- Les restes du monde – Chinese Super League
Anelka et le bordel de Shanghai
Alors que d’anciens joueurs et dirigeants du football chinois sont actuellement jugés pour leur implication dans diverses affaires de corruption, Nicolas Anelka a pris les commandes du volet sportif de son club, Shanghai Shenhua. En désaccord avec Jean Tigana, il aurait obtenu son départ et l’arrivée à sa place de celle de son staff d’amis et anciens coéquipiers.
Chambré par les médias français à l’annonce de sa nomination en tant qu’entraîneur-joueur à Shanghai Shenhua, Nicolas Anelka avait répliqué mi-avril, déclarant dans les colonnes du JDD : « Depuis quand les Français s’intéressent-ils au championnat chinois ? C’est marrant de voir à quel point ma vie les passionne. Ils me surprendront toujours. Même en Chine ils n’arrivent pas à m’oublier. » Il faut reconnaître que si l’ancien joueur de Chelsea souhaitait palper discrètement ses 230 000 euros hebdomadaires sans faire de vagues, c’est raté. Le correspondant local du Figaro rapporte ainsi qu’Anelka serait directement responsable de l’éviction de son entraîneur, Jean Tigana, débarqué 4 mois plus tôt. Voici ce qui est rapporté : le 13 avril, alors que l’équipe s’apprêtait à disputer un match à domicile contre Tianjin Teda, l’ancien technicien des Girondins de Bordeaux monte dans le bus du club, dans lequel ses joueurs sont déjà installés. Ces derniers en descendent et annoncent qu’ils ne se rendront pas au stade avec lui. Une mutinerie qui aurait été orchestrée par Anelka himself. Déjà, la veille de ce Knysna inversé, un communiqué publié sur le site officiel du club annonçait que le staff de Jeannot, composé de l’adjoint Baptiste Gentili, du préparateur physique Roger Propos et de l’entraîneur des gardiens Marc Levy, était écarté. Raisons invoquées : des résultats pas à la hauteur et des problèmes sur la qualité des entraînements « relevés à la fois par les joueurs locaux et étrangers » .
Après quelques jours de flottement, la sanction tombe aussi pour Tigana, qui se fait officiellement lourder. Le club a donc décidé de prendre fait et cause pour les mutins, qui ne sont désormais plus seulement dirigés par Anelka mais aussi par un nouveau staff, composé de potes et d’anciens coéquipiers de la star. On retrouve ainsi au poste d’entraîneur des gardiens l’ex-international anglais Ian Walker, qu’Anelka a côtoyé à Bolton. Comme préparateur physique, c’est Younouss el-Bouhssaini qui a été désigné, soit le témoin de mariage du joueur, les deux s’étant connus au PSG. Alioune Touré, un ancien Parisien est aussi de la partie. Enfin le poste d’entraîneur principal est occupé par Jean-Florent Ikwange Ibenge, une connaissance qui était à la tête de l’équipe première de l’OS Fives, un club de quartier de Lille qui évolue en PHR, soit l’avant-dernier niveau régional.
Michael Owen en renfort ?
Cette fine équipe a pour mission de faire remonter Shanghai Shenhua au classement de la Chinese Super League, dominée après huit journées par les deux clubs de Guangzhou (Evergrande et R&F) et Jiangsu Shuntian. La formation d’Anelka ne pointe qu’en dixième position, avec déjà un retard conséquent de 10 points sur la tête du classement. Alors que le nom de Drogba était annoncé avec insistance depuis début 2012 pour rejoindre son ancien coéquipier de Chelsea, il se murmure que la nouvelle star à débarquer à Shanghai dans les semaines à venir pourrait être Michael Owen. Le Ballon d’Or 2001 est en fin de contrat avec Manchester United.
Par ailleurs, le championnat chinois a été perturbé ces derniers jours par le début de deux procès pour corruption, impliquant notamment Xie Yalong et Nan Yong, d’anciens présidents de la fédé. Quatre ex-internationaux sont aussi accusés d’avoir accepté des pots-de-vin pour perdre un match et laisser un adversaire éviter la relégation. Au total, ce sont des dizaines de responsables, d’arbitres, d’entraîneurs et de joueurs qui sont soupçonnés d’avoir triché. Ce nouvel épisode vient une nouvelle fois ternir le football chinois. Le bon côté des choses, c’est de constater que les instances semblent enfin prendre à bras le corps ces affaires qui minent leur football et décrédibilisent tout projet de développement à long terme.
Par Régis Delanoë