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Anelka, l’histoire inachevée

Par Mathieu Faure
Anelka, l’histoire inachevée

Nicolas Anelka aime le PSG, mais vit à Londres. Nicolas Anelka a été formé dans la capitale, mais a surtout brillé outre-Manche. Nicolas Anelka est un « Titi », un produit de banlieue, mais il est et restera sans doute comme le plus gros raté de l’histoire du PSG. Pourtant, entre Paris et Nico, l’histoire a eu une seconde chance.

Nicolas Anelka est beau, jeune, musclé. Il vient de gagner une Ligue des champions avec le Real Madrid à vingt-deux ans. Là, sur la pelouse du Parc des Princes, en lever de rideau d’un amical contre les Corinthians en juillet 2000, il déambule avec ses lunettes de soleil sur le crâne, un débardeur en laine, le bas de son pantalon remonté le long de sa jambe droite et un sourire XXL. À ses côtés, Laurent Perpère, le président délégué du club, affiche la blancheur de ses dents également. Le boss du PSG vient de réaliser un gros coup en rapatriant Anelka au PSG contre 219 millions de francs. Anelka, formé à la maison avant de rejoindre Arsenal en 1997, revient chez lui. C’est le fer de lance de cette opération comm’ maladroite que l’on appellera « Paris-banlieue » dans laquelle Anelka était censé devenir la locomotive de Luccin, Dalmat, Mendy et Distin. L’histoire a déjà livré son verdict, entre Anelka et le PSG, ce fut un fiasco. Pourtant, l’histoire avait bien commencé. Février 1996, Nicolas Anelka n’a que seize ans, mais débute en professionnel avec le PSG du côté de Monaco. Sept mois plus tard au Parc des Princes, le gamin de Trappes plante son premier but contre Lens et délivre une passe décisive, le tout en dix minutes. Le début d’une belle histoire… qui va tourner au cauchemar en janvier 1997. À quelques encablures du premier set de tennis contre la Juventus Turin en Supercoupe d’Europe, le fax du PSG – décidément maudit en 1997 – crache un missile. « Conformément aux règlements internationaux, nous vous informons que nous allons prendre contact avec votre joueur Nicolas Anelka. » L’entête contient le logo d’Arsenal. Au siège du PSG, on entend les mouches voler… Depuis plusieurs mois, la direction sportive francilienne tracte avec le « clan Anelka » pour lui faire signer son premier contrat professionnel. Anelka, c’est 1,84m de vitesse, puissance et technique à dix-sept ans seulement. À ce moment-là, le joueur est sous contrat aspirant pour encore six mois, c’est-à-dire qu’il peut partir gratuitement dans le club de son choix en fin de saison. La presse met en avant ses deux frères, Claude et Didier, dans les négociations, mais Anelka a surtout envie de franchir la Manche. Au PSG, on lui préfère Dely Valdés et Loko, tandis que Pouget vient de débarquer durant la trêve hivernale.

Convoqué avec les U17, il ne se pointe pas

Dans ce transfert, très compliqué, les agents, Jean-François Larios et Marc Roger, ne vont pas simplifier les choses non plus. Eux qui ont toujours en travers de la gorge la manière dont le PSG les a écartés des transferts de Leonardo et Oumar Dieng. Le jour de Juventus-PSG, Le Parisien sort la bombe : Anelka va filer en Angleterre. Vexé, le PSG tente la fermeté. Anelka est convoqué avec les U17 en fin de semaine pour un match de Gambardella. Il ne se pointera jamais. Au pied du mur, le PSG se retrouve obligé de négocier avec Arsenal sous peine de ne récupérer aucune indemnité de transfert. Moralité, Anelka signe avec les Gunners contre 850 000 euros. Avant de filer à Londres, le joueur fait un détour par l’Espagne. Une broutille, juste un pré-contrat signé avec l’Atlético de Madrid à l’automne 1996 dont il devait se libérer… À ce moment-là, on imagine mal Anelka revenir dans la capitale. Mais le football, c’est comme une histoire d’amour : on parle beaucoup, on agit moins.

