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Ángel Di María : ¡ Hasta la final, siempre !
S’il s’apprête à vivre sa 145e sélection avec l’Argentine contre la Colombie, Ángel Di María va surtout effectuer ses adieux à l’Albiceleste en finale de Copa América. Un stade de la compétition où il adore briller, et qui constituerait une merveilleuse porte de sortie pour un artiste unique en son genre.
Au coup de sifflet final de l’épilogue de cette Copa América 2024 et d’un alléchant Argentine-Colombie (à 2h dans la nuit de dimanche à lundi), les larmes devraient allégrement couler le long des joues d’Ángel Di María. Peu importe le résultat. Parce qu’il sera de nouveau sacré dans un cas, ou bien parce qu’il aura perdu une nouvelle finale de Copa dans l’autre. Invariablement toutefois, el Fideo laissera, comme souvent, s’exprimer ses émotions, celles de ses adieux à l’Albiceleste, dont il a déjà porté la tunique à 144 reprises et qu’il pourrait quitter sur une 145e rugissante et triomphante. Si Rosario est la ville de Menotti, Messi, Valdano, Bielsa et même du Che, elle est aussi celle de Di María, un numéro 11 que l’Argentine n’oubliera pas. Jamais.
L’autre visage de la Scaloneta
Depuis sa première cape contre le Paraguay, un soir de septembre 2009, Ángel Di María a connu beaucoup de hauts mais aussi de sacrés bas avec l’équipe d’Argentine. Fier soldat de son pays, il a souvent été la cible de lourdes critiques des médias nationaux lors de ses périodes de creux. Des défaites en finale face au Chili en 2015 et 2016, mais pas, à son grand désarroi, de celle du Mondial brésilien en 2014, il a pu constater la longueur du chemin qui mène au succès. Héros des siens en huitièmes contre la Suisse au Brésil, d’un but salvateur à la 118e minute, son corps l’a lâché en quarts contre la Belgique, le privant de la demi-finale, et le forçant à rester sur le banc lors de l’ultime rencontre. Pour autant, à l’image de Lionel Messi, il a su se relever de ces échecs successifs pour devenir l’un des visages de cette Argentine conquérante sous les ordres de Lionel Scaloni et atteindre la postérité.
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— 🇦🇷 Selección Argentina ⭐⭐⭐ (@Argentina) July 10, 2024
Car l’héritage du Fideo sera bien loin de celui d’un loser au délicieux pied gauche. Non, Di María est et restera une légende de la sélection trois fois championne du monde. Ses nombreuses capes, dont 13 comme capitaine, ainsi que ses 31 buts et 32 passes décisives sont là pour en témoigner, mais pas que. Pour s’en rendre compte, il suffit d’écouter ses coéquipiers, au sortir de la demi-finale gagnée face au Canada. À 24 et 26 ans, Julián Álvarez et Lisandro Martínez ont grandi devant les exploits du Fideo avec l’Albiceleste, et les deux Mancuniens n’ont rien oublié de cela. Alors ils veulent lui rendre la monnaie de sa pièce. « Nous avons des leaders comme Leo, Fide et Ota (Otamendi), des exemples pour nous tous. Nous allons donner notre vie pour eux et pour notre pays », s’est ainsi exprimé le défenseur, quand la Araña soulignait, lui, le discours motivateur de son capitaine.
Il se raconte en effet qu’un certain Lionel Messi aurait prononcé un discours assez fort en son hommage avant la demi-finale face au Canada, comme Di María l’a lui-même confié. « Avant de sortir, Leo a fait un discours disant qu’ils voulaient atteindre la finale pour moi, ça m’a rempli de joie. Ce groupe m’a tout donné », a-t-il rejoué. Ému aux larmes, il n’a pas cherché à cacher sa fierté de quitter la sélection la tête haute : « Peu importe ce qui se passe durant la finale, je pense que je peux sortir par la grande porte. J’ai toujours donné ma vie pour ce maillot. » À l’image de ce gamin en pleurs à l’idée de le voir partir, c’est tout un pays qui va regretter son départ, et lui le premier. « Je ne suis pas prêt pour mon dernier match avec la sélection, mais c’est le moment », avouait-il au sortir de la qualification pour la finale. Qu’il se rassure, personne ne l’est, et tout le monde se réjouit de le voir s’offrir une sortie digne de sa carrière internationale. Netflix a d’ailleurs décidé de raconter son histoire sur les écrans, preuve qu’il ne laisse personne indifférent.
L’homme des finales
Face à une équipe contre laquelle il n’a pas spécialement l’habitude de briller (un but en sept matchs contre la Tricolor et sa seule défaite en tant que titulaire en Copa), l’ancien Parisien a l’occasion de montrer qu’il est bien celui sur lequel l’Argentine peut se reposer dans les moments qui comptent. Défait en finale à trois reprises donc, et sur le banc lors du Mondial U20 remporté en 2007, il a aussi et surtout su briller sur les plus grandes scènes du football mondial : en finale des JO en 2008, en finale de la Copa América en 2021 et en finale de la Coupe du monde 2022. Certains tiennent même à ajouter son but lors de la Finalissima à sa légende, on ne leur en voudra pas. Quatre finales, quatre buts, le genre de ratio qui forge un héritage.
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— Wharles. (@Chally_fcb) June 9, 2024
Mais le plus fort dans tout ça, c’est peut-être que chacune de ses réalisations porte la marque de son soyeux pied gauche, si fin au moment de piquer les gardiens. D’Ambruse Vanzekin à Hugo Lloris, en passant par Ederson et Gianluigi Donnarumma, tous vous le diront, en finale, Di María est létal, lui qui a l’étoffe d’un totem d’immunité lorsqu’il trouve le chemin des filets au dernier des rendez-vous. Face au Canada, sa spéciale est passée toute proche de l’équerre de Maxime Crépeau, pour sûr qu’il s’agissait surtout d’une répétition générale avant le récital à Miami. Au Hard Rock Stadium de la plus iconique des villes floridiennes, ce sera peut-être l’occasion pour lui de s’introduire à son futur public. Qui sait, peut-être sera-t-il le prochain à rejoindre la colonie de vacances sud-américaine de l’Inter Miami. En attendant, il lui reste à faire ce qu’il fait de mieux : marquer en finale et faire gagner son pays.
Par Julien Faure