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Ángel Cappa : «Le PSG a emprisonné Pastore»
Avec le jeune Javier Pastore sous ses ordres, l'entraîneur Ángel Cappa s'est trouvé à deux doigts de faire du modeste Huracán un champion d'Argentine. Rencontré à Mexico, où il travaille pour la chaîne TDN, ce militant du « beau jeu » livre un verdict accablant sur l'utilisation de son poulain par le PSG.
Comment jugez-vous la saison de Javier Pastore ?C’est un joueur créatif, à l’excellent toucher de balle, qui est agile, sait prendre des initiatives, et je crois qu’il est très mal utilisé en tant que milieu gauche. Dans cette position, il passe une bonne partie de son temps à réaliser des tâches défensives, à pourchasser le latéral adverse. Heureusement, il parvient à s’échapper de sa cage de temps à autre, et il peut alors nous offrir un peu de son talent. Mais je crois vraiment que s’il joue où il doit jouer, c’est-à-dire dans l’axe, il va se révéler beaucoup plus productif pour le PSG. Il deviendra même l’un des grands du football européen, sans aucun doute.
Vous trouvez donc que Carlo Ancelotti n’a pas su l’utiliser comme il se doit…Peut-être qu’il ne le connaissait pas bien, je l’ignore. Peut-être pensait-il aussi que son rendement serait meilleur dans cette position. Je vous fait simplement part de mon opinion, car je connais très bien Javier, et je sais qu’au poste de milieu gauche, son rendement est vraiment limité. C’est un peu comme avoir Gabriel García Márquez dans une rédaction et de l’affecter à l’horoscope.
Mais, depuis son arrivée au PSG, ne l’avez-vous pas vu progresser ?Non, non, je vois qu’il essaie de participer davantage à l’effort de l’équipe, mais footballistiquement, il ne s’est absolument pas amélioré, car on l’a emprisonné. Pour un joueur libre comme lui, qui invente, c’est difficile. S’il passe son temps à courir derrière le latéral adverse, je ne vois pas trop comment il pourrait progresser.
Pour vous, Javier Pastore serait-il utile à la sélection argentine ?Bien entendu. On a besoin d’un joueur comme lui pour apporter du liant, mais ce n’est que mon opinion.
Vous qui vous intéressez au football français, comment expliquez-vous les difficultés de l’équipe de France depuis 2006 ?Des générations comme celle de Zidane ne peuvent se répéter indéfiniment. Il faut du temps pour se reconstruire. Zidane était quand même l’un des grands joueurs des dernières décennies. Quoi qu’il en soit, je crois que la France a aujourd’hui les joueurs et le potentiel pour se qualifier pour la Coupe du monde.
En tant que militant du « beau jeu » , on vous imagine mal apprécier la sélection d’Aimé Jacquet…Détrompez-vous. Le type d’équipes que j’aime est celles qui suivent une idée parfaitement définie. C’était le cas de la France de Jacquet. On sentait que les joueurs s’étaient vraiment engagés pour défendre une idée, qu’ils étaient convaincus. J’appréciais également la France de Platini. Cette génération n’a pas gagné de Mondial, mais elle a laissé un formidable souvenir dans la tête des gens qui aiment le football.
Propos recueillis par Marcelo Assaf, à Mexico / Traduction : Thomas Goubin