l’adversaire et connaît tout de lui. Je cherche toujours à viser les faiblesses de l’adversaire et à en profiter. Il est impossible de toujours conserver le même schéma tactique, le même plan de jeu car à chaque fois tu joues contre un adversaire différent, que tu ne peux pas attaquer ou contrer de la même manière. Bien sûr certains principes sont fixes mais la tactique doit changer.

Quelle est la différence principale entre la sélection que vous avez maintenant, et la génération dorée des Hagi, Popescu et autres Raducioiu ?

Aujourd’hui, en Roumanie, nous n’avons plus de stars comme Hagi ou Popescu, mais nous possédons un grand groupe.

Le football a beaucoup changé depuis cette époque. Bien sûr nous avions une superbe équipe et je ne parle pas juste de Hagi ou Popescu… Aujourd’hui, nous n’avons plus de stars, mais un grand groupe et une très bonne organisation tactique. Les joueurs dont je dispose sont capables de jouer de manière intelligente afin que nous atteignions nos objectifs.

C’est plus facile d’entraîner un groupe de joueurs sans immenses stars comme vous avez maintenant ou la génération de Hagi, avec pas mal de gros egos ? C’est toujours facile d’entraîner quand tu as un bon groupe, et je t’assure que j’ai un grand groupe humainement en ce moment. Tous les joueurs que j’ai et que j’ai eus en équipe nationale sont égaux pour moi. Il n’y a pas de stars, juste des hommes qui jouent pour la Roumanie.

Comment expliquez-vous le déclin du football roumain après l’âge d’or des années 1990 ?Il y a eu une époque où les clubs roumains croyaient qu’il était mieux d’acheter des joueurs que d’en former. Les clubs n’investissaient plus dans la formation et nous avons eu des problèmes car nous n’avions plus de jeunes qui perçaient au plus haut niveau. Les choses ont changé désormais, car les clubs ont eu des problèmes financiers. Ils n’ont plus de moyens pour acheter des joueurs et se mettent à nouveau à la formation.

La victoire de la Roumanie 3-2 contre l’Argentine lors des huitièmes de finale de la Coupe du monde 94 a été décrite en Roumanie comme le plus grand jour dans l’histoire du pays depuis la chute de Ceausescu. Quels sont vos souvenirs de ce jour ? Je me rappelle d’absolument tout du match. Il est considéré comme l’un des matchs les plus spectaculaires de l’histoire de la Coupe du monde. C’était une victoire incroyable pour nous.

La victoire contre l’Argentine en 94, c’était un jour très fort pour la Roumanie, les rues de Bucarest étaient noires de monde et les gens ont fait la fête au coup de sifflet final.

L’Argentine était vue par beaucoup comme le potentiel vainqueur de la compétition. Ils avaient une équipe superbe avec des joueurs comme, Simeone, Redondo, Batistuta, Abel Balbo ou Sensini. Bien sur nous avons eu de la chance, car Maradona a été suspendu juste avant le match et Caniggia ne jouait pas, mais l’Argentine était très forte. C’était en effet un jour très fort pour la Roumanie, les rues de Bucarest étaient noires de monde et les gens ont fait la fête au coup de sifflet final. J’espère qu’ils pourront en faire de même cet été, peut-être même après le match contre la France.


Comment envisagez-vous le futur du football roumain ? Le futur du football Roumain est entre nos mains. Nous devons mettre en place des actions pour que nos enfants et nos petits-fils aient les conditions optimales pour être compétitifs. La Fédération a mis en place quelques projets qui sont déjà fonctionnels et je pense que la Roumanie a la potentiel pour être présente constamment dans les phases finales de l’Euro et de la Coupe du monde.

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Propos recueillis par Arthur Jeanne

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