« Anelka, si on a l’argent pour le faire revenir, vas-y à fond »

Trois ans et demi plus tard, Anelka est devenu international français, il vient de gagner l’Euro 2000 et la C1 avec le Real Madrid après s’être offert un titre de champion et une Coupe d’Angleterre avec Arsenal en 1998. En Espagne, Anelka n’est pas épargné par la presse et/ou ses coéquipiers. Alors, au PSG, on prend la température. Durant l’été, le patron de Canal+, Pierre Lescure, balance discrètement à Laurent Perpère, en charge du PSG, une dinguerie : « Anelka, si on a l’argent pour le faire revenir, vas-y à fond. » Dans la foulée, Perpère rencontre le joueur dans sa villa espagnole. Le courant passe bien. Philippe Bergeroo, alors sur le banc du PSG, est mis dans la confidence. Forcément, il est emballé. Mi-juillet, un contrat de six ans est signé, et le PSG lâche 219 millions de francs au Real Madrid pour rapatrier Anelka. Soit 44 fois la somme versée par Arsenal en 1997… Et voilà Nico de retour chez lui. L’équipe a de la gueule : Okocha, Luccin, Dalmat, Laurent Robert. Le PSG vient de balancer 500 millions de francs sur le mercato et vise le titre ainsi qu’un quart de finale de Ligue des champions. Mais le PSG va vite sortir de la route malgré quelques moments de folie, comme face à Rosenborg (7-2). En novembre, Anelka – qui avait la particularité d’avoir un site internet personnel – suggère dans un édito d’aligner Fabrice Abriel, joueur parisien et membre de son crew. En Suède, en marge du match contre Helsingborgs, Bergeroo réagit en conférence de presse : « Si je commence à prendre les cousins et les amis, on va finir à 25… » Le fossé grandit entre les joueurs, et notamment entre Anelka et Bergeroo. Le 2 décembre, Bergeroo sombre à Sedan : 1-5. Il est lourdé, Luis Fernandez arrive. De quoi faire enfin décoller Nicolas Anelka au PSG ? Non. Mais suffisant pour faire les beaux jours des Guignols de l’info.

« Ton jeu, c’est de la merde ! »

Fin mai, le joueur se confie dans L’Équipe. Lorsqu’un journaliste lui demande son sentiment sur le retour de Luis, l’homme qui l’a lancé en professionnel, sa réponse est limpide : « Je ne sais pas… je ne sais pas. Nous n’avions aucun problème avec Bergeroo, on ne sait pas pourquoi ils l’ont viré du jour au lendemain. Quand Luis est arrivé, le doute était déjà installé. Et après, c’est allé en empirant… Nos entraînements manquent de jus. Il n’y a pas de plan de jeu, aucun décalage, rien… » Les arrivées de Ronaldinho et d’Arteta n’y changeront rien, ce PSG – outillé comme jamais – n’y arrivera pas. Anelka non plus. Sa première saison est délicate (46 matchs, 15 buts, 3 passes). Sa seconde ne durera que six mois, surtout que le public du Parc se met à le siffler et à l’alpaguer dans la rue, tout ce qu’il déteste. Et puis la goutte d’eau arrive. Octobre 2001, le PSG va affronter Lyon au Parc des Princes. Lors d’un entraînement à huis clos, le joueur et Luis Fernandez s’écharpent. Anelka regardera le match depuis les tribunes avant de manquer des déplacements à Rennes et Glasgow. Rapidement, l’ancien joueur d’Arsenal est présenté comme le bouc émissaire d’un club qui n’avance plus. Début décembre, Anelka file dans le bureau de Luis et lui lance un légendaire « ton jeu, c’est de la merde ! » Un entretien au couteau est prêt à sortir dans les colonnes de L’Équipe, où Luis Fernandez en prend notamment pour son grade. Au dernier moment, le joueur demande à ne pas le sortir. Pour ne pas se griller. Car oui, dix-huit mois après son arrivée pour 219 millions de francs, Anelka veut partir. En Angleterre, Gérard Houllier accueille le joueur à Liverpool pour six mois en janvier 2002. Anelka au PSG, finalement, c’est 19 buts en 69 matchs étalés sur quatre bouts de saison. Été 2002, de retour de prêt, le joueur signe finalement à Manchester City contre vingt millions d’euros et Alioune Touré. L’histoire du plus gros gâchis entre le PSG et le joueur le plus talentueux qu’il a jamais formé.

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